Reikiller
Auteur : Laurent Philipparie
Éditions : Plon (3 Juin 2021)
ISBN : 978-2259306621
336 pages
Quatrième de couverture
Jenny, prodigieuse acrobate, intègre la troupe d'un célèbre
cabaret périgourdin. Elle vient de s'installer dans la région pour être aux
côtés de Didier, gendarme à la Brigade de recherche de Sarlat. Ce dernier
enquête sur la disparition de plusieurs touristes allemandes. Avec leur fille
âgée de cinq ans, le couple aurait tout pour être heureux si la petite Luna
n'avait pas développé une grave tumeur cérébrale contre laquelle la médecine
conventionnelle ne peut rien. Les jours de l'enfant sont comptés.
Mon avis
Didier et Jenny forment un couple heureux, avec leur petite
Luna. Lui est gendarme à la brigade de recherche de Sarlat. Elle, a trouvé une
place de danseuse de pole dance dans un cabaret de la région. Deux quotidiens bien
différents mais qui ne gênent en rien l’épanouissement de leur amour. Ils s’en accommodent.
Il est confronté à une affaire très intéressante, la
disparition de jeunes femmes, toutes des touristes allemandes. Cela lui prend
énormément de temps, il s’investit à fond car s’il réussit il sait bien que
cela va booster sa carrière. De son côté, elle a parfois du mal à le comprendre
de vivre dans tant de noirceur, alors qu’elle est sous le feu des projecteurs,
mettant des étoiles dans les yeux des spectateurs.
Un jour, c’est le coup de massue, leur petite Luna est
touchée par un gliome infiltrant du tronc cérébral, une tumeur inguérissable,
elle est condamnée. Hospitalisée, il faut accepter l’idée de l’accompagner
jusqu’au bout du chemin. C’est un tsunami pour les parents, comment réagir, que
faire ? Face à la souffrance d’un proche, chacun réagit de façon
différente, certains pratiquent le déni, d’autres baissent les bras s’en remettant
à la fatalité, d’autres encore essaient d’espérer un miracle….Et si ?
Didier se noie dans le boulot, vivant de chantage avec lui-même,
marchandant. « Si je coince le tueur alors ma fille sera sauvée… »
Jenny ne sait pas, ne sait plus jusqu’à une discussion avec la patronne du
cabaret, adepte de Reiki (une méthode de soins non conventionnelle d'origine
japonaise, fondée sur des soins dits « énergétiques » par imposition des mains).
Elle connaît une grande prêtresse et peut la faire intervenir pour sauver Luna.
Jenny est rationnelle mais quand il ne reste plus d’espoir et que quelqu’un
vous laisse une lueur, peut-on dire non ? Je n’ai pas pu blâmer cette mère,
si la foi dans ce procédé lui permet de rester droite, pourquoi pas ? Mais
il ne fallait pas qu’elle se laisse envahir, tout est question de dosage…
« Il y a ceux qui ne veulent pas croire, ceux qui ne
peuvent pas croire, ceux qui croient mal…. Les plus dangereux restent ceux qui
font semblant de croire, parfois contre leur gré… »
Le lecteur va suivre l’enquête des policiers, les
interactions avec la jeune mère de famille, la vie de la troupe du cabaret où
de nombreux artistes ont été convertis au Reiki par la patronne, la maladie de
Luna et d’autres éléments liés à tout cela. Il y a des personnages forts :
Goupil, le chef de Didier, un homme pragmatique qui avance pas à pas, qui ne
veut pas que l’on bouscule les choses, la chef du cabaret qui ne jure que par
le Reiki, les parents qui luttent pour tenir bon, et tous les autres, dont un
tueur dans l’ombre, dangereux et violent à l’extrême….
Cette histoire aborde plusieurs thèmes, celui des croyances,
le pouvoir et la force de la foi. L’évolution des personnes face à la maladie de
ceux qu’ils aiment. L’Histoire avec H majuscule puisqu’on va découvrir des
faits de résistance et des évènements concernant Joséphine Baker. Les
investigations policières. Et les rapports humains qui se consolident ou se
délitent. On pourrait penser que ça fait trop. Mais l’auteur articule tout cela
avec doigté et il s’en sort bien. Son récit est prenant, découvrir l’univers du
cabaret de l’intérieur, observer les ressentis de chacun, décrire les paysages
où se déroulent certaines scènes difficiles, parler de l’Histoire, tout cela
est écrit avec suffisamment de détails, sans en faire trop non plus. On peut
mettre un bémol pour certains faits qui ne sont pas très vraisemblables,
quoique…. Laurent Philipparie sait de quoi il parle puisqu’il est criminologue
et capitaine de police.
Cette lecture a été une belle découverte pour moi. La construction
avec plusieurs angles d’approche m’a bien plu ainsi que les sujets évoqués. L’écriture
est accrocheuse, vivante et on ne s’ennuie pas une seconde !
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