"Avec l’espoir pour horizon" d'AnneMarie Brear (A Distant Horizon)

 

Avec l’espoir pour horizon (A Distant Horizon)
Auteur : AnneMarie Brear
Traduit de l’anglais par Anne-Judith Descombey
Éditions : L’Archipel (22 Août 2024)
ISBN : 978-2809848625
354 pages

Quatrième de couverture

Irlande, 1851. Depuis que la maladie de la pomme de terre a frappé le pays, les paysans crient famine. Comme nombre de métayers, Ellen Kittrick et son mari peinent à nourrir leurs enfants et craignent de perdre leur toit. Touchée par des drames successifs, la jeune femme choisit l'exil.

Mon avis

1851, la grande famine irlandaise est là. Beaucoup de familles d’agriculteurs, qui cultivaient la pomme de terre, se retrouvent sans ressource. Une maladie s’est déclarée sur les plants et personne ne trouve de solution. Il faut lutter sans cesse pour gagner quelques sous, afin de payer le loyer, faire manger les enfants, se chauffer, acheter des vêtements, vivre tout simplement … Si on ajoute que les conflits entre anglais et irlandais sont parfois violents, on a une idée de ce que vivent les métayers. Ils se sentent seuls, abandonnés.

C’est le cas d’Ellen Kittrick et sa famille. Son époux, Malachy, ne pouvant plus utiliser ses terres, a perdu pied. Il traîne dans les bars, dit qu’il cherche du travail, revient saoul au logis, disparaît à nouveau, elle ne peut pas compter sur lui. Ils ont quatre enfants à nourrir et il n’y a qu’elle pour faire « bouillir la marmite ».  Elle travaille au manoir des Wilton où vit un lord anglais compréhensif. Il essaie d’embaucher des personnes en difficulté pour leur procurer de l’aide. Ses employés le lui rendent bien. Parfois la cuisinière lui donne quelques restes pour améliorer l’ordinaire.

L’auteur nous plonge dans l’Histoire (avec un grand H) et décrit avec réalisme des situations de pauvreté terrible. Elle explique que certains accusés de vol ont été envoyés en exil, que les recouvreurs de loyer n’hésitaient à mettre le feu aux chaumières, mettant des familles entières à la rue.

À cette époque, la solidarité est de mise, Ellen peut compter sur ses proches, notamment un oncle religieux. Il lui a appris à lire, comme à ses petits et c’est un atout. Devant les difficultés, l’injustice, l’adversité, les aléas de la vie, elle se dit que la solution, c’est peut-être de partir en Australie avec l’aide du gouvernement. Là-bas, ils ont besoin de personnes courageuses dans tous les corps de métiers. Elle n’a jamais baissé les bras, elle a toujours tout donné alors pourquoi ne pas tenter l’aventure ?

C’est le portrait d’une femme battante, prête à tout pour que ses enfants soient heureux et aient des conditions de vie correcte, que nous offre AnneMarie Brear.  Ellen est attachante, opiniâtre, capable de choisir les priorités pour ses petits, en s’oubliant. Elle pense à eux avant de penser à elle. C’est admirable. On va suivre son parcours, les baisses de moral, les drames mais, chaque fois, elle se relève et pense à l’avenir.

Les protagonistes sont parfois un peu caricaturaux mais ce n’est pas gênant. Pour certains, on les sent tiraillés entre cœur et raison et c’est très humain. J’ai aimé le ton vif, on visualise sans problème ce qui est décrit, on est au cœur de cette aventure.

J’ai beaucoup apprécié cette lecture et je suis enchantée de savoir qu’il y a une suite déjà parue en langue originale. L’écriture est plaisante (merci à la traductrice), avec des dialogues vivants. Comme le récit est ancré dans un contexte historique intéressant et bien intégré à la fiction, j’ai appris beaucoup sur la vie quotidienne et les événements réels de cette période.  


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