Sauver une vie (挽救生命)
Auteur : Xi Dong
Traduit du chinois par Amélie Manon
Éditions : Éditions de l'Aube (14 Février 2013)
ISBN : 9782815907095
144 pages
Quatrième de couverture
Sun Chang est professeur d'université et mène une vie paisible à Pékin, entre
femme et enfant. Mais voilà qu'un garçon nommé Zheng Shiyou fait irruption chez
lui et le supplie de l'aide : sa petite amie veut se suicider ! Elle s'appelle
Mai Keke et est persuadée qu'il ne l'épousera jamais. Sun Chang les raisonne,
engage la parole du jeune homme. qui aussitôt se volatilise ! Mai Keke n'aura
alors plus qu'une seule idée en tête, celle de mourir : Sun Chang et son épouse
auront beaucoup à faire pour l'en empêcher.
Mon avis
Jusqu’où ?......
Jusqu’où iriez-vous pour une sauver une vie ? Attendez, je précise : une vie
qui ne vous est rien, quelqu’un que vous ne connaissez pas, qui a débarqué un
jour dans votre quotidien sans crier gare….
Bien entendu une personne en détresse à qui vous décidez de tendre la main,
mettant ainsi un premier doigt dans l’engrenage… Sans savoir où cela va vous
entraîner…..
Sun Chang et sa petite famille (épouse, enfant) mènent une vie tranquille à
Pékin lorsque tout à coup le rythme habituel est bouleversé par l’irruption
d’un jeune homme dans leur vie. Un appel au secours ; sensé être ponctuel et
sans suite. Le professeur va intervenir pour empêcher Mai Keke, la petite amie
du jeune homme en question, de se suicider mais….. « C’est comme pour
un premier amour : quand on ne sait pas quoi dire, on trouve toujours. » Le
professeur va donc parler, calmer cette jeune fille…D’habitude, les paroles
s’envolent et les écrits restent mais dans ce court roman purement jubilatoire,
tous les mots oraux comme écrits auront leur importance….Le voilà donc emporté
dans une succession de faits qu’il essaiera en vain de maîtriser….
Il y a du Kafka dans cette écriture là, les personnages donnent l’impression de
faire des choix mais sans cesse, les éléments extérieurs se mettent en travers,
des «sorts contraires» interviennent, les faisant glisser petit à petit dans un
mauvais rêve, un cauchemar vivant….. C’est un pur régal d’entrevoir puis de
lire comment l’auteur va installer les individus, ensuite le climat qui règne
entre eux et enfin les situations ….. Mêlant habilement sérieux et humour «
Une personne veut sauter d’un immeuble et, moi, je me sens pousser des ailes…
», l’auteur nous fait sourire alors que le point de départ est un acte
tragique, quelqu’un souhaitant se donner la mort…. Les dialogues, que je
qualifierai de « purement chinois », tant ils sont imprégnés d’une sagesse
particulière, sont une base importante du contenu car, bien qu’ils prêtent
souvent à sourire, on sent que la façon dont les répliques s’enchaînent, de
temps à autre un peu dans le style stichomythies, ne sera pas neutre et
apportera son lot de surprises, bonnes ou mauvaises…
Le couple formé par le professeur et sa femme est attachant, à travers eux, on
aperçoit un peu de la Chine et de ses habitudes, même si le registre reste
décalé. Mai Keke, que l’on peut prendre en pitié pendant quelques pages, va
rapidement devenir insupportable …..
« Je suis une jeune fille qui vient juste de se faire duper ; c’est comme
lorsqu’on s’est fait mordre par un serpent et qu’on a peur d’une corde pendant
dix ans : je devrais arrêter de rêver. J’ai fait le serment de jeter mes
sentiments dans le réfrigérateur et de les laisser geler ; [….] Mais….je n’y
arrive pas. Vous ….pouvez m’aider et me présenter quelqu’un ? »
De temps à autre, une allusion au gouvernement et à son fonctionnement, mais
toujours de façon « cachée », avec beaucoup de dérision.
« Vous vous êtes servis de moi pour sauver votre peau ; vous ne respectez
donc pas les droits de l’homme ? »
J’ai trouvé cette lecture originale, prenante, savoureuse, surprenante ….
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