Le jeu de la rumeur (The Rumor Game)
Auteur : Thomas Mullen
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Pierre Bondil
Éditions : Rivages (5 février 2025)
ISBN : 978-2743665517
512 pages
Quatrième de couverture
Une journaliste déterminée et un agent du FBI récalcitrant
affrontent des éléments fascistes dans ce thriller historique qui se déroule à
Boston durant la Seconde Guerre mondiale.
Mon avis
Boston, Juin 1943. La ville est tiraillée entre ceux qui
veulent participer à « l’effort de guerre », ceux qui font courir des
bruits, ceux qui veulent se débarrasser des juifs, ceux qui magouillent pour
améliorer leurs conditions de vie, ceux qui voudraient se battre et sont restés
là pour diverses raisons.
C’est le cas de Devon Mulvey, un agent du FBI, il est en
ville. Il est d’origine irlandaise et cherche sa place. Il n’est pas toujours d’accord
avec sa famille, notamment son père. Pour le « bureau », sa tâche
habituelle est l’espionnage industriel mais Il est amené à collaborer avec la
police et à enquêter sur le meurtre d’un ouvrier immigré. Là aussi, il n’est
pas en phase, il n’interprète pas les faits comme ses collègues. Il les dérange
également car sa façon de mener les investigations ne suit pas toujours les
procédures officielles. C’est un personnage intéressant car il est ambivalent.
Il est attiré par les femmes mariées et se met rarement des limites, il aime
les beaux costumes … alors qu’il devrait se montrer plutôt discret pour avancer
…
En parallèle, le lecteur fait connaissance avec Anne Lemine,
une jeune femme intrépide. Elle est juive même si elle ne suit pas tous les « enseignements »
de cette religion. Elle vit avec sa mère, son cousin et son jeune frère. Elle
travaille pour un journal où elle a créé une rubrique appelée « La
clinique des rumeurs ». Elle remonte à l’origine des « on dit »
pour prouver que rien n’est vrai. Mais elle rêve d’un sujet plus « marquant »
car ceux qu’elle aborde restent légers. Des pamphlets antisémites sont
distribués « sous le manteau », ça la motive et elle décide de
creuser l’affaire. Ce qu’elle n’a pas imaginé en évoquant un sccop comme
celui-ci c’est qu’elle va se mettre en danger.
Sa route croise celle de Devon car leurs recherches ont un
point commun. Que vont-ils faire ? Collaborer ? Se soutenir ? Ne
partager qu’en partie ce qui peut aider l’autre ? Est-ce qu’un irlandais
catholique peut coopérer avec une juive ?
Thomas Mullen a ancré son récit dans un contexte historique
riche, en glissant des événements réels de temps à autre. Ses protagonistes
suivent l’évolution de la guerre, sont partagés et hésitent sur les choix que
devrait faire le pays. Il a beaucoup lu avant d’écrire, s’est documenté et il s’est
même inspiré de personnes connues comme il l’explique dans sa note en fin de
livre.
Il sait parfaitement nous plonger dans la vie d’une ville et
de ses habitants, dans les ressentis et le quotidien des protagonistes. On
observe à leurs côtés certains individus manipulateurs, menteurs (entre autres les
haut placés de la ville), tricheurs, les espions, les faux jetons, ceux qui ont
peur pour eux ou pour les leurs, ceux qui refusent de baisser la tête, comme
Anne dont j’ai admiré le courage et la ténacité tout au long des chapitres.
J’ai trouvé le début un peu lent, sans doute parce que l’auteur
a pris le temps de tout installer. Après, le rythme a été plus soutenu et j’ai
été captivée. L’écriture (merci au traducteur) est fluide mais pas légère car tout
ce qui présenté est profond, les situations sont graves.
Ce roman se passe en 1943 et pourtant… L’extrême droite, le racisme, les problèmes de religion etc … tout cela est encore d’actualité. Les hommes n’apprennent-ils rien de leur passé ?
NB : La photographie de couverture (la même que pour la version originale) a été fournie par la Boston Public Library (Leslie Jones Collection) et elle est vraiment en phase avec l’histoire.
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