La lettre froissée
Auteur : Alice Quinn
Éditions : City Edition (17 janvier 2018)
ISBN : 978-2824611211
444 pages
Quatrième de couverture
Cannes, printemps 1884Plus rien ne semble devoir sourire à
Miss Gabriella Fletcher : l'aristocrate britannique, déjà déclassée en raison
de sa ruine et de ses préférences amoureuses, vient de perdre son emploi en
même temps que son amante, et son avenir s'annonce bien sombre. C'est alors
qu'elle tombe sur une petite annonce qui pourrait bien devenir sa planche de
salut. La voilà gouvernante de Filomena Giglio, dite « Lola » : sa villa « Les
Pavots » est dans un état déplorable et ses murs sont pour le moins dissolues,
mais cette patronne hors du commun n'est pas pour déplaire à Miss Fletcher,
loin de là.
Mon avis
Alice Quinn a plusieurs cordes à son arc, ou plutôt
plusieurs encres dans lesquels tremper son stylo. De ce fait, elle est capable
de surprendre, d’aller explorer d’autres genres que celui, plus léger, qui l’a
lancé dans le statut de romancière.
Lorsqu’un auteur, car Alice n’est plus un écrivaillon, se lance dans un
nouveau style, il se met à nu, car il prend des risques. Le défi est relevé
avec brio !
Après la légèreté, au franc parler, de la série Rosie
Maldonne, puis le roman noir, à l’approche psychologique, avec Fanny N., cette fois-ci, c’est l’enquête
policière historique qui nous est présentée. Cette nouvelle intrigue se situe à
Cannes, dans les années 1880 où personnages fictifs et réels (dont un
Maupassant plus vrai que nature) se croisent.
Lola est une jeune femme qui monnaie ses charmes, mais pas à
n’importe qui, ni n’importe quand, pour s’en sortir. Miss Fletcher est une
jeune femme qui , suite à des déboires et un revers, va se retrouver à
travailler pour Lola. La frivolité cannoise associée à la rigueur anglaise. Un
savoureux mélange qui donne au lecteur différentes approches de la vie à
l’époque ainsi que la présentation de
caractères totalement différents. Lola a été contactée par une amie, une femme
de chambre d’un grand hôtel. Puis, prise par ses occupations, elle n’a pas
répondu tout de suite à son appel. La bonne est retrouvée morte, tout laisse à
penser qu’elle s’est suicidée. Vrai ou faux ? Lola s’en veut de ne pas avoir
été là lorsque sa camarade a demandé de l’aide. Devant l’inertie de la police,
qui aurait tendance à classer l’affaire, elle va se lancer dans une enquête
pour élucider ce décès qui la bouleverse. Parallèlement, il lui faut trouver de
l’argent pour rester dans la belle villa qu’elle occupe grâce à un de ses
galants.
C’est une histoire bien construite, on sent les recherches
faites par l’auteur pour donner du crédit à son propos. Que ce soi(en)t les
lieux, les protagonistes, la vie quotidienne, les vêtements, les mœurs, tout a
été réfléchi, travaillé avec soin pour rendre crédible ce qui est évoqué. Ce
qui est très bien, c’est que cela ne se sent pas. On n’a pas l’impression que
les informations historiques sont « plaquées » au milieu du reste. Elles sont
parfaitement intégrées, apportant un aspect essentiel aux événements qui se
succèdent.
Ce roman m’a enchantée, et pourtant je ne suis pas forcément
une adepte des textes historiques. Je
l’ai trouvé intéressant, d’une part parce qu’il m’a fait découvrir la vie à Cannes dans les années mentionnées,
mais également par la façon dont il est raconté. C’est Miss Fletcher qui écrit
mais comme elle rapporte également ce que lui retranscrit Lola lorsqu’elles ne
sont pas ensemble, on dirait qu’elles s’expriment à tour de rôle. L’écriture est fluide, parfaitement adaptée
au phrasé d’une anglaise issue de la « haute ». Il n’y a pas de longueurs et le
rythme s’accélère, juste ce qu’il faut, sur la fin. Un excellent ensemble, bien
équilibré.
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