Belle Greene
Auteur : Alexandra Lapierre
Éditions : Flammarion (20 Janvier 2021)
ISBN : 978-2081490338
546 pages
Quatrième de couverture
New York, dans les années 1900. Une jeune fille, que
passionnent les livres rares, se joue du destin et gravit tous les échelons.
Elle devient la directrice de la fabuleuse bibliothèque du magnat J.P. Morgan
et la coqueluche de l'aristocratie internationale, sous le faux nom de Belle da
Costa Greene. Belle Greene pour les intimes. En vérité, elle triche sur tout.
Car la flamboyante collectionneuse qui fait tourner les têtes et règne sur le
monde des bibliophiles cache un terrible secret, dans une Amérique violemment
raciste. Bien qu'elle paraisse blanche, elle est en réalité afro-américaine.
Et, de surcroît, fille d'un célèbre activiste noir qui voit sa volonté de
cacher ses origines comme une trahison
Mon avis
« One-drop rule », une seule goutte de sang…..
Autrement dit, aux Etats-Unis, une seule goutte de sang noir,
même remontant à très longtemps en arrière et vous êtes considéré comme
personne à peau noire, donc sans les mêmes droits que les blancs. Dans les
années 1900, cette décision était vraiment d’actualité et il était hors de question
de tricher ou même d’essayer…. Bien sûr, de nos jours, sur le papier, tout cela
n’existe plus… Sur le papier, mais en réalité ? Bref, revenons à l’excellent
roman d’Alexandra Lapierre.
Après un remarquable travail de recherches très
approfondies, pendant trois ans, elle a reconstitué et présenté la vie de Belle
Greene, une jeune fille que l’on voit évoluer sur plusieurs décennies. Avec sa
famille (sa mère et ses frères et sœurs), elle décide de prendre une autre identité,
d’oublier les racines noires de leurs ancêtres. Tous et toutes ont la peau
claire, parfois même les cheveux blonds.
En s’inventant un autre passé, d’autres noms, le plus proches de ce qu’ils
sont, les portes de tout ce qui leur est interdit d’après les règles, s’ouvriront
et ils pourront aller au bout de leurs ambitions. Il leur faudra être prudents,
mais pour eux, c’est important de pouvoir vivre leur vie sans tenir compte de
cette goutte de sang.
« Je ne me suis jamais sentie noire, physiquement je
suis blanche. Je ne vois pas pourquoi je devrais vivre et mourir comme un
chien. »
Passionnée par les livres rares et anciens, d’un petit job à
une place jalousée et enviée, Belle gravit les échelons et devient la
directrice de la bibliothèque / musée du richissime J.P. Morgan. Très douée
pour les négociations, jouant de son intelligence, de son charme et des
relations mises en place au fil du temps, elle complète les collections,
faisant de ce lieu unique un endroit magique.
Magnifiquement écrit, ce récit se dévore. On découvre les hauts
et les bas de cette famille, les difficultés qui se mettent en travers de leur
route, le retour du père qui les met en danger (c’est un militant de la cause
noire). Tout ce à quoi il a fallu renoncer pour réussir et le fait qu’en
agissant ainsi, Belle fréquente ceux qui n’aiment pas, voire martyrisent son
peuple. Sa réussite est à ce prix. Mais en agissant ainsi, ne court-elle pas le
risque, avec les siens, que le secret de leurs origines soit un jour dévoilé ?
Tout finit par se savoir, non ?
Renier son passé, c’est faire table rase, c’est occulter en
partie ce qu’on est….
« Être noire, c’est partager les mêmes expériences,
les mêmes souvenirs, les mêmes plaisanteries, les mêmes histoires, les mêmes
chansons. » dit la mère de Belle. C’est comme si rien n’avait existé
avant la nouvelle identité.
C’est par un concours de circonstances tout à fait étonnant
que la vérité sur cette femme a été connue. On aurait pu ne rien savoir…
Je suis heureuse d’avoir découvert cet admirable portrait.
Il aurait été dommage de passer à côté. J’aime l’idée qu’une femme, non
destinée à une telle carrière, soit arrivée à ses fins, qu’elle ait tenue tête,
qu’elle n’ait pas cédé.
Un coup de cœur !
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