Les jaloux (The Jealous Kind)
Auteur : James Lee Burke
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Christophe Mercier
Éditions : Rivages (7 juin 2023)
ISBN : 978-2743659912
434 pages
Quatrième de couverture
À Houston, dans les années 1950, le jeune Aaron Holland
Broussard fait un rude apprentissage de la vie, entre trafics de drogue et
familles mafieuses, sur fond de romance contrariée.
Mon avis
1952, Houdson au Texas. Aaron Holland Broussard a dix-sept
ans et parle de son quotidien. Son père a combattu pendant la seconde guerre
mondiale et veille sur son éducation. Un jour, dans un drive-in, il assiste à
une dispute dans un couple. En enfant bien élevé, il demande si ça va et tombe
immédiatement sous le charme de Valérie. Elle quitte son boy friend et accepte
les « avances » d’Aaron. C’est une fille connue, appréciée, enviée et
être avec elle, est déjà, en soi, une fabuleuse aventure. Mais il s’avère que
ce coup de foudre va être synonyme d’ennuis et pas des petits. Pourquoi ? « L’ex »
de Valérie est Grady Harrelson, un garçon riche qu’on ne contrarie pas. Et il
veut se venger de l’humiliation que lui a fait subir Aaron. Ce dernier n’a pas
envie de se transformer en carpette et entend bien se faire respecter. C’est
sans compter « leurs amis » respectifs, leurs parents, qui vont s’en
mêler, intervenir, conseiller.
Rivalités, jalousies, clans, tous ces adolescents (il y a
très peu de filles donc je mets uniquement le masculin) sont en plein passage à
l’âge adulte. Ils veulent se comporter en homme mais ce n’est pas chose aisée.
Il faut encore étudier, travailler pour l’argent de poche, obéir à ses
géniteurs. Saber, l’ami d’Aaron est un peu un électron libre et il est capable
du meilleur comme du pire. Il ne réfléchit pas et se laisse manipuler malgré
les avertissements de son camarade.
James Lee Burke décrit à merveille les caractères, les
influences subies par chacun. Les fils pourraient partir se battre en Corée,
les pères ont déjà vécu les conflits armés. D’ailleurs poignards et révolvers
se promènent dans ce récit et font partie du quotidien. Est-ce que se bagarrer
est une preuve qu’on grandit ?
Quelle que soit la génération, les dialogues sont ardus,
tous semblent préférer l’action à la parole. Quand ils s’expriment, il y a
souvent une part cachée, des non-dits, voire des sous-entendus. L’auteur montre
la complexité des relations humaines dans une ville où la fracture entre les
classes sociales est importante, allant même jusqu’à entraîner des faits de
violence.
Ce roman est très intéressant, il présente l’évolution des
personnages qui changent au fil des pages. À chaque nouvelle situation, ils
essaient de réfléchir, parfois seuls ou avec l’aide des adultes mais en voulant
en parallèle prouver qu’ils sont capables d’agir en solo ou éventuellement à
deux. Ils sont écartelés régulièrement entre dire ou taire la vérité. Ils sont
confrontés à la bestialité : « Le mal absolu a pénétré dans ta vie,
et tu n’y es pour rien. C’est ce qui détruit les gens. »
J’aime beaucoup l’atmosphère qui est installée dans ce
recueil. C’est noir, très représentatifs des tensions entre les individus, qui
n’ont pas tous le même but, les mêmes envies. Des références musicales accompagnent
le texte. Elles sont en lien avec certains événements et c’est très bien pensé.
Le passé a laissé des traces et beaucoup de questions se posent, nous permettant
de réfléchir : qu’est-ce que le péché ? Quelles sont les valeurs qui
habitent Aaron et les autres ?
L’écriture (merci à Christophe Mercier le traducteur) est profonde, puissante, il a les mots justes. Le style est réaliste, on a vraiment l’impression d’y être. Je verrai bien une adaptation en film. J’ai beaucoup apprécié cette lecture car certains protagonistes puisent en eux le courage nécessaire pour faire face et avancer en pouvant se regarder dans une glace.
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