Victime 55 (55)
Auteur : James Delargy
Traduit de l’anglais (Irlande) par Maxime Shelledy et Souad
Degachi
Éditions : HarperCollins (8 janvier 2020)
ISBN : 979-1033903109
450 pages
Quatrième de couverture
Une petite ville perdue en Australie. Un jour de canicule
débarque, au poste de police, un homme, couvert de sang. Gabriel déclare avoir
été séquestré dans une cabane par un serial killer. Quand la chasse à l’homme
commence, ce même jour de canicule, débarque un deuxième homme. Heath est
couvert de sang. Heath déclare avoir été séquestré dans une cabane par un
serial killer, un certain Gabriel.
Mon avis
Bluffant
Victime 55 est le premier roman de James Delargy, irlandais
d’origine, qui a vécu en Australie, en Afrique du Sud et en Ecosse. Ce baroudeur
réside aujourd’hui en Angleterre. Il a situé l’intrigue de ce recueil dans une petite
ville perdue d’Australie. Le lieu est important. Loin de tout, avec des
paysages secs et chauds, parfois touffus, immenses dans lesquels il est facile
de se perdre. L’action se déroule en Novembre 2012 et quelques passages sont
issus de 2002, dix ans auparavant. A
cette époque, deux amis recherchaient un jeune homme qui s’était égaré. Du temps
a passé et les voilà séparés maintenant, chacun ayant suivi un chemin
différent. L’un, le sergent Chandler Jenkins, est resté sur place, à Wilbrook,
il a deux enfants qu’il élève de son mieux avec l’aide de ses parents, car sa
femme est partie. Elle avait envie de ville, de plus grands espaces. L’autre,
Mitchell Andrews, dit Mitch, est monté en grade, il est maintenant inspecteur
et travaille plus loin dans une grosse bourgade, à une centaine de kilomètres, pour
la police d’état. Ces deux-là ne sont plus en contact, leur complicité a été brisée.
Chandler veille sur la petite cité, à la manière d’un shérif,
peu de mouvements, quelques plaintes mais cela lui convient. Un jour, Gabriel, un
homme blessé, débarque au poste de police. Il est apeuré et déclare avoir été
séquestré par un tueur en série, qui lui aurait annoncé qu’il allait être sa prochaine
victime, la cinquante cinquième. Un peu plus tard, dans la même journée, un
autre homme, Heath, dans le même état, se présente à son tour et raconte la
même chose. Sont-ils de mèche ? Qui ment et pourquoi ? Quel est le
but caché de ces incursions dans ce coin paumé ? Chandler ne peut gérer
seul une telle situation et ses supérieurs sont prévenus. C’est Mitch, son ancien
camarade qui arrive avec son équipe. Si ces deux là ont été copains, c’était il
y a longtemps. On sent tout de suite que ce n’est plus le cas et cela ne va en
rien simplifier les relations de travail. Mitch se comporte en chef, (ce qu’il
est), sans aucune empathie, donnant des ordres, surveillant Chandler et le
prenant pour son larbin. Il le rabaisse même un peu…. Cela instaure une atmosphère
délétère entre les deux hommes et leur équipe et ça n’aide pas l’enquête. Un
vieil antagonisme qui leur pourrit la vie mais aussi celle de tous ceux qui les
côtoient.
J’ai trouvé cette lecture très intéressante et addictive. L’écriture
de l’auteur est prenante (bravo aux traducteurs). La trame de départ (deux
hommes, le même récit, chacun accusant l’autre, chacun ayant peur pour sa vie…)
est originale. En outre, le décor apporte un intérêt supplémentaire. On
pourrait penser qu’une histoire en vase clos ne va pas captiver le lecteur. Et
bien, c’est tout le contraire ! L’intérêt ne faiblit pas et va même grandissant
et il y a du rythme. On suit les raisonnements des uns et des autres, on sent
que des indices nous échappent, on voudrait comprendre, avancer…. J’ai été
bluffée par le comportement de Gabriel et de Heath. J’ai mis beaucoup d’énergie
à essayer de comprendre si l’un ou l’autre racontait des bobards ou si les deux
me manipulaient. Je trouve que l’auteur a été très fort sur ce coup-là. Par l’intermédiaire
de son intrigue, James Delargy aborde d’autres thèmes comme la vie dans les
coins isolés, le poids du passé, de la religion…
C’est un auteur à ne pas perdre de vue si ces prochains opus
sont de la même qualité !
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