Le soleil rouge de l’Assam (Death in the East)
Auteur : Abir Mukherjee
Traduit de l’anglais par Fanchita Gonzales Batlle
Éditions : Liana Levi (2 Février 2023)
ISBN : 979-1034907250
416 pages
Quatrième de couverture
Venu se désintoxiquer de son addiction à l’opium dans un
ashram au cœur de l’Assam, le capitaine Wyndham ne pensait pas prendre
précisément des vacances. Cependant il ne pouvait imaginer qu’en ce mois de
février 1922, à l’autre bout de la planète, un fantôme surgi d’un lointain passé
londonien reviendrait le hanter. Mais que peut bien faire cet escroc dans ce
coin paumé où on ne trouve pas un whisky convenable à des miles à la ronde ?
Mon avis
C’est le quatrième roman que je lis de cet auteur et j’aime
beaucoup retrouver ses personnages récurrents et l’atmosphère indienne de
l’époque (ici 1922). Le récit est une fois encore installé dans un contexte
historique riche, soigneusement intégré à l’intrigue, notamment par le biais
des relations entre le capitaine Wyndham (un anglais exilé -par punition- à
Calcutta) et son adjoint indien Satyendra. De plus, Abir Mukherjee a une
écriture encore plus aboutie (merci à sa fidèle traductrice), et la
construction de ce nouveau livre est intéressante ainsi que les thématiques
abordées. C’est vraiment une réussite et la lecture, addictive, a été un vrai
plaisir ! Je signale que cette nouvelle aventure peut être lue
indépendamment des autres, même si lire dans l’ordre permet de voir l’évolution
des protagonistes.
Prenons le capitaine Wyndham, que je commence à connaître.
Pour des raisons que je n’expliquerai pas ici, il est de plus en plus dépendant
à l’opium. C’est devenu un besoin et un élément de sa survie. Pourtant, réalisant
qu’il sombre, il a décidé de combattre cette drogue et il vient se réfugier
pour quelque temps dans un ashram dans l’Assam pour suivre une cure de
désintoxication, laissant son boulot de policier de côté pendant cette période.
Il est donc sans collègue, un peu incognito. Il aperçoit, à la gare, un homme
qui lui rappelle une affaire survenue en 1905 mais il se croit en proie à une hallucination.
Des faits bizarres l’obligeront à sortir de sa réserve.
Nous allons alterner d’un chapitre à l’autre les événements
de 1905 (à Londres dans le quartier de Whitechapel avec un Sam débutant et
plein d’illusions, presqu’un peu trop sûr de lui) et ceux de 1922 (au début, c’est
surtout la lutte du policier pour se sortir de sa dépendance). Son collègue,
Sat, arrivera sur la fin (c’est un peu dommage car les conversations entre les
deux hommes apportent un plus).
J’aime beaucoup les périodes évoquées : 1905 avec la
place des immigrants juifs dans l’East End, un coin pauvre où ils sont rarement
bien accueillis tant la misère est présente, et 1922 avec les indiens qui
essaient de se débarrasser de la domination anglaise (le RAJ britannique), les références
à Gandhi… On découvre l’histoire et on comprend les réactions des habitants.
Les deux enquêteurs ont muri, leur collaboration et leur
lien ont évolué. On sent qu’ils osent plus se parler, surtout Sat (quelle belle
phrase de conclusion à la dernière page !). Les différentes personnes qui
interviennent dans le récit sont bien décrites et les questionnements pendant
les investigations ne sont pas neutres. Il y a une réelle réflexion sur ce qui
a bien pu se passer tout en tenant compte du contexte et des individus rencontrés.
Les deux hommes observent, déduisent, interrogent à bon escient et on sent que
l’indien prend de l’assurance (comme son peuple pour se débarrasser du joug
anglais). Il n’hésite pas à s’assumer et on a envie de le soutenir.
J’aime beaucoup le style et le phrasé, les choses s’installent, il n’y a pas pléthore d’actions mais pas un seul temps mort. Une quatrième aventure parfaitement maîtrisée et très agréable à lire ! Je suis fan d’Abir Mukherjee !
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