Black Cocaïne
Auteur : Laurent Guillaume
Éditions : Denoël (8 Novembre 2013)
ISBN : 978-2207114926
260 pages
Quatrième de couverture
«Au Mali, tout est possible et rien n’est certain», ainsi
parle Solo, ce Franco-Malien recherché par la police française qui a laissé
derrière lui un passé obscur pour recommencer une nouvelle vie sur le continent
noir. Ancien des stups, respecté de la profession, Solo est devenu à Bamako un
détective privé populaire. Même si les souvenirs douloureux le hantent souvent,
Solo les noie avec application dans l’alcool. Jusqu’au jour où une belle
avocate française l’engage pour faire libérer sa sœur arrêtée à l’aéroport avec
de la cocaïne. Un dossier en apparence simple pour Solo, mais cette banale
histoire de mule va prendre une tournure inquiétante. Ses vieux démons
réveillés, l’ex-flic se lance dans cette affaire dangereuse, entre tradition et
corruption, avec la détermination de celui qui n'a rien à perdre.
Mon avis
« J’avais mal, mais j’étais en vie. »
Il a mal, il a été cabossé par la vie, il a reçu des coups
au corps, au cœur, il a des bleus à l’âme….
Il s’appelle Solo, il est métis et sa vie, qui a été
autrefois en France, est maintenant à Bamako.
Il fume, il boit, il sniffe de la cocaïne parfois et il ne
rechigne pas, non plus, sur une rencontre purement sexuelle avec une prostituée
ou même plusieurs… Il est détective mais n’aspire qu’à une chose « qu’on le
laisse tranquille »… Vu comme ça, on va dire que cet individu n’a rien
d’attirant…et autant qu’il passe son chemin…
Touchez à quelqu’un qu’il aime et il ira jusqu’au bout, au
péril de sa vie, pour venger celui qui a souffert. C’est un homme d’honneur. Et
en cela, même s’il fait justice lui-même, il est attachant, car pour lui, les
liens du cœur sont les plus forts.
Et c’est ce qu’il s’est passé, je me suis attachée à ses
pas, j’ai retenu mon souffle de conserve avec lui, serré les poings, réfléchi,
observé, pris fait et cause pour ses choix même s’ils s’avéraient dangereux et
risqués.
En effet, Solo se retrouve à enquêter sur la mort d’une
jeune femme à la demande de la sœur de cette dernière. Il n’est pas motivé et
se contenterait bien de sa petite routine paisible mais un événement va
l’obliger à sortir de sa réserve.
C’est, sous un soleil de plomb, dans un Mali à la latérite
poussiéreuse, qui s’infiltre partout, que nous retrouvons Solo. Dans un pays où
la justice est de temps à autre « un 320 » (le prix d’un bidon et d’une
allumette) acté par les habitants, car ceux qui doivent trancher face aux
fautes, se laissent quelquefois « graisser la patte » pour fermer les yeux ou
oublier…
Lorsque la chaleur se calme, c’est une pluie lourde, insidieuse qui envahit, noyant le paysage sous des trombes d’eau, suffoquant le lecteur qui ne sait plus que penser de cette contrée aux multiples contrastes….
L’écriture de Laurent Guillaume est sèche, précise,
cinglante, sans développement inutile. Les mots, les faits se succèdent à un
rythme élevé, saccadé mais empreint de réalisme. Il arrive que Solo se pose
devant un coucher de soleil sur une plage, regardant le paysage… C’est comme un
havre de repos au milieu du tumulte. Nous en profitons pour reprendre notre
respiration pendant quelques lignes, sentant que l’étau sur notre poitrine se
desserre… mais cette accalmie ne dure pas, Solo repart et nous avec…
C’est un homme, un vrai, de ceux qui ont des tripes (et
autre chose aussi ;-), de ceux qui veulent, s’ils restent en vie, s’ils
survivent, pouvoir dire « j’ai fait ce qu’il fallait pour essayer (car il n’y
arrivera jamais) d’être en paix avec moi-même… »
Ce personnage pourrait devenir un héros récurrent mais je
déconseillerais à l’auteur de sombrer dans cette « facilité ». Pour avoir lu «
Doux comme la mort », un autre de ses romans, je préfère qu’il continue de se
renouveler et de nous entraîner dans différents univers.
C’est une communauté très masculine que nous côtoyons, des
hommes durs, à qui la violence ne fait pas peur. Les scènes sont parfois
difficiles car très visuelles. Il arrive que le verbe soit cru, presque
choquant mais c’est en phase avec le récit, quand Solo agit avec l’énergie du
désespoir que ce soit pour s’oublier dans un plaisir hypothétique ou dans un
déluge de cruauté… Dans ces moments-là, il n’existe plus que pour sa quête
quelle qu’elle soit …
C’est un roman marquant, avec des protagonistes qu’on ne
peut pas oublier même s’ils ont « un petit rôle ». De plus, le Mali ne se
contente pas d’être un décor en toile de fond, il est « présence » et nous le
découvrons sous un autre angle.
J’ai énormément apprécié ce livre, il a de la consistance, une ambiance particulière et le style de l’auteur me convient tout à fait !
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