"L’automne est la dernière saison" de Nasim Marashi (Payiz fasl-e akhar-e sal ast)

 

L’automne est la dernière saison (Payiz fasl-e akhar-e sal ast)
Auteur : Nasim Marashi
Traduit du persan (Iran) par Christophe Balaÿ
Éditions : Zulma (12 Janvier 2023)
ISBN : 979-1038701564
272 pages

Quatrième de couverture

Dans le brouhaha des rues agitées de Téhéran, Leyla, Shabaneh et Roja sont à l’heure des choix. Trois jeunes femmes diplômées, tiraillées entre les traditions, leur modernité et leurs désirs. Leyla rêve de journalisme ou de devenir libraire. Son mari, pourtant aimant et attentionné, a émigré sans elle. A-t-elle eu raison de ne pas le suivre et de rester ? Shabaneh est courtisée par son collègue, qui voit en elle une épouse parfaite. Comment démêler si elle l’aime, si elle peut se résoudre à abandonner son frère handicapé, alors qu’elle en est l’unique protection ? Roja, la plus ambitieuse, travaille dans un cabinet d’architectes, et s’est inscrite en doctorat à Toulouse – il ne manque plus que son visa, passeport pour la liberté. Vraiment ? La solution est-elle toujours de partir ?

Mon avis

Nous sommes en Iran, à Téhéran, de nos jours et Leyla, Shabaneh et Roja arrivent à un moment clé de leur vie.

Leyla est mariée, son époux lui propose de partir au Canada où il pourra continuer ses études. Elle, elle vient juste de trouver un job et elle hésite. Il part, elle reste et elle veut comprendre cette absence. Elle n’arrive pas à continuer la route, à avancer…

Shabaneh est hantée par la guerre. Elle s’occupe énormément de son petit frère, qui est en situation de handicap. Elle ne se sent pas capable de partir et de le laisser derrière elle car elle sait bien que leur mère n’assumera pas. Pourtant, elle a le droit de penser à elle ….

Roja rêve de partir pour son doctorat à Toulouse. Elle attend avec impatience son visa.

Toutes pensent à une autre vie, un quotidien différent avec un peu plus de libertés. C’est un récit choral, chaque chapitre donne la parole à l’une d’elles et l’histoire s’étend sur deux saisons : l’été et l’automne. L’auteur ne parle pas de politique mais on sent que rien n’est simple pour les femmes. Déjà elles sont tiraillées entre ce qu’on leur a inculqué et ce qu’elles souhaitent, ensuite, certaines ne s’autorisent pas à vivre avec une certaine forme de liberté comme si elles culpabilisaient par rapport à leur mère, leur grand-mère, qui n’ont pas eu cette possibilité.

Comment « grandir », avancer, vivre au grand jour tout simplement ?

Ce roman est très poétique, l’écriture (merci au traducteur) est délicieuse. Les informations sont données par petites touches. On pénètre sur la pointe des pieds dans ce pays où rien n’est vraiment facile. On découvre des portraits de femmes avec leurs hauts et leur bas, parfois battantes, parfois un peu désabusées mais ce qui est le plus important, le cœur de tout ça, c’est leur amitié.

Elles sont là, les unes pour les autres, présentes, à l’écoute, respectueuses, aimantes. Leur lien est fort, solide et passe par-dessus les tempêtes.

J’ai lu que Nasim Marashi écrit lentement, parfois un seul paragraphe par jour. Elle permet à ses personnages, au paysage, au contexte, de s’installer en elle avant de les décrire. En lisant cela, j’ai eu le sentiment qu’elle voulait leur donner le temps de prendre vie avant de leur donner la parole et de les laisser seuls-es, sur le papier….

Une très jolie découverte.


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