"La nuit des fous" d'Anouk Shutterberg

 

La nuit des fous
Auteur : Anouk Shutterberg
Éditions : Récamier (2 novembre 2023)
ISBN : 978-2385770310
370 pages

Quatrième de couverture

Élise, jeune trentenaire atteinte d'une grave pathologie, découvre à la mort de son père l'existence d'une tante. Un secret familial. Mai 2022. Dole, Jura. Cinq squelettes sont déterrés lors d'un chantier. Le commandant Jourdain en charge de l'enquête l'ignore encore mais, dans ce dossier, la folie est à ses trousses.

Mon avis

Glaçant… très noir…  du vrai roman psychologique qui vous prend aux tripes, vous faisant descendre au plus profond de l’obscurité de l’âme humaine. Dans les tréfonds, là où se dit « ce n’est pas possible, personne ne peut être habité par tant de folie »…. et pourtant…

Élise a une trentaine d’années, elle a une maladie musculaire qui la gêne dans sa vie quotidienne mais elle assume. Sa vie est assez solitaire et son Papa est en fin de vie, il ne lui reste plus que lui… Il est mal en point et avant de mourir il lui annonce qu’elle a une tante et qu’elle retrouvera sa trace grâce à de vieux courriers qui sont restés dans l’appartement. Elle se sent seule, retrouver cette parente lui fera du bien. Elle va faire des recherches pour finaliser ces retrouvailles. Elle n’imagine pas une seconde ce à quoi elle va être confrontée ….

En parallèle, on suit le commandant Stéphane Jourdain, personnage récurrent de l’auteur (mais le livre peut se lire de façon indépendante). Torturé par le décès d’une de ses filles, il ne va pas bien du tout même s’il essaie de donner le change au boulot. Mais une nouvelle affaire arrive, cinq squelettes trouvés sur un chantier. Il faut mener l’enquête. Aidé de ses fidèles collègues, Jourdain se met au travail. Ces coéquipiers sont de vrais soutiens et chacun a son domaine de prédilection et peut se consacrer à un pan des investigations.

Deux lieux, deux histoires, y-aura-t-il une jonction, un point commun ou pas ? Pour le savoir, il n’y a plus qu’à lire cet excellent récit ;- )

Accompagné d’une play list de qualité et de quelques photos en noir et blanc bien placées, le texte est rédigé dans un style incisif. Anouk Shutterberg plante le décor, décrit les scènes avec précision, et le lecteur est totalement partie prenante. On passe par beaucoup d’émotions, on voudrait agir, on serre les poings, la colère nous envahit, la peur également avant, peut-être une lueur d’espoir ?

Les caractères des protagonistes ainsi que les raisons de leurs actes sont bien décortiqués, analysés, situés dans le contexte, par rapport à leur passé, leur évolution. Je suis admirative des références sur les différents lieux, notamment les colonnes-guidons que je suis allée voir en détails sur internet. Pour moi, c’est un plus évident. Situer les intrigues dans des endroits choisis soigneusement en lien avec les événements permet de donner plus de profondeur à tout ce qui se passe, même si, vivant à Saint-Etienne, j’ai eu froid dans le dos en lisant…

L’écriture de l’auteur est puissante, je pense qu’elle se bonifie, qu’elle est encore plus aboutie que dans ses premiers opus. Son imagination est impressionnante et lorsqu’on lit dans les dernières pages, ce qui a été le point de départ de « La nuit des fous », c’est bluffant de réaliser où ça l’a entraînée.

Certains passages sont difficiles, pas tant par la violence sous-jacente mais par la tension nerveuse qu’ils suscitent, et c’est preuve qu’Anouk Shutterberg sait établir une atmosphère pesante, adaptée aux propos et aux situations présentées.

Ce recueil est parfaitement réfléchi, équilibré, tout s’emboîte sans fausse note, je suis bluffée car c’est diablement (et c’est bien le mot qui convient) bien pensé !


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