Petits désordres
Auteurs : Christophe Guillaumot & Maïté Bernard
Éditions : Liana Levi (2 Mars 2023)
ISBN : 9791034907151
210 pages
Quatrième de couverture
Grégoire Leroy a l’habitude de surmonter les désagréments du
quotidien, car il est commandant de police et chef d’une brigade de répression
du proxénétisme. Ce n’est pas une révolte de prostituées, ni même les demandes
incongrues de ses chefs qui vont le déstabiliser. Mais hélas, une expression
balancée dans le feu de l’action suffit à lui attirer les foudres de la
hiérarchie. Aujourd’hui le langage doit être maîtrisé à la virgule près et sa
phrase « on n’est pas des pédés » soulève un tollé au Bastion. L’indignation
monte dans les rangs et on réclame sa tête !
Mon avis
Jubilatoire !
J’ai coutume de dire que lorsqu’on rit, on gagne des minutes
de vie. Et bien, là j’en ai engrangé ! Écrit à quatre mains, ce roman est
une comédie policière pleine de dérision, de temps en temps un tantinet
loufoque mais portant également des réflexions intéressantes même si elles ne
sont qu’effleurées. À aucun moment je n’ai senti la différence de style ou
d’écriture, c’est très fluide, « enlevé », plein d’humour et c’est un
plaisir. Même les titres de chapitres sont amusants. J’ai lu un entretien avec
les deux auteurs où ils expliquent que leurs personnalités différentes (elle
l’intello de gauche, lui le flic bien rangé) ont été un atout pour rédiger
ensemble. Ils n'ont pas hésité à faire des propositions de rajouts ou de
censures aux textes de l’autre. Et surtout, ça se lit entre les lignes, je suis
certaine qu’ils se sont amusés comme des gosses ! Et c’est
important !
Grégoire Leroy est commandant de police, divorcé, une fille.
Il doit « composer » comme on dit avec les tracas quotidiens, les
tensions à la maison pour la garde partagée ou au boulot car il est chef d’une
brigade de répression du proxénétisme. Ses adjoints, dont Samia, sont assez
sympathiques et ça pourrait être tranquille. Mais à notre époque, il faut plus
que faire attention à ce qu’on dit. Un mot, une phrase, mal interprétés et
c’est la catastrophe. Alors que son chef lui demande d’éloigner une
manifestation de prostituées trop proche des bureaux, il échappe un : « On
n’est pas des pédés » à une brigadière qui, appliquant les ordres à la
lettre, refuse de lui ouvrir la porte pour qu’il aille parlementer avec les
manifestantes. Il aurait mieux fait de se taire. Elle est membre de l’association
des flics LGBTQI+ et ne laisse pas passer….
Commence alors un engrenage de problèmes comme on en voit dans
certaines situations ubuesques où tout se met de travers. Ça débute par une
convocation en haut lieu, ça continue avec des conflits avec sa fille, des enquêtes
contrariées avec Samia (pourtant, ils essaient de faire au mieux mais que de
maladresses !), des soucis de voisinage, des coéquipiers parfois fuyants, etc…
Pauvre Grégoire, il ne sait plus ce qu’il faut faire ou dire pour que
l’équilibre revienne. Même la nage en piscine (sorte de psychothérapie pour son
chien) est compliquée, c’est dire.
J’ai aimé voir, au fil des pages, l’évolution de cet homme.
Je crois que les dialogues avec sa fille, même houleux quelques fois, l’ont
aidé à avancer, à se positionner.
« Les gens de ta génération croient êtres des
victimes, mais ils ne sont des victimes de rien du tout, sinon de leurs peurs,
de leurs mesquineries, de leur paresse à penser et à s’adapter. »
Finalement, entre l’incident au travail et les discussions
avec les uns et les autres, plus ses réflexions personnelles, il y a une prise
de conscience qui permet à Grégoire de réfléchir à sa vie, ses choix, ce qu’il
veut pour l’avenir.
J’ai passé un excellent moment de lecture, je riais toute
seule dans mon canapé. Les scènes sont très visuelles ( j’imaginais le mouton
au rond-point entre autres). Les deux auteurs ont sur transcrire un récit qui
se tient avec quelques investigations policières, des antagonismes entre
certains protagonistes et des individus truculents. De plus, ils manient la
langue française avec subtilité.
Un recueil qui met le sourire aux lèvres dès les premières lignes et jusqu’à la fin (et même quand on y repense !)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire