La librairie ambulante (Parnassus on Wheels)
Auteur : Christopher Morley
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Oscar Lalo
Éditions : Récamier (8 Février 2024)
ISBN : 9782385770372
196 pages
Quatrième de couverture
Mon avis
Ce petit livre est paru en 1917. À part la lettre
introductive écrite par l’auteur, il est rédigé à la première personne et c’est
une femme qui s’exprime. Elle s’appelle Helen, économise pour essayer de s’acheter
une voiture. Elle vend les œufs de ses poules, ses confitures et elle s’occupe
du quotidien de son frère et d’elle-même dans la ferme qu’ils habitent en
Nouvelle-Angleterre. Elle a trente-neuf ans et une vie assez morne : cuisine,
ménage, couture, rangements …. Son frangin, Andrew, ancien homme d’affaires, a
maintenant réussi et a un peu prix la grosse tête. Il se montre un tantinet
méprisant avec elle.
Un jour, une espèce de roulotte s’arrête devant leur
demeure. Elle est seule et discute avec l’homme qui la conduit. Le véhicule est
aménagé en « librairie ambulante ». Le propriétaire sillonne les
routes avec son cheval, son chien et ses livres qu’il vend au gré de ses
rencontres. Il voudrait se poser pour
écrire, raconter les anecdotes qu’il a vécues. Il a pour projet de faire
affaire avec Andrew en espérant qu’il fasse l’acquisition du convoi. Helen,
elle, a une envie de rébellion, elle a ras le bol de servir de bonne.
Un coup de folie, une envie de fantaisie ? Voilà que la
transaction est signée. L’un vend, l’autre achète et les deux filent sur la
route. Lui pour lui faire découvrir le métier, l’autre pour l’apprendre. Une
lettre est déposée sur la table pour qu’Andrew soit informé. Le lecteur va
suivre les premiers pas de la future libraire mais rien ne sera vraiment facile
pour elle.
Ce roman est un petit bijou au charme suranné (déjà la
couverture donnait le ton), à l’atmosphère exquise. Un récit avec de l’humour,
de la sagesse, une pépite littéraire bien traduite (merci à Oscar Lalo) au
phrasé pas si désuet qu’on pourrait le penser vu la première date de parution.
J’ai trouvé l’écriture très poétique et très évocatrice.
Quand Helen parle du vendeur, c’est délicieux à lire.
« Déconcertée, j’observais ce petit coquin un
tantinet ratatiné. Je découvrais une nouvelle facette de cet aimable idéaliste.
Il y avait en lui, à côté de son doux amour des livres, un grain de diablerie intrépide. »
C’est une femme attachante qui va se découvrir en cheminant.
On la voit évoluer, prendre de l’assurance, s’émanciper. Et à cette époque, ce
genre de comportement, c’est une vraie révolution ! On verra comment
certains s’y prennent pour entraver ses velléités d’indépendance.
Le texte est parsemé de références littéraires, elles sont
très bien introduites. Les arguments pour conseiller les futurs acheteurs sont
fins, drôles, raffinés.
« Un homme qui a quelques bons livres chez lui rend
sa femme heureuse, donne à ses enfants un bon départ dans la vie et est
susceptible d’être lui-même un meilleur citoyen. »
Cette lecture a été une parenthèse enchantée, une bulle de délicatesse.
Les scènes et les relations entre les uns et les autres sont décrites avec une
plume teintée de pureté. Je ne sais pas vraiment comment définir ce ressenti. C’est
une histoire simple mais très belle, qui n’a pas besoin finalement d’être « décortiquée »,
analysée, il faut la lire tout simplement et se laisser porter par l’émotion qu’elle
procure…..
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