De l’or et des larmes
Auteur : Isabelle Villain
Éditions : Taurnada (13 Janvier 2022)
ISBN : 978-2372580960
256 pages
Quatrième de couverture
Jean-Luc Provost, le très médiatique entraîneur de
gymnastique français, meurt dans un accident de voiture. La thèse du suicide, à
seulement six mois des prochains jeux Olympiques de 2024, est très vite
écartée. L'affaire, considérée comme sensible et politique, est confiée au
groupe de Lost. Pourquoi vouloir assassiner un homme qui s'apprêtait à devenir
un héros national ? Rebecca et son équipe se retrouvent immergées dans un monde
où athlètes et familles vivent à la limite de la rupture avec pour unique
objectif l'or olympique.
Mon avis
Qui peut en vouloir à un entraîneur admiré de tous ? Un
homme sélectionnant soigneusement des athlètes pour les amener à donner le meilleur
d’eux-mêmes afin de remporter des médailles ? Un coach et son épouse (kiné,
mère de substitution etc) donnant toujours tout pour que les jeunes qui leur
sont confiés réalisent le rêve d’une vie ? C’est à ces nombreuses
questions que le commandant Rebecca de Lost et sont équipe vont devoir
répondre. En effet, le sélectionneur, Jean-Luc Provost est décédé, sa voiture ayant
été sabotée, il n’a pas pu éviter l’accident.
C’est dans le milieu des sportifs de haut niveau qu’Isabelle
Villain nous emmène pour son dernier roman. Un microcosme régit par des « lois »,
un fonctionnement particulier, des silences et des coups de gueule, des
non-dits qui feraient désordre et une espèce d’omerta. Tous, quel que soit leur
niveau d’intervention, du sportif à l’intendant en passant par les instructeurs,
les soignants, visent le même but : le mouvement qui se rapproche de la
perfection pour arriver à la victoire. Mais à quel prix ? Quels sont les
sacrifices demandés ? Quels sont ceux qui sont librement choisis ? La
vie de tous ces jeunes est régie par un quotidien drastique, il faut que le moral
suive lorsqu’on est loin de sa famille, de ceux qu’on aime.
Dans ce livre, avant de partir dans les investigations des
policiers, nous avons un retour en arrière pour découvrir les entraînements des
gymnastes. On observe le rôle du
sélectionneur, qui n’est pas forcément dans l’empathie, poussant chacun dans
ses retranchements, demandant un sourire, un dernier effort, obligeant les
jeunes à recommencer encore et encore…alors que le corps dit stop, que le
mental est épuisé…. Il aime entraîner, diriger, c’est une passion. Gagner, c’est
être respecté, adulé, aimé. C’est montrer que lui, a trouvé les méthodes pour
aller sur le podium. Plus il réussit, plus il est exigeant, avec lui, avec les
autres. Sa femme le suit dans son rêve de gloire. Jusqu’où a-t-on le droit d’aller
avec de jeunes adolescents pour qu’ils soient au top pour des compétitions ?
On a entendu parler de dérives dans le sport, les langues se
sont déliées mais tout n’est pas réglé pour autant. Dans ce récit, l’auteur nous
rappelle la difficulté de la parole, les peurs de ne pas être compris, entendu,
cru. L’angoisse de briser une carrière en s’exprimant qu’on a durement gagné sa
place.
Les recherches menées par Rebecca et ses collègues vont
rapidement montrer que le couple dévoué au sport, dont l’homme est décédé, n’était
pas aussi lisse qu’on pouvait le croire. Quelles étaient les failles ? Sont-elles
liées à l’assassinat ?
L’écriture d’Isabelle Villain est toujours aussi prenante,
fluide et agréable à lire. On devine sans peine qu’elle s’est renseignée avent
d’écrire. Son texte est très crédible, reprenant des références solides dans le
monde du sport. Elle montre cette ambivalence entre le désir de réussite (pour celui
ou celle qui participe et aussi pour ceux qui le suivent) et le souhait « d’une
vie normale ». Que dire quand, pendant des années, on a pensé, mangé,
vécu, « jeux olympiques » et qu’on se blesse quelques jours avant, sachant
que dans quatre ans, ce ne sera plus son tour ?
En plus de l’enquête, on suit les problèmes personnels de
chaque personnage, c’est une bonne idée. D’abord, parce que cela les rend
humain et ça prouve que ça peut influencer sur les journées de travail. Et puis
ça montre les rapports qu’ils entretiennent entre eux et leur évolution. Cette histoire est bien construite, intéressante,
totalement d’actualité. J’ai eu beaucoup de plaisir à la découvrir.
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