Sandiniste !
Auteur : Yann Madé
Éditions : Jarjille (20 Octobre 2023)
ISBN : 978-2-493649-14-0
98 pages
Quatrième de couverture
A treize ans, je n'avais pas de futur. Du moins c'est ce que
me disaient mes idoles punks... Mais le futur est arrivé : En 1980, the Clash a
sorti Sandinista!, l'album mythique de son virage artistique et politique.
Adulé ou détesté, ce triple album clivant et foutraque est resté dans
l'histoire du rock comme le disque d'un groupe qui voulait être autre chose
qu'une éternelle bande de branleurs. En plongeant quarante ans plus tard dans
mes cahiers d'adolescent et dans le livre enquête de Vincent Brunner, j'ai
essayé de comprendre pourquoi j'avais toujours pensé que ce disque avait changé
ma vie. Peut-être que je n'aurais jamais fait de BD liées au rock si je n'avais
pas voulu moi aussi, intuitivement, être autre chose... et peut-être qu'il est
grand temps de donner la parole aux femmes à notre sujet. Car ni the Clash ni
moi n'aurions beaucoup évolué sans elles.
Mon avis
« Je me suis aperçu que ceux que je considérais
comme des idoles essayaient juste de faire ce que j’avais tenté moi-même. Sortir
de la rage et de la violence pour devenir des gars un peu meilleurs. »
Une bande dessinée autobiographie sur une période de la vie
de l’auteur. Pourquoi ? Parce qu’il se rappelle le 20 Juin 1979. Ce
jour-là, Bill Stewart, journaliste américain est assassiné à Managua. Il
couvrait la révolution nicaraguayenne, et parlait des forces rebelles
sandinistes en disant « des jeunes qui font la guerre aux vieux ».
Yann Madé, alors jeune adolescent, s’est retrouvé dans ses paroles.
Il était mal dans sa peau, un peu dissipé et ce genre de réflexion faisait écho
en lui. Une envie de combattre mais quoi et pour qui ? Alors, quelque
temps après, la découverte du groupe The Clash avec le disque « Sandinista »
est une révolution musicale pour lui. Avec cet album, la musique punk rentre
dans sa vie. Les titres ont été enregistrés à Londres, Manchester, New York et
en Jamaïque. Yann Madé nous fait voyager aux côtés des artistes qui les ont chantés,
joués.
Je pense que cette BD n’a pas été facile à « construire ».
Il fallait trouver un équilibre entre les souvenirs, parfois déformés, les
ressentis, les extraits de journal intime (merci à Yann Madé de partager ce qu’il
a écrit ado, avec le lecteur). Est-ce que Sandinista ! a réellement changé
sa vie, sa façon d’être ? La réponse a-t-elle beaucoup d’importance ?
L’essentiel est ailleurs, dans le cheminement de ce gosse de treize ans qui est
devenu un homme et qui assume ses choix. Il est « vrai » et rien que
pour ça, la lecture vaut le coup !
Les tracés sont au crayon avec des nuances de gris, des ombres,
parfois un peu de jaune. Les vignettes et les bulles peuvent se chevaucher, se
diviser, se croiser. Cela donne du « rythme », du mouvement, aux
pages. Si en plus on écoute les titres évoqués en fin d’ouvrage, on est
embarqué.
J’ai beaucoup apprécié cette lecture. J’ai senti que l’auteur
se dévoilait, nous offrait un peu de lui … les écrits de ses carnets intimes
sont souvent bouleversants, et on ne peut pas s’empêcher de penser à ce qu’on rédigeait
au même âge… A-t-on accompli un de nos rêves ? Lui, oui, (voir page 83) et
avec brio !
NB : En fin de livre, quelques pages très personnelles puis toutes les références citées ou dessinées.
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