Enfants d’hier, parents d’aujourd’hui
Auteur : Jean-Pierre Wenger
Éditions : BOD (16 décembre 2022)
ISBN : 978-2322447527
248 pages
Quatrième de couverture
Dans une France rurale et rude, la petite Blanche et sa
soeur Marie doivent affronter le deuil de leur mère et subir la méchanceté
intéressée de leur marâtre, sous l'oeil indifférent d'un père qui se tue à la
tâche. Blanche, la plus fragile, sera marquée, dans son corps et dans son
esprit, par ce désamour et les brimades d'une belle-mère n'éprouvant pas la
moindre empathie. Comment, dès lors, va-t-elle pouvoir se construire et
s'épanouir, de son adolescence meurtrie à sa vie de femme incomprise ?
Mon avis
Blanche et Marie sont deux petites filles qui vivent à la campagne
auprès d’un père charpentier et d’une mère au foyer. Cette dernière, ne donnant
pas d’héritier mâle, est « répudiée » par son époux. Le récit se
déroule à une époque où il est essentiel d’avoir un garçon dans la famille. Maria,
la maman vit seule désormais et voit ses filles de temps à autre. De santé
fragile, elle décède et la nouvelle femme, Louise, doit prendre en charge les
deux fillettes. Elle n’en a pas du tout l’intention, elle les trouve
encombrantes, et puis à cause d’elles, elle a moins d’argent à dépenser et plus
de choses à faire au domicile. Ce n’est pas comme ça qu’elle voyait les choses.
La situation se dégrade rapidement, elle devient vraiment méchante avec les
deux gosses. Comme le papa rentre tard, il ne voit pas ce qu’il se passe. D’autant
plus qu’il a deux versions, celle des gamines et celle de sa conjointe et bien
entendu, elles sont totalement différentes. Qui croire sans preuve ?
Dans ces familles rurales, les habitants sont des « taiseux »
et quand on rentre épuisé par une journée de labeur, on n’a pas envie d’entendre
des plaintes. Alors, le paternel va à l’essentiel : il veut la paix au
sein de son foyer. À quel prix ? Les deux enfants vont-elles être entendues
par cet homme ou va-t-il prendre fait et cause pour sa compagne ?
La communication est difficile, l’écoute encore plus, les
voisins, les enseignants n’ont pas forcément assez « de pouvoir »
pour s’opposer et dire ce qu’ils ressentent. Et puis, au nom de quoi se mêlent-ils
de ce qui ne les regarde pas ?
L’auteur, avec une plume sûre, de qualité, entraîne le lecteur
dans les pas de ses personnages, principalement Blanche et Marie. Elles grandiront,
deviendront adolescentes puis femmes sous nos yeux. Les traumatismes de leur
jeunesse vont-ils laisser des traces ? Peut-on passer outre les blessures
et vivre paisiblement ? Quels liens peuvent-elles maintenir avec leur
famille ? Est-ce que c’est facile de s’installer dans la vie et d’obtenir
ce qu’on veut ?
« Elle mesurait la différence entre ses espoirs, ses
rêves d’enfance et la réalité. »
Dans un récit très bien construit, sur plusieurs années et divers
lieux, Jean-Pierre Wenger aborde des thématiques intéressantes. Au-delà de tout
ce qui peut construire ou détruire un couple, une famille, il évoque également
le rapport au travail et entre collègues, la confiance, la place des français à
l’étranger. Il décrit avec intelligence les ressentis des protagonistes. Il « égratigne »
ceux (ou celles…) qui imposent, décident, choisissent pour les autres. Il
rappelle combien le respect de la parole donnée, l’empathie, le dialogue sont
importants pour avoir des relations saines et positives, et qui permettent à
chacun d’avancer avec sérénité.
J’ai eu beaucoup de plaisir à découvrir ce roman. Je suis « rentrée » dedans, ressentant de la colère parfois, de la pitié, du soulagement ou de l’énervement à d‘autres moments, ce qui prouve que le texte est vraiment « prenant » et réaliste.
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