Dérive sanglante (Bitch Creek)
Auteur : William G. Tapply
Traduit de l‘américain par Camille Fort-Cantoni
Éditions : Gallmeister (10 Mai 2007)
ISBN 978-2-35178-011-4
272 pages
Quatrième de couverture
Suite à un improbable accident de montagne qui lui a fait
perdre la mémoire, Stoney Calhoun est un homme sans passé. Cinq ans après avoir
quitté l'hôpital, une confortable somme d'argent en poche, il a refait sa vie
dans le Maine et coule des jours paisibles entre la boutique de pêche où il
travaille et sa cabane enfouie au cœur des bois. Jusqu'à ce que son meilleur
ami disparaisse. Calhoun se lance alors sur sa piste et accumule les découvertes
macabres. Au fur et à mesure, il se découvre d'inattendus talents d'enquêteur
qui vont le confronter aux fantômes de son passé.
Mon avis
Que vous aimiez ou non la pêche, la nature et le Maine, ce
livre ne peut que vous séduire.
Pourquoi ?
Ne serait ce que pour l’écriture de qualité, poétique à souhait, douce,
musicale … C’est presqu’un livre dont je dirais qu’il faut le lire à haute
voix, assis sur une tapis de laine, devant un feu de cheminée, avec un léger
soupçon de musique classique, jazz ou folk songen fond …
Ecoutez ou plutôt lisez …
« Le brouillard pesait comme une bâche sur le marais salant, alourdi d’un
arôme riche et panaché de vase humide, de varech et de mollusques. Hormis les
mouettes qui poussaient des cris rauques en se gorgeant de moules sur l’estran
et les coups de gong étouffés d’une lointaine bouée sonore, le coin était
délicieux et désert, d’un calme absolu. »
Et oui, une ode à la nature au milieu d’un roman policier ! Ne vous imaginez
pas pour autant qu’il va y avoir ce qu’on a coutume d’appeler « des longueurs »
; pas du tout !
C’est remarquablement bien écrit. Disons pour faire simple, que vous ressentez
l’ambiance, vous observez le lever du soleil ou la biche et son petit, vous
entendez le bruit de la rivière et vous voyez la lumière filtrer à travers les
branches. On pourrait penser que William G. Tapply est excellent en
descriptions, ce serait un jugement bien trop hâtif. Cet homme fait « vivre »
les mots. Le paysage, les actions prennent vie sous vos yeux alors que vous
lisez. C’est poétique sans être grandiloquent et incompréhensible. C’est beau,
tout simplement …
A côté de l’écriture, il y a les références littéraires, glissées ça et là,
Faulkner, Thoreau … ou musicales : Mozart etc …. L’auteur, comme son héros,
recherchait la qualité avec une juste mesure, ni trop, ni pas assez …
Le personnage principal : Stoney Calhoun est attachant. Son passé se révèle à
lui par bribes, mais il prend tout cela avec philosophie. A chaque jour suffit
sa peine …Il apprécie la compagnie de son chien, aime sa Belle et goûte aux
joies simples de la pêche, d’un coca frais et de la vie tout naturellement …
L’intrigue avance calmement mais sans ennui, sans lassitude. Les informations
pour comprendre arrivent au fil des découvertes des uns et des autres. Pas de
rebondissements à chaque page, pas de hang up à la fin de chaque chapitre, non,
une histoire qui « coule » au rythme des conversations, des avancées, au fil
des pages ….
Je voudrais que mes mots vous donnent envie, dès demain, de vous précipiter sur
ce livre, et parallèlement, si vous deviez le lire et ne pas l’apprécier autant
que moi, je serais terriblement déçue …
Que vous aimiez ou non les romans policiers, essayez, un jour, de lire William
G. Tapply, je ne pense pas que vous regretterez votre rencontre …
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