Une odeur de gingembre
Auteur : Oswald Wynd
Traduit de l'anglais par Sylvie Servan-Schreiber
Éditions : Gallimard (18 Novembre 2004)
ISBN : 9782710327226
475 pages
Quatrième de couverture
En 1903, Mary Mackenzie embarque pour la Chine où elle doit
épouser Richard Collinsgsworth, l'attaché militaire britannique auquel elle a
été promise. Fascinée par la vie de Pékin au lendemain de la Révolte des
Boxers, Mary affiche une curiosité d'esprit rapidement désapprouvée par la
communauté des Européens. Une liaison avec un officier japonais dont elle
attend un enfant la mettra définitivement au ban de la société. Rejetée par son
mari, Mary fuira au Japon dans des conditions dramatiques. À travers son
journal intime, entrecoupé des lettres qu'elle adresse à sa mère restée au pays
ou à sa meilleure amie, l'on découvre le passionnant récit de sa survie dans
une culture totalement étrangère.
Quelques mots sur l’auteur
Né à Tokyo en 1913, Oswald Wynd y vécut jusqu'à l'âge vingt
ans. Il est devenu l'un des maîtres du polar que cet sous divers pseudonymes.
II ne signa de son nom cet unique roman historique, aux fortes résonances
autobiographiques. Une odeur de gingembre s'est dès sa publication, comme un
livre culte.
Mon avis
L’originalité de ce livre (même si cela existe par ailleurs)
c’est qu’il est écrit par un homme et que le contenu est d’une part le journal
intime d’une femme, d’autre part certaines des lettres qu’elle envoie (entre
autres à sa mère et à une amie). On ne voit jamais les réponses à ses
courriers, ni des scènes décrites par un narrateur. Tout vient de ses écrits et
il est intéressant de voir qu’un homme a su s’exprimer avec une sensibilité
toute féminine.
Nous suivons ainsi Mary de 1903 à 1942.
Jeune femme écossaise, elle part en bateau pour la Chine où
elle doit épouser Richard, rencontré quelque temps auparavant. Elle quittera
ensuite la Chine pour le Japon. A travers son vécu de femme, étouffée dans le
rôle qu’on veut lui donner, nous allons l’accompagner dans son combat
féministe. Mais surtout nous découvrons ces deux pays, leurs habitudes, leurs
mœurs (rien que la nourriture …… Mary vit de grands moments de solitude ….),
leur mode pensée etc …. et se posent alors les questions des mariages mixtes,
des déracinements de personnes d’une même culture pour aller vivre ailleurs,
des styles de vie si différents d’une contrée à l’autre (l’étude des diverses courbettes
est un vrai régal) de ce qui paraît incongru à un endroit et si naturel à deux
pas de là, des choix d’éducation, de la place de la femme dans différentes
sociétés, des relations entre hommes et femmes si délicates lorsqu’on n’est pas
dans un environnement connu etc …
On vit avec elle le tsunami, les tremblements de terre et on
lit l’évolution de son mode de pensée face à ses situations parce qu’elle
s’est, en partie (en partie seulement ! heureusement !) imprégnée du ressenti
japonais face à ces phénomènes naturels. « La discipline de ce pays a déjà
commencé à s’infiltrer en moi. » « ….consciente comme je ne l’avais jamais été
jusque-là de l’insécurité physique presque totale dans laquelle chacun doit
passer sa vie entière. » Et c’est tellement vrai même maintenant en 2011 !
J’ai beaucoup aimé l’idée de la malle dans laquelle on
entasse ses souvenirs (matériels ou ressentis) et du tri qu’il faudrait faire
pour ne remplir qu’une petite valise où on ne garderait que l’essentiel … Que
mettrais-je, moi, dans cette petite valise ?
En suivant l’évolution historique de ces deux pays, on voit
aussi les changements qui habitent Mary. De page en page, la jeune fille un peu
effacée devient femme, mère, battante, combattante, bien décidée à prendre sa
vie en mains.
Les deux aspects de ce beau roman (vie de Mary et approche
historique) se complètent et permettent de ne pas voir le temps passer, tant on
est intéressé pour en savoir plus soit sur la vie de Mary, soit sur les
événements du pays concerné.
L’écriture est douce, parfois un peu lente, tout en
ressentis puisqu’il s’agit d’écriture au sens noble du terme. Certains pourront
penser qu’il se passe peu de choses mais Mary est si attachante dans ses
questionnements, ses luttes, ses peurs, ses envies, sa vie, qu’on ne peut pas
l’abandonner.
NB : et si vous avez envie de savoir pourquoi le titre est «
Une odeur de gingembre », lisez le livre !
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