Une femme debout
Auteur : Catherine Bardon
Éditions : Les Escales (4 Janvier 2024)
ISBN : 978-2365698313
290 pages
Quatrième de couverture
République dominicaine, 1963. Sonia Pierre voit le jour à
Lechería, dans un batey, un campement de coupeurs de canne à sucre. Consciente
du traitement inhumain réservé à ces travailleurs, elle organise, à treize ans
seulement, une grève pour faire valoir leurs droits. Une des rares habitantes
du batey à suivre des études, elle devient avocate et consacrera sa vie tout
entière à combattre l'injustice jusqu'à sa mort tragique.
Mon avis
Avec la saga familiale « Les Déracinés »,
Catherine Bardon nous a ouvert les yeux sur une partie des habitants de la
République Dominicaine, des exilés qui ont dû se battre pour se faire une place.
Dans cette biographie romancée, elle nous présente Sonia Pierre
( 4 juin 1963 - 4 décembre 2011 ). Quand j’ai tourné la dernière page, vu les
photos avec Michelle Obama et Hillary Clinton, je me suis demandée comment j’avais
pu passer à côté de cette femme exceptionnelle dont la vie a été un combat pour
les autres, allant jusqu’à s’oublier.
Ses parents ont quitté Haïti pour des promesses de travail
et de meilleures conditions de vie en République Dominicaine. En fait, ils se
sont retrouvés avec d’autres célibataires ou couples dans un batey, un lieu
misérable où les coupeurs de canne à sucre étaient « parqués ». Ils
étaient exploités, ne gagnaient pas grand-chose. Pas de nourriture, pas de
soins, pas d’école pour les enfants (et pas de contraception…)
En 1976, à treize ans, Sonia encourage les travailleurs à se
rebeller pour revendiquer sur les salaires, les logements etc… Remarquée par un
missionnaire qui enseignait dans le batey, elle ira à l’école en ville, et fera
tout pour réaliser son rêve : avocate pour défendre les droits de l'homme
et du citoyen haïtien ayant vécu en République dominicaine. Reconnaissance de
leur identité, de leur appartenance à ce pays où ils sont nés, où ils ont travaillé.
Possibilité de recevoir un enseignement pour les enfants etc.
Elle a créé le MUDHA (Movimiento de Mujeres
Dominico-Haitianas), mouvement pour les femmes afin de les aider dans leur vie
quotidienne, elles et leurs familles.
Catherine Bardon a vécu dans ce pays, elle le connaît bien
et en parle avec passion dans ses écrits.
À travers une riche trame historique, grâce à des photos,
des documents, elle fait le portrait d’une femme forte, engagée, qui a refusé ce
que son origine lui réservait, pour prendre la vie à bras le corps, s’investissant
pour tous ceux qu’elle avait vus galérer. Elle regrette de ne pas avoir pu la
rencontrer.
Grâce à Sonia et tout ce qu’elle a mis en place, les
Dominicains d’ascendance haïtienne sont passés du statut d’invisibles à
visibles.
J’aime lire Catherine Bardon, parce que j’apprends avec elle
dans des récits où elle met tout son amour pour la République Dominicaine et
ses habitants. Son texte n’est jamais lourd, elle n’en fait pas trop, elle
reste humble dans les connaissances qu’elle nous transmet. Bravo et merci à
elle !
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