Troubles fêtes
Auteur : Patrick S. Vast
Éditions : Taurnada (13 Mars 2025)
ISBN : 978-2372581462
250 pages
Quatrième de couverture
Aux Bois radieux, une cité sensible du 93, vivent notamment
les Butel, une famille de marginaux, ainsi que Violette Grignon, une retraitée
que l'existence a rendue extrêmement méfiante.
La veille de Noël, Johnny Butel, âgé de 25 ans, dérobe les provisions d'un
couple de seniors.
La semaine suivante, il récidive avec sa voisine Violette, qui, après avoir
hésité, a emporté un revolver pour se rendre au centre commercial.
Mon avis
Après avoir travaillé pendant de longues années, Violette
Grignon touche maintenant une petite retraite. Un sou est un sou, elle calcule
son budget et ne peut pas se permettre le moindre écart. Ses revenus ne sont
pas énormes et c’est pour ça qu’elle habite un immeuble de la cité « Au
Bois radieux ». Un joli nom pour un coin pas toujours glamour. Les lieux
ne sont pas très bien entretenus. Les tags sont nombreux, les jeunes s’ennuient
et traînent, certains dealent… C’est ce
qu’on appelle une « cité » sensible. La police sait ce qu’il s’y
passe, mais fait parfois comme les trois singes de la sagesse. C’est peut-être
le seul moyen de garder un semblant de paix dans cet endroit parfois agité.
Parce qu’on le sait bien, une arrestation et tout s’embrase.
Dans l’immeuble de Violette, il y a Fernand, un voisin âgé,
comme elle. Sa fille veut le mettre « pour son bien et sa
tranquillité » en maison de retraite. Il n’est pas d’accord et quand les
assistantes sociales débarquent (pour voir s’il s’en sort tout seul), il est
très en colère car habituellement sa famille ne se préoccupe pas de lui. Il
discute avec Violette mais chacun a ses propres ennuis et ils n’échangent pas
plus que ça. C’est la solitude qui leur tient compagnie. On les sent tendus
mais ils n’ont pas les moyens de déménager.
Et puis, il y a la famille Butel, le père, fan de Hallyday (et l’écoute fort et
sans arrêt), a appelé son fils Johnny. Un fainéant qui aimerait bien que
l’argent arrive tout seul. Alors il vit de petits larcins. À l’approche de
Noël, il rentre avec des sacs bien garnis qu’il a volés à un couple âgé qui
venait de faire ses courses. Il a bien envie de remettre ça pour le réveillon.
Après tout, ce n’est pas si difficile...
Le contexte social est très bien décrit. L’usine qui ferme,
les jeunes désœuvrés, coincés chez leurs parents. Ils se retrouvent en bas du
HLM, se moquent de ceux qui passent et ne savent pas que faire de leur temps
libre.
Comment des personnes si différentes se retrouvent-elles à
habiter un même lieu ? Il y a un gouffre entre eux. Ils ne peuvent pas se
comprendre, se parler.
Violette n’est pas en confiance, elle se méfie des Butel,
des trafiquants de tout bord, de ceux qui s’approchent trop près et visent
peut-être son porte-monnaie. Elle voudrait vivre sa petite vie sans peur mais
ce n’est pas vraiment possible. Elle n’est jamais détendue. Alors ce jour-là,
en allant faire ses achats, elle est sur le qui-vive et tout dégénère.
Ce récit montre qu’on ne maîtrise pas tout, que l’effet
papillon, comme un jeu de dominos, entraîne les faits sans qu’il soit possible
d’arrêter l’engrenage. C’est terrible et une fois pris dans la spirale, on ne
peut rien arrêter.
L’auteur a su observer ou se renseigner car son texte est
immersif. On est au cœur de la cité, les difficultés relationnelles, les peurs
des uns, les envies d’en découdre des autres… la vie avec tous ses obstacles,
ses répits aussi, mais est-ce qu’ils durent vraiment ?
Avec une écriture rythmée, Patrick S. Vast nous entraîne dans un récit addictif, il y a de l’action, des émotions et les thèmes abordés sont criants d’actualité.
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