Les Vertueux
Auteur : Yasmina Khadra
Éditions : Mialet Barrault (24 août 2022)
ISBN : 978-2080257949
544 pages
Quatrième de couverture
Yacine Chéraga n'avait jamais quitté son douar
lorsqu'il est envoyé en France se battre contre les "Boches". De
retour au pays après la guerre, d'autres aventures incroyables l'attendent.
Traqué, malmené par le sort, il n'aura, pour faire face à l'adversité, que la
pureté de son amour et son indéfectible humanité.
Mon avis
Il s’appelle Yacine, un jeune homme bien comme
il faut qui vit avec ses parents et ses frères et sœurs en Algérie. Un jour, à
l’automne 1914, le Caïd Gaïd Brahim l’envoie chercher. On ne désobéit pas à un
tel homme alors, confiant, il y va et se retrouve dans un vaste domaine. Il se
demande bien ce qu’on lui veut et ne tarde pas à le comprendre. Prendre la
place, comme militaire, du fils du Caïd, qui serait réformé s’il se présentait,
et ramener des médailles pour dorer le blason du chef. Devenir un autre et
partir à la guerre. S’il dit non, c’est sa famille qui en souffrira et pas
qu’un peu, s’il dit oui, il sera riche au retour.… Mis en face de ce marché,
Yacine n’a pas le choix, il accepte et le voilà parti en France se battre
contre les allemands.
On va suivre le périple de ce jeune homme parfois
un peu naïf. Il ne connaît rien du monde où il arrive. Lui, il croit en de
vraies valeurs d’amour et d’amitié, d’entraide et de respect, de bienveillance,
d’honnêteté, et il pense que tout le monde est comme ça. Malheureusement, ce
n’est pas le cas et sa route va être semée de désillusions, de trahisons,
d’embuches, voire même d’horreur. Ce qui est impressionnant, c’est qu’il reste
droit, noble, fidèle à lui-même, espérant sans cesse des jours meilleurs. Il
cherche les siens, persuadé qu’il les reverra. Quand l’espoir disparaît, il
puise en lui la force d’avancer. Je crois que c’est cette quête qui lui permet
de tenir malgré tout ce qu’il subit d’injuste, de violent.
« On peut faire le deuil de ses morts,
pas celui des absents. »
C’est un magnifique roman, rédigé d’une
écriture belle et majestueuse. C’est un récit qui a du souffle, de la
profondeur. C’est Yacine qui raconte son chemin à la première personne. On découvre
des situations compliquées, des personnages qui hésitent entre le croire et le
rejeter. C’est toute l’ambivalence des liens qui unissent les hommes loin de
chez eux dans un premier temps qui se dessine. Et puis, il y a le retour et ça
et là, on recroise des personnages déjà évoqués dans d’autres passages de la
vie de Yacine.
On l’accompagne sur de nombreuses années, les
épreuves le minent, l’abîment mais ne le détruisent pas. La construction quasi
linéaire, est magnifique et pas un instant, on ne ressent de longueur. Le texte
ne faiblit pas et le propos reste puissant jusqu’à une fin magistrale qui vous
laisse pantelante dans votre canapé, les larmes aux yeux.
« Vis ce que tu as à vivre et cherche l’amour jusque dans l’infortune, car tout ce qui n’est pas amour n’est que diversion. »
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