"Sous les étoiles" de Chochana Boukhobza

 

Sous les étoiles
Auteur: Chochana  Boukhobza
Éditions: Seuil (7 janvier 2002)
ISBN: 9
78-2020313919
370 pages

Quatrième de couverture

Par testament, le richissime et mystérieux Maurice Chauvet a contraint ses enfants à résoudre une énigme, faute de quoi sa fortune leur échapperait. A ses yeux, Patrick et Nicolas, ses fils, sont des ratés. Quant à Adrienne, jeune peintre de talent, sa vie tumultueuse l'a éloignée de son père. Après la mort du magnat, pourquoi Adrienne décide-t-elle soudain de relever le défi alors que l'argent ne l'intéresse pas ?

Mon avis

«Lire est une passion dévorante ou une habitude banale.»

«Mes prières n’ont pas le pouvoir de guérir, ta science n’a pas le pouvoir de mettre fin aux carnages.»


« Sous les étoiles» … Quel beau titre pour la passionnée d’astronomie que je suis …
Une première partie, introduite par une phrase de Paul Eluard, mon poète préféré, fallait-il y voir un autre signe?

Des signes, il en sera question dans ce livre ou régulièrement la science va être confrontée aux écrits évoqués dans la religion juive.
Chochana Boukhobza est un auteur israélien ayant étudié les mathématiques … Elle a sans doute donné beaucoup d’elle dans ce roman où les questions fourmillent même si elles ne sont pas toujours clairement émises …

D’ailleurs dans les remerciements, en fin de livre, elle cite son grand-père, rabbin. Quel héritage lui a-t-il laissé ?

Il m’est difficile de parler de ce livre tant le contenu est dense.
La trame principale avec la recherche d’Adrienne s’efface derrière des sujets plus profonds me semble t-il.
Dans chacune des parties, on voit un fils ou une fille (Adrienne, David, Amina …) confrontés à des choix, ceux que la raison dicte, ceux que l’éducation conseille, ceux que le cœur propose …
Ils sont en conflit avec leur famille (conflit exprimé ou non). Quels sont les choix qui nous font vivre? Jusqu’où s’opposer à ce que les parents pensent être bon? N’ont-ils pas de par leur expérience, plus de recul, plus de sagesse? Oui, mais … pour s’accomplir et grandir, l’enfant ne doit-il pas faire ses choix quitte à se brûler le bout des ailes? On ne doit pas vivre sa vie par procuration, n’est ce pas ?

Face à ces situations, les mots de Khalil Gibran (poète libanais) me sont montés aux lèvres :

Vos enfants ne sont pas vos enfants.
Ils sont les fils et les filles de l’appel de la Vie à elle-même.
Ils viennent à travers vous mais non de vous.
…………..
Vous êtes les arcs par qui vos enfants, comme des flèches vivantes, sont projetés.


Alors s’est posée à moi la question de la limite du savoir ancestral, de la limite de la transmission de
« l’héritage » familial … Les pages 107 à 120 sont bouleversantes de ce point de vue.
David, le petit-fils du rabbi, le trouve lourd ce fardeau que son grand-père veut lui offrir parce qu’il sent, il sait qu’il est capable de le porter. Même loin des siens, lorsque David veut " penser par lui-même", tout cela reste présent : « Mais, inspiré par Yikov hadinet haehar, la Loi perce les montagnes, celui qui donne n’a rien perdu, il a décidé de partager sa bourse avec des copains démunis ».

Les parents, les grands-parents, les éducateurs, les enseignants … plantent ce qu’ils pensent être bien, être bon pour le jeune en devenir. Il faut alors accepter que les graines fleurissent ou pas, qu’elles subissent des mutations qui ne plaisent pas forcément, qu’elles aient besoin d’autre tuteur que le tuteur familial, qu’elles poussent de travers, tordues, avec des ramifications parfois … Nous sommes responsables du terreau mais pas de l’arrosage et du soleil …

Dans ce livre, j’ai ressenti (et cela reste mon opinion et n’engage que moi), comme une douleur sourde, une certaine révolte entre les lignes, des blessures qui n’étaient pas exprimées par des faits mais au travers de l’écriture et vécues par les personnages.

Parfois des références musicales sur ce qu’écoutent les personnages, c’est appréciable et cela nous met encore plus dans le roman.
Le trait d’union entre les époques, les lieux, avec les étoiles m’a fascinée. David est astronome, Monsieur Benbassar était en admiration devant le ciel, je m’appelle Cassiopée. La boucle est bouclée …

J’aurais beaucoup de questions à poser à Madame Boukhobza.

Comment a-t-elle choisi les citations qui introduisent chaque partie ? Et pourquoi ?
J’ai cherché…. L’une est d’un astronome mathématicien persan, l’autre extraite du « Cantique des Cantiques » (pour introduire les événements qui se déroulent à Jérusalem), une autre encore extraite du Zohar (un des ouvrages de la Kabbale juive) etc … Qu’est ce qui les relie ? Pourquoi ces choix ?

N’est-elle pas un peu de ce David qui se révolte face aux obligations « familiales»?
Ce qu’elle décrit de la religion juive, l’a telle vécu, lui a-t-on transmis ?

Ce livre est très bien écrit, on y rentre à peu feutrés, comme s’il n’y avait pas de place pour nous et puis, intéressés par ce qu’il se passe, on s’installe, on regarde, on écoute, on se tait, on vit avec les personnages et ils sont encore présents avec toutes les questions qu’ils ont soulevées une fois la dernière page fermée …

« L’homme n’est pas dans le temps, c’est le temps qui est dans l’homme, mes amis. »

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