"Le rêve du jaguar" de Miguel Bonnefoy

 

Le rêve du jaguar
Auteur : Miguel Bonnefoy
Éditions : Rivages (21 Août 2024)
ISBN : 978-2743664060
304 pages

Quatrième de couverture

Quand une mendiante muette de Maracaibo, au Venezuela, recueille un nouveau-né sur les marches d’une église, elle ne se doute pas du destin hors du commun qui attend l’orphelin. Élevé dans la misère, Antonio sera tour à tour vendeur de cigarettes, porteur sur les quais, domestique dans une maison close avant de devenir, grâce à son énergie bouillonnante, un des plus illustres chirurgiens de son pays.

Mon avis

Miguel Bonefoy est un écrivain né d’une mère vénézuélienne et d’un père chilien, mais il écrit en français (appris au lycée du même nom). Dans ses romans, il évoque souvent le Venezuela et son histoire. C’est le cas dans « Le rêve du jaguar ».

Tout commence en 1913, lorsqu’une mendiante recueille un bébé abandonné devant une église. Elle pense certainement qu’elle pourra faire plus pitié avec un nouveau-né à nourrir et elle le garde. On ne peut pas dire que c’est l’idéal pour ce petit Antonio, loin de là. Mais il grandit et montre une détermination à toute épreuve, un caractère fort. Le hasard des rencontres lui permettra d’avoir un destin extraordinaire. Ce n’est pas un secret, on nous l’annonce dès le début.

Le lecteur suit Antonio et celle qui deviendra sa femme ainsi que leurs descendants. Je n’en dirai pas plus. Une saga familiale ? Ce serait bien trop réducteur d’évoquer ce récit en employant ces mots. Les générations se succèdent, pas de repère temporel mais ce n’est pas nécessaire car les événements historiques intégrés au texte nous donnent si besoin, une idée de la période où se déroulent les faits.

Les personnages sont tous très charismatiques, ils dégagent de la force, n’ont pas toujours les mêmes objectifs, ne se comprennent pas forcément… Ils ont tous un côté « sauvage », un peu solitaire, brut… On s’attache à leurs pas, on découvre le Venezuela par leurs yeux avec l’aspect historique, mais également le côté « sorcellerie », les traditions. L’atmosphère est, de temps à autre, onirique mais sans qu’on perde pied.

La force de Miguel Bonnefoy c’est de nous emmener dans un univers réel avec une pointe de magie, juste ce qu’il faut pour s’évader, avoir les yeux qui pétillent, s’émerveiller du charme qui émane des pages, du phrasé. On voyage à ses côtés, côtoyant quelques fois la misère, puis passant vers ceux qui ont des biens, partant plus loin, avant de se recentrer sur l’essentiel : les passions des différents protagonistes qui sont des individus marquants. Chaque membre de cette famille d’exception est porté par une volonté farouche de réussir ce qu’il (elle) aime par-dessus tout. Renoncer à ce qui le (la) motive, l’anime, est la source même de son existence ? Jamais. Et en ça, l’auteur exprime parfaitement ce que chacun, chacune, est prêt-e à mettre en place, à sacrifier pour arriver à ses fins.

Pour apprécier à fond cet opus, j’ai lâché prise. J’ai laissé chaque mot, chaque ligne, m’éblouir par leur poésie, leur lumière. Parce que oui, l’écriture est lumineuse, rayonnante, fascinante, difficile à définir. De la puissance en ressort mêlée à une infinie délicatesse. C’est une alchimie flamboyante.

J’ai lu que l’auteur s’était inspiré de la vie de la famille du côté de sa mère pour écrire ce livre. Je ne sais pas dans quelle mesure. Ce qui est certain, c’est que pour moi, c’est une réussite totale tant dans le contenu alliant parcours de vie hors du commun, avec une part de mystère et une aura imaginaire bien dosée. Chapeau bas Monsieur Bonnefoy !

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