Comme si de rien n’était
Auteur : Barbara Abel
Éditions : Récamier (11 Avril 2024)
ISBN : 978-2385770433
370 pages
Quatrième de couverture
Dans l'existence d'Adèle, chaque chose est à sa place,
toujours. Elle règne sur sa vie, parlemente avec le destin, orchestre le hasard
qu'elle a appris à dompter mais qui – elle ne le sait pas encore –, est sur le
point de lui exploser au visage.
À la sortie du cours de musique de son fils, elle rencontre le nouveau
professeur de solfège, Hugues Lionel. Leurs regards se croisent. Lui, semble
troublé et dit la reconnaître. Qui est cet homme, et pourquoi l'appelle-t-il
Marie ?
Mon avis
Je viens de fermer ce livre et j’en ai encore des frissons.
Tout semble lisse, tranquille mais que peut-il se cacher derrière une façade d’habitation
ordinaire ? C’est au-delà des murs que nous entraîne Barbara Abel.
Un couple, Adèle, Bertrand, un fils, Lucas, huit ans. Un
joli pavillon, de bonnes situations professionnelles et un quotidien sans
histoire. Elle a un rapport au temps qu’elle matérialise en surface, le temps
devient balade, marathon, course suivant ce qu’elle en fait, ce qu’elle a à
faire. Elle rythme ainsi sa journée. Et l’essentiel : être prête le soir pour
son mari. C’est un homme qui ne supporte pas le mensonge, qui a besoin de tout
savoir. Elle l’aime et met tout en place pour le satisfaire, c’est peut-être
parfois exagéré. Mais on n’aime jamais trop n’est-ce pas ?
Lucas est un petit garçon calme, qui ne montre pas ses
émotions, il observe, décrypte et enregistre sans faire de commentaire. Il
prend des cours de solfège et son enseignante est en arrêt. Lorsqu’Adèle va le
chercher à la fin de la séance, le professeur remplaçant, Monsieur Hugues Lionel,
se fige. Il dit la connaître et l’appelle Marie.
Que faire de cette information ? Est-elle vraie ou
fausse ? Est-ce un leurre, un arrangement avec la vérité ? Seule
Adèle peut répondre et voir si cela est dérangeant dans sa vie. À partir de là
le lecteur suit Adèle d’une part et Hugues d’un autre côté dans leur quotidien.
On rentre dans leur intimité, dans leurs pensées, on ressent
leur angoisse, leur bien-être, leur peur ou leur bonheur. Barbara Abel
décortique, analyse au plus près chaque situation avec ses tenants et ses
aboutissants. Rien n’est laissé au hasard. Elle tisse une immense toile dans
laquelle elle nous enferme pour notre plus grand plaisir. Le souffle court, les
mains moites, on attend chaque décision des personnages. Vont-ils réagir à l’instinct,
prendre du recul, se concerter, réfléchir ?
C’est avec une écriture nerveuse, pointue, précise, sans fioriture
que l’auteur nous entraîne dans l’univers de ses personnages. Les mots tombent
comme autant de couperets, froids, pour décrire les faits comme ils sont, sans
emphase, sans empathie, bruts. Parfois, c’est presque saccadé comme si les
phrases se bousculaient, parce que le temps s’accélère … Suspense, rebondissements
au détour d’un couloir, derrière une porte, ou lors d’un regard échangé…. Tout
s’emboîte, elle a pensé chaque détail et lorsqu’on imagine avoir tout cerné,
elle nous scotche avec un autre élément nous obligeant à penser « ah oui
quand même ! ».
C’est terrible de pénétrer aussi près des individus, de
partager autant avec eux, on aurait presque peur de les voir arriver dans notre
salon tant on sent la proximité avec les protagonistes. C’est dire si on est imprégné
du récit.
Je conseille ce roman à toutes les personnes qui veulent
lire un thriller psychologique. Les personnalités et les caractères sont
disséqués pour qu’on ait, si possible, une explication à leur comportement. Même
s’il reste toujours une part d’ombre…
Noir, sombre, terriblement addictif, inventif, surprenant
jusqu’à la fin, ce recueil ne laissera personne indifférent !
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