La mécanique du pire
Auteur : Marco Pianelli
Éditions : Jigal (3 Juin 2022)
ISBN : 978-2377221653
266 pages
Quatrième de couverture
Lander doit se rendre à Paris pour accomplir sa dernière
mission. Un objectif très à risques, véritable raison de son retour en France
et de son changement d’identité. Pour lui, le compte à rebours est déjà lancé.
Mais en chemin, il croise la route de Marie.
Une jeune veuve dont l’époux policier s’est « suicidé » il y a quelques
années, la laissant seule avec leurs deux enfants et beaucoup trop de
questions… Lander a un doute, une intuition…
Mon avis
Rester ou continuer la route ?
Lorsqu’on le rencontre on pense sans doute qu’il s’agit d’une
brute épaisse, un homme sans cœur, sans foi, ni loi mais en réalité c’est une
ombre, un fantôme car c’est ainsi qu’il veut être…. Pourtant il est tellement
« palpable » que l’on a sans cesse l’impression qu’il va surgir d’une
minute à l’autre dans la pièce où on se trouve. Cet homme est si présent qu’il
emplit le livre et en même temps il nous échappe car c’est un taiseux, un
électron libre. Assoiffé de justice et de liberté, il a le regard direct de
ceux qui perçoivent en quelques secondes ce que vous êtes, ce que vous
ressentez. Un sens aigu de l’observation qui lui permet de se sortir de
situations que l’on dirait inextricables. Chacune de ces décisions est mûrement
réfléchie, pensée, soupesée et une fois le choix acté il est irrévocable. Il cloisonne
soigneusement sa vie pour être invisible aux yeux de tous, disparaître ou réapparaître
quand bon lui semble. On ne sait pas grand-chose de lui. Suffisamment pour apprendre
qu’il a travaillé dans les services secrets, dans l’armée et qu’il s’en est
affranchi. Il est dangereux dans le sens où il vaut mieux ne pas être, ou ne
pas devenir, son ennemi. Quand il donne, il donne tout, son énergie, son
affection, sa force, sa droiture, mais toujours en retenue comme s’il lui était
indispensable de maîtriser chacun de ses actes, au risque de devenir
vulnérable. S’il existait dans la vraie vie, ah s’il existait dans la vraie vie…sûr
que certaines malversations seraient punies….
Cette fois-ci, il s’appelle Lander. Une identité d’emprunt
mais bien solide. Sur sa route, il croise Marie et ses deux enfants. Il dépanne
sa voiture, elle hésite mais puisqu’il pleut et que ses gosses la culpabilisent
elle le fait monter sur le siège passager. Il finit chez elle, ou plutôt dans
les chambres d’hôtes tenues par sa mère. Quelques échanges et il apprend que
son mari s’est suicidé il y a quelque temps. Le peu qu’elle lui en dit ne lui
semble pas clair. Il propose son aide, elle refuse, puis finit par dire oui
sans savoir où tout cela les mènera. La grand-mère n’aime qu’on se mêle de
leurs affaires, les jeunes sont sous le charme. Alors l’homme va creuser un peu
cette disparition.
Avec des scènes et des portraits d’une précision
chirurgicale, Marco Pianelli nous entraîne dans l’univers de Lander, au milieu
des malfrats, des caïds qui tracent leur chemin sans se préoccuper de qui ou de
quoi que ce soit. Sauf que là, ils ont trouvé plus rusé qu’eux. Leurs magouilles
et combines vont être mises à mal. Comment Lander, face à des ogres, des gens
armés jusqu’aux dents, couverts et blanchis par les autorités, pourra-t-il
faire triompher le bien ? Il ne lâchera rien, ce n’est pas son style, il
prendra le temps nécessaire mais il obtiendra des réponses, des vraies pas des
faux semblants, des à peu près, des sourires en coin ou des « si »,
non, la vérité, brute, réelle même si elle doit faire mal.
Je suis envoûtée par l’écriture et le style de l’auteur. Des
phrases courtes, des phrases chocs, qui percutent le cœur, l’esprit et qui font
que le lecteur est tout de suite dans le récit. C’est comme si chacun de ses
mots vibrait en moi, il me transmet tout : l’émotion, l’adrénaline, le
dépaysement, je suis à fond.
De plus, comment dire, peut-on être dingue d’un héros de papier ?
Je dois l’avouer, je suis folle de Lander, enfin de celui qui se cache sous ce
nom, puisque dans le premier roman, il se nommait autrement. Pourtant, comme Marie,
je ne suis pas spécialement attirée par les grands baraqués mais il a quelque
chose d’indéfinissable qui fait qu’on ne peut que tomber sous son charme. Pourtant,
on le sait, ce n’est pas un homme d’attache, plan plan, ni démonstratif, ni prêt
à se poser mais à ses côtés, on se sent comprise, soutenue, et on soulèverait
des montagnes pour lui dire merci.
Comme ce n’est pas possible, je vais me contenter de dire
merci à Monsieur Marco Pianelli !
NB : Bravo Monsieur « Jigal » pour la
couverture !
PS : Vous écrivez le prochain Marco ?
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