Lew Archer Tome 10 - Le corbillard zébré (The Zebra-Striped
Hearse)
Auteur : Ross Macdonald
Traduit de l’américain par Jacques Mailhos
Éditions : Gallmeister (7 janvier 2021)
Parution : en anglais (Etats-Unis) en 1962, en français à partir de 1964
ISBN : 978-2351787298
336 pages
Quatrième de couverture
L'avenir sourit à Harriet Blackwell. À vingt-quatre ans,
elle est sur le point d'hériter d'un demi-million de dollars et compte épouser
un peintre désargenté dont elle est éperdument amoureuse. Seulement, son père, le colonel Blackwell, se méfie. Autoritaire et plein de
certitudes, il charge Lew Archer d'en apprendre davantage sur le prétendant de
sa fille, avec la ferme intention de le discréditer.
Quelques mots sur l’auteur
Ross Macdonald, de son vrai nom Kenneth Millar, est né en
1915 en Californie et a d'abord grandi au Canada avant de revenir s'installer
aux Etats-Unis. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il est officier de marine
dans le Pacifique. À son retour, il publie quatre romans avant la parution de
Cible mouvante en 1949, le premier livre où apparaît le détective privé Lew
Archer, plus tard incarné à l'écran par Paul Newman. Ross Macdonald meurt en
1983. Il est considéré comme l'un des plus grands écrivains de romans noirs.
Mon avis
Merci aux éditions Gallmeister et à Partagelecture pour cette
découverte.
C’est le titre original et surprenant qui m’a attirée dans
cette lecture. Le corbillard zébré, pourquoi ? Un corbillard, c’est la
mort, souvent à un âge avancé, mais zébré ? Dans le récit, ce véhicule est
occupé par de jeunes surfeurs (un peu hippies on est dans les années 60), comme
s’il s’agissait d’un moyen de transport ordinaire. Quant aux rayures fantaisistes,
elles peuvent montrer l’écart entre les deux mondes : celui de la jeunesse
insouciante (liée à l’intrigue et qui apparaît de temps à autre) et celui de l’âge
mûr représenté par l’enquêteur qui nous rappelle régulièrement son âge (la quarantaine).
Des traits qui séparent mais qui rassemblent aussi par intervalles….
Le colonel Blackwell voit d’un très mauvais œil le fait que
sa fille Harriet soit tombée amoureuse d’un artiste sans le sou, d’autant plus
que prochainement elle va hériter d’une fortune conséquente. Elle a décidé de l’épouser
en plus ! Il mandate alors un détective, Lew Archer, pour enquêter sur cet
homme et si possible découvrir de quoi le discréditer. Lew accepte l’affaire et
se met au travail. Pourquoi le père ne veut-il pas de ce fiancé ? La jeune
femme n’est pas très belle, est-ce qu’elle plaît vraiment au peintre ou
vise-t-il sa fortune ?
Assez vite, le fin limier va sentir des zones d’ombre, des
mensonges, des non-dits, des interprétations, entre les différents personnages
qu’il côtoie. Rien n’est vraiment net, ciblé, certains fait sont troublants et le
cheminement du futur mari semble relié à plusieurs décès. Lew Archer avance pas
à pas, change de lieu, même d’état, c’est lui qui s’exprime dans le récit. Il fait
une description très précise des lieux, des situations. Ses observations sont
détaillées et il les utilise pour faire des recoupements, des hypothèses, lançant
l’air de rien, quelques mots bien ciblés à ceux qu’il interroge.
Le contexte et les raisons d’agir des uns et des autres sont
bien pensés, il n’y a pas de temps mort, suffisamment de rebondissements pour
maintenir notre intérêt. Les travers de chaque individu sont glissés çà et là,
au fil des chapitres, les caractères se précisent, se dévoilent jusqu’au
dénouement final.
Le rythme est celui d’un enquêteur qui ne laisse rien au
hasard, qui prend le temps, ne voulant rien rater. Méticuleux, intuitif,
maniant l’humour noir et la dérision, il secoue ceux qu’il questionne, les
pousse plus loin pour arriver à ses fins. Les dialogues sont vifs, certains
paragraphes s’apparentent à de savoureux apartés, comme si Lew prenait le
lecteur à témoin de ce qu’il constate. « Ce devait être un mariage d’inconvenance …. »
Je pense que Jacques Mailhos a fait du bon travail car le texte est savoureux
(donc parfaitement traduit)
Une lecture que j’ai beaucoup appréciée.
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