"Otage" de Clare Mackintosh (Hostage)

 

Otage (Hostage)
Auteur : Clare Mackintosh
Traduit de l’anglais (Grande-Bretagne) par Françoise Smith
Éditions : Marabout Black Lab (12 Janvier 2022)
ISBN : 978-2501157698
435 pages

Quatrième de couverture

À bord du premier vol direct entre Londres et Sydney, l’atmosphère est électrique. La rumeur évoque la présence de célébrités en classe affaires, le monde entier a les yeux fixés sur cet incroyable voyage sans escale qui doit durer une vingtaine d’heures. Mina, une des hôtesses en cabine, se concentre tant bien que mal sur les passagers. Mais une succession d’événements inquiétants culmine en un effrayant message anonyme : quelqu’un est décidé à empêcher ce vol d’arriver à destination, et il a pour cela un terrible moyen de pression sur Mina. Quel sera le choix de celle-ci face à une impossible décision ?

Mon avis

Mina et Adam ont adopté Sophia, une petite fille (cinq ans maintenant). Elle a des troubles de l’attachement (elle ne noue pas facilement des liens avec ses proches, ou les sélectionne mais elle peut se laisser apprivoiser par des inconnus) et est autiste asperger. Elle a besoin de rituels, de sécurité et d’explications en permanence pour comprendre son environnement, le cerner et donc le maîtriser. La mère et la fille s’aiment tendrement. Quand la Maman s’absente (elle est hôtesse de l’air), elle laisse des messages sur l’oreiller de Sophia, lui explique la durée de son vol, de son séjour. D’ailleurs la compagnie pour laquelle elle navigue est responsable du premier vol Londres-Sydney sans escale et elle va être de l’aventure ! Vingt heures dans le ciel, quelque temps sur place, en Australie, puis le retour.

C’est un peu plus difficile pour Adam, Sophia le rejette parfois. Il est policier et a des problèmes avec son épouse. Le couple ne va pas bien et la situation est compliquée. Mina a demandé à son mari de prendre une pause. Malgré tout lorsqu’elle se retrouve en mission, Adam gère parfois leur fille avec ou sans baby sitter.

Ce roman est découpé en chapitres. On a une indication sur l’heure, le lieu et la personne qui s’exprime. Tous sont à la première personne, il n’y a pas de narrateur extérieur. Adam et Mina parlent ainsi que certains passagers de l’avion. Ils se présentent et le texte est alors en italiques. Tous ont une raison précise d’avoir pris ce vol. Certains fuient des événements difficiles, d’autres veulent recommencer une nouvelle vie… Le vol 79 accueille des gens bien différents, et pas seulement parce qu’il y a la classe affaire et la classe économique ….

Dès le début du voyage, Mina sent une tension et des faits la troublent. Elle essaie de faire face mais elle n’est pas très à l’aise et ses collègues s’en rendent compte. Tout à coup, c’est le drame. Elle se retrouve face à un choix : si elle veut que sa fille vive, elle doit obéir à des instructions précises visant à détourner l’avion. Mina est mère, au plus profond de ses entrailles mais elle est aussi professionnelle. Que va-t-elle faire, envisager, espérer pour éviter une tragédie ?

Clare Mackintosh maîtrise à la perfection l’art du suspense. L’angoisse va crescendo au fil des pages, tant en l’air que sur terre car rien n’est épargné à Sophia dont la mère risque de ne jamais rentrer. Il s’avère qu’Adam a une part d’ombre et qu’il met indirectement, lui aussi, sa fille en danger.  Lorsque les hommes et les femmes sont confrontés à des événements extrêmes, leur comportement n’est pas forcément celui qu’on aurait eu (enfin, c’est ce qu’on pense…). D’ailleurs, de nombreuses fois, la question « qu’aurais-je fait à sa place ? » m’a effleurée pendant la lecture. Tout au long de ce récit, mené de main de maître, on observe les réactions des uns et des autres. On voit ce qui motive chacun, ce qui le met en colère, ce qui le révolte, ce qui lui donne envie d’agir, d’avancer mais on s’aperçoit également que les jeux d’influence, les réseaux sociaux, l’histoire personnelle de chaque individu a son importance. Est-on otage de ses parents, de sa propre vie ?

Dans ce roman, l’auteur aborde des thèmes majeurs et elle le fait avec doigté et intelligence. On peut se battre pour de bonnes causes mais de quelle façon et en mettant quoi en route ? J’ai apprécié qu’il y ait des points de vue divers et variés, nous apportant des regards multiples, évitant la lassitude du huis clos dans l’appareil. L’écriture (merci à la traductrice) est fluide, prenante. Plus on avance dans l’histoire, plus on est accroché aux pages. Même si l’intérêt ne baisse pas, les rebondissements arrivent au bon moment, pour ouvrir d’autres possibilités.

L’ensemble est abouti, bien pensé et le retournement final est un régal !


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