Amoros
Auteur : Marc Gautron
Éditions : Kyklos (13 Septembre 2019)
ISBN : 978-2-918406-42-6
350 pages
Quatrième de couverture
Ils étaient arrivés sur la terrasse. A l'intérieur, les
derniers clients du restaurant s'attardaient auprès du piano où l'un d'eux
massacrait la Marche Turque. Antoine distinguait mal le visage de Kampaner, à
la lueur de l'enseigne clignotante. « Vous allez au devant d'un combat, cher
Monsieur. Je vois distinctement une forme sinueuse qui tourne autour de vous et
cherche à vous enserrer. Quoi que vous fassiez, vous n'y échapperez pas. Vous
serez mis à l'épreuve. Mais vous recevrez de l'aide. Il ne s'agit pas seulement
de vaincre, mais aussi de sauver... » « Sauver... Qui ? »
Mon avis
Antoine est un homme un peu transparent, que ce soit au
bureau ou ailleurs, il ne fait pas parler de lui, n’a pas beaucoup d’ambition
et il subit sa vie plutôt que d’en tracer le chemin. Ça ne le dérange pas d’être
ainsi, il ne recherche pas autre chose. Voici l’heure de la retraite, une
petite fête organisée par les collègues... A vrai dire, il s’en serait volontiers
passé…il n’avait rien demandé, lui. Mais une fois encore, il subit, il se sent « extérieur »
à ce moment, comme s’il n’était pas concerné. Et puis quelle idée a eu sa chef
de lui offrir un ciré de marin, jaune, bien voyant ? De plus, un concours
de circonstances ou le hasard, appelez ça comme vous voulez, fait qu’il se
retrouve avec une mission. Laquelle ? Se rendre en Bretagne, séjourner
quelque temps dans la maison de sa supérieure et mettre des fleurs, au cimetière,
sur les tombes familiales, pour la Toussaint, à sa place. Antoine, il ne sait
pas dire non, ce n’est pas dans sa nature alors il se laisse faire, prêt, pour
une fois, à mettre un peu de fantaisie dans sa vie.
Antoine, c’est un homme hyper sensible, trop diraient
certains. Il souffre de maux de tête, de visions. Pourquoi ? Parce qu’il « communie »
avec ses émotions, avec les éléments, il les absorbe, s’en nourrit et il oublie
de vivre pour lui-même.
« Le plus souvent dans les rapports humains, ce n’est
pas l’autre en lui-même qui nous importe, mais l’image de nous qu’il reflète. »
Il part en Bretagne, s’installe dans la petite demeure dont
il a les clés. Il pense rester un peu, un petit tour et puis s’en va… Sauf que rien
ne se déroule comme prévu…. Finalement lui qui imaginait une retraite assez
terne, sans but, les événements vont bousculer tout ça. Va-t-il pour autant se transformer,
prendre sa destinée en mains ? C’est peut-être l’occasion pour lui d’agir,
d’être plus en harmonie alors qu’il ressent depuis toujours une discordance
intérieure…. Sera-t-il capable de réinventer son quotidien, de sortir des
cases, des rôles distribués qui emprisonnent ? Quelle influence
C’est avec une écriture musicale, délicate, emplie de poésie
et un style lumineux que Marc Gautron accompagne son personnage principal. Il nous emmène dans un récit qui mêle des réflexions
intenses et des rebondissements dans le vécu des protagonistes. Le lecteur n’a
aucune certitude, d’un chapitre à l’autre, la situation peut évoluer car
certaines choses sont imprévisibles, on ne maîtrise jamais tout.
J’ai beaucoup apprécié ce récit, il sort des sentiers battus
mais n’est pas ésotérique. Il a une infime part de mystère, de rêve mais ça
reste parfaitement dosé. L’atmosphère
est retranscrite avec doigté. Antoine est attachant, tant dans ses hésitations,
que ses quelques certitudes. Il est infiniment humain. C’est presque un voyage initiatique
auquel nous convie l’auteur, sublimant son phrasé pour nous en offrir le meilleur.
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