Les anges n’habitent pas tous au paradis
Auteur : Maria P. Mischitelli
Éditions : du Caïman (11 Mars 2025)
ISBN : 978-2493739230
274 pages
Quatrième de couverture
1939, Los Angeles. Dans leur luxueuse propriété de Beverly Hills, Madame Müller découvre sa domestique
mexicaine – Gloria Marquez – sauvagement assassinée. Son corps est mutilé selon
un ancien rite aztèque. Lana Monterey, une jeune détective privée est chargée
de l'enquête. Accompagnée de sa complice, une cinquantenaire gay, iconoclaste,
désabusée, haute en couleurs et gouailleuse, Lana plonge dans cette enquête
complexe confrontant ces femmes détectives aux interdits d'une société
patriarcale, dans un Los Angeles obsédé par son expansion où sévissent les
guerres de l'eau et du pouvoir.
Mon avis
Lana élève seule ses deux enfants. Elle s’est séparée de son
époux après avoir découvert sa trahison. Elle a été embauchée par un ancien
camarade de classe, Carston, pour des missions de détective. Elle débute dans le
métier et ce n’est pas facile pour elle. Elle a malgré tout de la volonté, un
bon sens de l’observation et de la ténacité. C’est pour ça que son co-équipier
l’envoie chez les Müller, dans leur belle demeure du quartier de Beverly Hills.
Ils ont demandé une enquête car leur bonne mexicaine, Gloria Marquez, a été
assassinée et mutilée.
Quand Lana arrive sur les lieux, elle est confrontée à une
mise en scène terriblement violente et dure qui n’est pas sans rappeler un rite
aztèque. En face d’elle l’équipe de police dont le lieutenant Jack Kaminski,
son ex-mari. Cela ne va pas simplifier
les investigations et les relations. Vont-ils rester à leur place sans
interférer ou se tiendront-ils mutuellement au courant de leurs découvertes ?
Aucun des deux n’est ravi de la situation, c’est sûr…
Depuis sa séparation, Lana a pris de l’assurance et elle n’a
pas l’intention de se laisser impressionner par son ancien conjoint. Elle fera
ce qu’elle décide et tant pis s’il n’arrête pas de lui déconseiller ce métier.
Chacun sa vie. Elle m’a bien plu Lana, il ne faut pas se fier aux apparences,
elle « en veut » et elle a raison. Sa route croise celle d’Ezra, une
femme à l’allure masculine, totalement désinhibée, et qui n’a pas sa langue
dans sa poche, ce qui dérange un peu vu qu’on est à Los Angeles en 1939. Mais
bon, elles se mettent en binôme et c’est plutôt une bonne idée. Deux cerveaux
féminins, ça carbure ! En plus, Ezra a des connaissances et manie bien la
langue espagnole. Elle peut donc creuser du côté des gens que fréquentait la
domestique. Qui était vraiment Gloria ? Une femme discrète et dévouée pour
ses patrons ? Ou se servait-elle de sa situation de « personne
transparente », qu’on ne « calcule » pas pour obtenir des
informations ? Qui a pu vouloir sa mort et pourquoi ? En quoi
pouvait-elle déranger ?
Au-delà de l’enquête, c’est tout le contexte historique qui
est intéressant et très bien retranscrit. J’ai même eu le sentiment que ce
roman avait été écrit il y a longtemps, dans les années où il se déroule. Cet
aspect est particulièrement réussi. On sent bien que la gent féminine devait
rester au foyer, élever les gosses et se taire. Ou alors, travailler seulement
en cas de besoin et sans faire de vague et sans chercher à obtenir un poste
réservé à un mec, un vrai, hein ?
De nombreux thèmes sont abordés à travers ce récit. Le
patriarcat, les droits des personnes d’origine étrangère, les magouilles
politiques, l’influence des croyances et de ceux qui « manipulent »,
et bien d’autres sujets.
J’ai particulièrement apprécié l’atmosphère, on s’y croirait ! C’est comme si on regardait un film d’époque en noir et blanc. L’écriture est truculente, maniant l’humour quand il le faut, noire également, parfaitement dosée. Les faits s’enchaînent sur un bon rythme. Les protagonistes hauts en couleur ont du cachet et l’ensemble est équilibré.
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