Désert solitaire (Desert solitaire)
Auteur : Edward Abbey
Traduit de l’américain par Jacques Mailhos
Éditions : Gallmeister (7 Octobre 2010)
ISBN : 9780008283322
350 pages
Quatrième de couverture
À la fin des années 1950, Edward Abbey travaille deux
saisons comme ranger dans le parc national des Arches, en plein cœur du désert
de l'Utah. Lorsqu'il y retourne, une dizaine d'années plus tard, il constate
avec effroi que le progrès est aussi passé par là. Cette aventure forme la base
d'un récit envoûtant, véritable chant d'amour à la sauvagerie du monde, mais
aussi formidable coup de colère du légendaire auteur.
Mon avis
Merci aux éditions Gallmeister et à PartageLecture pour ce
livre.
Désert solitaire, dont le sous-titre est « A Season in
the Wilderness » que l’on peut traduire par une « saison dans une
région sauvage » est une lecture exigeante, dense, un peu « hors-normes »,
mais très intéressante. Comme l’auteur l’explique dans l’avant-propos, il a
travaillé comme ranger dans un parc national et dix ans après il a constaté les
ravages des progrès sur la nature.
Son récit, son élégie, nous conte la vie qui part à vau l’eau,
lorsque l’homme oublie de prendre les plus élémentaires précautions pour
préserver son environnement. Comme ce texte n’a rien d’un roman, il n’y a pas
vraiment de personnages, encore moins d’intrigue. On pourrait presque penser qu’il
va manquer de rythme mais il n’en est rien. La cadence est donnée par le lieu
lui-même avec ses besoins, et ceux de celui qui vit sur place. Ce qu’on
découvre dans ce recueil a déjà été abîmé, esquinté, détruit parfois mais
Edward Abbey le rend vivant, vibrant sous nos yeux.
Comme dans un poème, une allégorie, il parle de cette
communion qu’on ressent lorsqu’ on est en harmonie avec les éléments. Il
explique la relation au temps qui est différente, la solitude qui n’en est pas
une car il y a des tas de choses à faire : observer, écouter, contempler, cuisiner,
aller chercher l’eau, vivre tout simplement….
« Si nous pouvions apprendre à aimer l’espace aussi
profondément que nous sommes aujourd’hui obsédés par le temps, nous
découvririons peut-être un nouveau sens à l’expression vivre comme des hommes. »
Loin de tout, regarder un animal, scruter le ciel, etc … tout
prend une autre dimension, celle « d’être ici et maintenant ».
Edward Abbey souffre de voir les touristes qui envahissent son
espace. Eux dont les moindres souhaits sont vite assouvis, ne luttent pas pour
visiter, la voiture les emporte… Une marche ou un circuit en bicyclette, et l’approche
serait différente … mais le temps presse toujours et encore ….
J’ai eu besoin de temps pour cette lecture, j’ai lu d’autres
titres en parallèle. Je ne pouvais pas dévorer, c’est comme si l’auteur m’avait
pris par la main et me disait : va doucement, assieds-toi, écoute-moi, m’obligeant
à mettre tous mes sens en alerte pour me laisser pénétrer par ce désert, par
ces paysages grandioses. Son écriture est fine, porteuse de sens, chaque mot
étant à sa juste place. Le ton n’est pas moralisateur malgré le constat amer et
la colère sous-jacente.
Je comprends le succès de cet opus et j’aurais presque
souhaité qu’il soit accompagné de photographies avant/ après.
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