Auteur : Megan Abbott
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Jean Esch
Éditions du Masque
(24 Août 2016)
ISBN : 9782702446447
Quatrième de couverture
Elle a les épaules élancées, les hanches étroites et des
yeux sombres qui transpirent une détermination presque glaçante. À quinze ans,
Devon est le jeune espoir du club de gymnastique. La mère de Devon, qui se
dévoue corps et âme à la réussite de sa fille, même si cela demande des
sacrifices. Lorsqu’un incident tragique au sein de leur communauté réveille les
pires rumeurs et jalousies, Katie flaire le danger s’approcher de sa fille et
sort les griffes. Rien ni personne ne doit déconcentrer sa fille ou entraver la route toute
tracée pour elle.
Mon avis
Le sport pour une unique horizon…..
C’est dans le milieu très fermé des gymnases de haut niveau
que se déroule ce très bon roman. Devon est ce qu’on appelle une étoile
montante, un grand espoir du club de sport où elle évolue. Rien n’est jamais
assez beau, assez solide, assez « professionnel » pour elle. Elle porte les
espoirs de ses parents, des dirigeants mais également tous ceux des jeunes sportives
qui s’entraînent avec elle, qui s’identifient. « Si elle y arrive, pourquoi pas
nous ? » Les pères et mères des autres enfants l’admirent et / ou la jalousent
suivant les situations…. Les relations amicales ne sont parfois qu’une façade
et derrière son dos, les commentaires vont bon train….
Elle, consciente de ce qu’elle porte sur ses épaules, fait
le maximum, malgré les doutes, la peur de mal faire quelques fois, même si elle dit : « J’ai appris à faire de
la peur mon esclave. », les blessures, le temps qui file et qui ne tourne
qu’autour d’entraînements, de compétitions…. Elle évolue dans un univers clos,
dans une « bulle » où seule la gym la « nourrit ». Quand elle se bat pour une médaille, rien ne
l’atteint, son visage est fermé et tout son corps est tendu pour donner le
maximum, être la meilleure.
Ses parents ne vivent que pour sa carrière, sa réussite, ses
succès, quitte à emprunter, à « négliger » le petit frère, à s’investir trop et
parfois mal, en mettant leur couple sur la corde raide… On ressent qu’à
certains moments (de prise de conscience ?) leurs idées, leurs ressentis,
divergent et que c’est difficile de maintenir un équilibre…. Tout cela est
finalement si fragile….
Ce roman pose des questions : jusqu’où peut-on aller
lorsqu’on veut tout pour son enfant ? Et le jeune, quels sacrifices lui
demande-t-on ? Quelles concessions pour les autres membres de la famille ?
Lorsque les soirées, les week-ends n’ont pour d’autre horizon que le
praticable, est ce que ce n’est pas « éloigner » le sportif d’un environnement
lié à son âge et qu’il devrait connaître ? Est-ce qu’ainsi, pour lui, la
réalité n’est pas « déformée » ? Est-ce que les adultes se « réalisent »
lorsqu’ils « coachent » un futur athlète et l’aident à être le meilleur ?
Est-ce qu’ils pensent au bien-être du jeune ou uniquement à la « gagne » et au
retentissement positif que cela aura sur eux
qui en ont fait des vainqueurs?
Forme-t-on des gagnants à la demande ou faut-il avoir un minimum de dons
pour réussir ?
L’écriture de l’auteur est fluide, les événements
s’enchaînent et il n’y a pas de temps mort. Une large place est laissée à la
réflexion et à l’évolution des personnages. J’ai beaucoup apprécié l’attitude
de la mère, notamment lorsqu’elle parle (page 204) du sentiment sous-jacent qui
l’habite en permanence mais qu’elle choisit, le plus souvent, d’ignorer….
D’autre part, j’ai eu l’impression que Megan Abbott s’était bien renseignée sur
ce qu’elle décrit. Lorsqu’elle parler de
l’emploi du temps des futures championnes, c’est très réaliste… Les
protagonistes ne sont pas fades, ils ont de la consistance, du caractère, même
le petit frère est intéressant à observer dans son approche de ce qui se passe.
Ce récit m’a semblé parfaitement équilibré dans son contenu.
Les cinq parties, de longueur inégale, ont chacune une place dans l’ensemble du
texte et tout s’emboîte à merveille. J’ai beaucoup pensé à Nadia Comaneci,
médaillée olympique…mais à quel prix pour son corps ?
J’ai pris beaucoup de plaisir pour cette lecture que je
recommande car le contexte change de ce qu’on lit habituellement pour ce style
de manuscrit et c’est très réussi.
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