"Ceux qui tombent" de Michael Connelly (The Drop)

 

Ceux qui tombent (The Drop)
Auteur : Michael Connelly
Traduit de l’anglais par Robert ¨Pépin
Éditions : Calmann-Levy (30 Avril 2014)
ISBN : 9782702141557
396 pages

Quatrième de couverture

Bosch vient de décrocher un sursis de trois ans avant d’être mis à la retraite d’office lorsqu’il se voit confier un cold case datant de 1989. Viol suivi de meurtre, ADN, antécédents judiciaires et profil psychologique, tout incrimine un certain Clayton Pell. Un suspect… qui n’aurait eu que huit ans au moment des faits. Erreur du labo ou faute impardonnable de deux inspecteurs ? Les conséquences de ce cafouillage s’annonçant monumentales, Bosch se met immédiatement au travail lorsqu’il est appelé sur une scène de crime. Un homme se serait jeté du septième étage du célèbre hôtel de Los Angeles, le Chateau Marmont. La victime, George Irving, est le fils d’un conseiller municipal très influent à L.A., un homme qui n’a jamais porté Bosch dans son coeur. Pourquoi exige-t-il que ce soit lui qui mène l’enquête ?

Mon avis

Un Harry comme on les aime….

Harry Bosh est un « vieux pote à moi ». On se connaît bien et je lui ai même pardonné les intrigues inégales (entre autres les neuf dragons) qu’il m’a servies. Mais point trop n’en faut, n’est ce pas ? Je préfère nettement quand il tient la route.

Je l’ai vu trop fumé, boire exagérément, draguer sans délicatesse, s’emporter sans réfléchir, parler trop vite….mais aussi, tomber aux trente sixièmes dessous, refuser les mains tendues, se torturer l’esprit…

Harry Bosh est maintenant chargé de famille, il a récupéré sa fille suite au décès de la mère de cette dernière. Il boit avec parcimonie, est proche de la retraite et a appris à (essayer de) tourner sa langue sept fois dans sa bouche avant de parler. Est-ce que c’est sa façon à lui de vieillir ?

Pour autant, il n’a rien perdu de sa verve, de sa combattivité, de son acuité (même si, régulièrement, il se remet en cause, ce qui en soit, à mon sens, est une bonne chose si on n’abuse pas), de sa volonté de résoudre les enquêtes qu’il doit mener, de faire tomber ceux qui font souffrir des innocents. Il ne supporte pas d’être manipulé, qu’on l’utilise. Il a parfois tort et a du mal à le reconnaître (comme beaucoup d’hommes, désolée messieurs, c’est souvent vrai) mais son caractère le rend attachant et dès que vous le rencontrez, il devient un familier.

Harry travaille avec un coéquipier David Chu. Ils doivent examiner deux situations délicates : un homme qui est tombé d’un balcon (suicide ou accident ?), fils d’un conseiller municipal, et un problème de viol remontant à plusieurs années. Les deux affaires vont être menées en parallèle. Les éléments découverts le sont petit à petit. On suit Bosh dans ses raisonnements, ses réflexions ; on écoute ses arguments, on observe ses déductions. On se sent vraiment partie prenante de ce qui se déroule sous nos yeux. De plus, contrairement à d’autres fois, les événements sont clairs, s’enchaînent sans qu’on se sente perdu. Pour autant, on n’est pas du tout dans une aventure simple et basique. C’est très intéressant de voir comment Harry affute son regard, 

Les questions vont être nombreuses, pourquoi le père du « sauteur » a –t-il exigé que Bosh couvre l’affaire ? Jusqu’à quel point les politiques et policiers sont-ils corrompus ? Pourquoi, pour le violeur, faut-il attendre vingt-cinq ans pour avoir un éclaircissement ? C’est quoi, cette justice américaine ? Jusqu’où la presse manipule-t-elle la vérité ?

À l’ère du numérique, Bosh reste fidèle à ce qu’il appelle « le livre du meurtre » : un gros classeur dans lequel il met ses différentes trouvailles, ses notes etc… Il est humain et entretient parfois des relations difficiles, sur le cordeau, avec ceux qui lui sont proches : son partenaire, sa fille, la femme qui fait battre son cœur, ses supérieurs… Il n’a pas toujours tort mais être sur la défensive et la réserve assez souvent génère de temps à autre des conversations tendues avec ceux qu’il côtoie. Il a du mal à se laisser aller, comme s’il avait en permanence le besoin de contrôler (ses émotions, son activité….) mais c’est pour ça qu’on l’aime et qu’on s’attache à ses pas ! D’autant plus que toujours, il reste droit dans ses bottes, en quête de vérité rejetant magouilles et influences.

On retrouve les qualités d’écriture de Michae lConnelly (il semblerait que cet ouvrage ait été écrit en 2011….) avec un style acéré, un vocabulaire adapté, des dialogues corrosifs où on lit avec bonheur un Harry sans langue de bois, écoutant (ainsi que sa fille) de la très bonne musique (Chet Baker et bien d’autres, que l’on peut mettre en fond à la lecture des pages). On a aussi la chance de suivre les pensées intimes des protagonistes. Premiers ou seconds rôles, tous sont parfaitement intégrés au roman, bien décrits et très réalistes.

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