Le fils du coiffeur (De kapperszoon)
Auteur : Gerbrand Bakker
Traduit du néerlandais par Françoise Antoine
Éditions : Christian Bourgois (1er Février 2024)
ISBN : 978-2267050189
348 pages
Quatrième de couverture
Simon n'a jamais connu son père, Cornelis. Lorsque Anja, sa
femme, lui avait annoncé qu'elle était enceinte, Cornelis avait déjà fait ses
valises et, un jour plus tard, il était mort. Comme son père et son grand-père,
Simon est coiffeur à Amsterdam. Son salon est plus souvent fermé qu’ouvert, car
les interactions sociales le fatiguent, un comble pour un coiffeur. Mais il y a
un client qu’il revoit régulièrement et à l’extérieur du salon : l'écrivain.
L'écrivain cherche un sujet pour son prochain livre et est captivé par
l'histoire du père de Simon.
Mon avis
Le fils du coiffeur … effectivement trois générations pour
un métier identique. Le grand-père, le père et le fils, Simon, et toujours la
même boutique, à Amsterdam.
Alors qu’elle était enceinte de Simon, la mère s’est
retrouvée seule. Un matin, son compagnon a disparu avec ses valises, direction
Tenerife et pas de chance, son avion est entré en collision avec un autre et il
a été déclaré mort puisqu’il était sur la liste des passagers. Elle a élevé le
mieux possible ou alors le moins mal possible son enfant. Et il a fini par
reprendre le magasin, un peu comme si une espèce de tradition le poussait à
agir ainsi. Il n’est pas fasciné par le travail et le panneau accroché à la
porte est plus souvent du côté « fermé qu’ « ouvert » car
lorsqu’il coupe, coiffe, ça lui prend de l’énergie et il doit se ressourcer
ensuite. Il peigne quelques fidèles, dont son grand-père, un écrivain etc.
Simon a une quarantaine d’années, une vie sentimentale assez
calme. Il préfère les garçons mais n’a pas d’histoire suivie, seulement
quelques attirances, même virtuelles, comme le prouvent les posters d’anciens
nageurs dans sa chambre… Il est d’ailleurs excellent en natation. Il a une
relation atypique avec sa mère, ils sont assez distants et se parlent peu. Mais
si elle demande un service, il obéit. Elle tente de l’influencer. Quand il
essaie de creuser pour en savoir plus sur l’accident qui a coûté la vie à son
père, elle ne dit rien, elle a même refusé que le nom de ce dernier apparaisse
sur le monument commémoratif car son corps n’a pas été identifié.
Dès le début du récit, on constate qu’il aimerait en savoir
plus sur ce fait. Il cherche sur internet, se renseigne, questionne son papy.
Le manque est net, il veut comprendre à la fois la fuite pour ce voyage qui ne
semblait pas programmé et ce qui s’est réellement passé. Il ne trouve pas grand-chose
et s’obstine.
Ce récit est partagé en trois parties, la première nous présente
la « quête » et le quotidien de Simon. Dans la deuxième, on part dans
le passé voir les raisons qui ont poussé le père à partir. Dans la troisième,
on retourne dans le présent au vécu de Simon.
De nombreux thèmes sont abordés dans ce recueil, l’homosexualité
pas toujours simple à assumer, la relation mère/fils, les non-dits, la
difficulté à faire « son deuil » lorsque la personne n’est pas
retrouvée (pour qui est-ce le plus compliqué ? La femme qui perd son
compagnon, le grand-père qui n’a plus de fils ou Simon qui n’aura jamais connu
celui qui l’a engendré ?), les questionnements liés à une catastrophe
aérienne qui ne s’explique pas. Le lecteur peut avoir des doutes sur ce qu’il
apprend dans la partie deux : fiction ou réalité ? L’auteur se
joue-t-il de nous ?
Le style fluide (merci à la traductrice), les dialogues vifs
font de ce livre une lecture agréable et divertissante. La mise en abyme bien
que légère, avec les recherches du client écrivain est un petit plus non
négligeable. Les personnages ont parfois un côté un peu prévisible, et les coïncidences
ont quelque chose de facile mais c’est rédigé avec humour et je crois que Gerbrand
Bakker agit ainsi pour mieux s’amuser avec nous.
C’est une histoire qui m’a bien plu. Sous une apparence
légère au début, la réalité nous rattrape petit à petit. L’atmosphère
mélancolique peut se charger d’un peu plus de gravité tout en restant « supportable ».
Je ne regrette pas d’avoir découvert cet écrivain.
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