Idaho (Idaho)
Auteur : Emily Ruskovich
Traduit de l’américain par Simon Baril
Éditions : Gallmeister
(3 Mai 2018)
ISBN 978-2-35178-129-6
368 pages
Quatrième de couverture
Idaho, 1995. Par une chaude journée d’août, une famille se
rend dans une clairière de montagne pour ramasser du bois. Tandis que Wade, le
père, se charge d’empiler les bûches, Jenny, la mère, élague les branches qui
dépassent. Leurs deux filles se chamaillent et chantonnent pour passer le
temps. C’est alors que se produit un drame inimaginable, qui détruit la famille
à tout jamais. Neuf années plus tard, Wade a refait sa vie avec Ann. Mais alors
que la mémoire de son mari s’estompe, Ann devient obsédée par le passé de Wade.
Mon avis
« Il y avait une
certaine intensité inhérente à toute chose jusqu’à ce qu’un jour, il n’y en ait
plus. »
C’est le premier roman d’Emily Ruskovich et il est éblouissant.
Lourd de sens, complet et complexe, il emporte le lecteur sur les chemins de la
mémoire, du passé, de ce qui construit et détruit les hommes et les femmes.
1995, Wade et Jenny sont en forêt avec leurs deux filles,
ils taillent du bois et empilent des branches dans leur pick-up. Il fait chaud,
il y a des moustiques, la chaleur pèse sur les organismes. Soudain, un drame et
la famille est éclatée à jamais. Neuf ans plus tard, le père est remarié avec
Ann. Il perd la mémoire, et son comportement devient instable, déroutant, voire
même dangereux pour sa nouvelle épouse. Elle essaie de remonter le fil, de
comprendre les événements qui se sont déroulés le jour où tout a basculé mais
elle se heurte à la part d’oubli qui a envahi l’esprit de son mari.
« C’est la texture de ses souvenirs, non pas l’émotion, qui a disparu. »
« C’est la texture de ses souvenirs, non pas l’émotion, qui a disparu. »
Les chapitres, datés (et très étalés dans le temps de 1973 à
2025), car rien n’est linéaire, se succèdent, apportant leur lot de silences,
de non-dits, de révélations, d’indices, glissés ça ou là…. On découvre comment
Ann essaie de remonter le fil, ce qu’est devenue Jenny. C’est un récit très descriptif,
je dirai même « analytique » dans le sens où chaque situation est
décortiquée tant dans le contexte, le décor, que dans les émotions des uns ou
des autres.
L’auteur a une écriture lumineuse, qui rayonne au-delà des mots. Elle est fouillée, travaillée, précise, pointue…. Ce qui est impressionnant (encore plus quand on sait qu’il s’agit d’un premier livre), c’est la maturité du style, du phrasé. Les paysages de l’Idaho sont évoqués avec minutie, on perçoit l’atmosphère, on entend les oiseaux ou le bruissement d’un ruisseau ou d’un animal….. On y est vraiment et, en outre, les troubles, les ressentis de chacun sont présentés avec finesse …. J’ai également été stupéfaite par l’évocation du drame, en quelques mots, sans en rajouter. Pourtant, c’est l’élément déclencheur pour les recherches d’Ann mais celui qui lit n’a pas besoin d’en savoir plus. L’absence de détails donne encore plus de poids à ce qui s’est passé.
L’auteur a une écriture lumineuse, qui rayonne au-delà des mots. Elle est fouillée, travaillée, précise, pointue…. Ce qui est impressionnant (encore plus quand on sait qu’il s’agit d’un premier livre), c’est la maturité du style, du phrasé. Les paysages de l’Idaho sont évoqués avec minutie, on perçoit l’atmosphère, on entend les oiseaux ou le bruissement d’un ruisseau ou d’un animal….. On y est vraiment et, en outre, les troubles, les ressentis de chacun sont présentés avec finesse …. J’ai également été stupéfaite par l’évocation du drame, en quelques mots, sans en rajouter. Pourtant, c’est l’élément déclencheur pour les recherches d’Ann mais celui qui lit n’a pas besoin d’en savoir plus. L’absence de détails donne encore plus de poids à ce qui s’est passé.
Ce recueil aborde de nombreux thèmes : l’amour, la vieillesse,
la perte de la mémoire, le deuil, la famille, la résilience, la nature, l’espoir
et bien d’autres. Ce qui est très bien fait, c’est que tous ces sujets s’imbriquent,
sont presque toujours présents en filigrane dans chaque chapitre …
Ce n’est pas un texte facile à lire, non pas parce qu’on
passe d’une époque à l’autre puisqu’on se repère très facilement mais parce qu’il
y a comme une espèce de lenteur, de nostalgie singulière et d’évanescence qui
imprègnent les lignes, l’atmosphère toute entière, obligeant le lecteur à se
poser pour à son tour s’imprégner de chaque mot choisi avec soin permettant
ainsi que le murmure de la vie reste présent malgré tout …..
Sublime et délicat, ce premier roman rempli de poésie et d’une
éclatante beauté est parfaitement réussi.
NB : Bravo à
Simon Baril pour son remarquable travail de traduction
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire