Tu seras mon père
Auteur : Metin Arditi
Éditions : Grasset (27 Avril 2022)
ISBN : 9782246829324
370 pages
Quatrième de couverture
Vérone, 1978. Renato, sept ans, entretient avec son père une
relation merveilleuse, que bouleverse l’enlèvement de l’homme d’affaires par un
commando des Brigades rouges. Lorsqu’elles le relâchent après paiement d’une
rançon, il n’est plus qu’une ombre. Laminé, honteux, il met fin à ses jours.
Renato et sa mère s’exilent en Suisse. Dix ans plus tard, pour sa dernière
année de scolarité, il est inscrit dans un internat de Lausanne. Il y vit des
moments difficiles, croise le professeur Paolo Mantegazza. Renato voit en lui
un père de substitution.
Mon avis
Le pardon, demande de la force autant que de la
tendresse. Ce sera lui qui permettra à celui qui pardonne de retrouver son
bonheur qui lui semblait inatteignable.
Renato a sept ans et il est très complice avec son papa qui
l’aime tendrement. Pourtant, ça n’a pas suffi. Son père, un industriel italien,
resté deux mois aux mains des Brigades Rouges (le récit se déroule en 1978) a
été détruit. Ne retrouvant plus un équilibre dans sa vie, il a choisi de se
suicider. Pour son fils, c’est très dur, il se pose des questions, culpabilise.
Sa mère s’installe avec lui en Suisse, et en fin de
scolarité, l’inscrit en internat. Ce n’est pas simple pour lui, c’est un adolescent
un peu solitaire. Mais, par l’intermédiaire d’un professeur de théâtre, il s’épanouit
et trouve sa place. Un lien se crée entre eux, très profond, unique fait d’admiration
et de respect. Ils échangent sur de nombreux thèmes dont celui des Brigades Rouges.
Cela permet à Renato de voir ses membres et leurs actions avec un regard
différent et ça l’interpelle beaucoup. Il grandit, on le voit devenir adulte, s’interroger
sur son passé, sa position de privilégié.
Retrouver le style de Metin Arditi est un vrai régal
littéraire. Chacun de ses romans est une découverte, il n’aborde pas les mêmes
sujets. Et dans tout ce qu’il exprime, il ne survole pas, il approfondit et
nous renvoie des questions en pleine face.
Son écriture est de qualité, les phrases sont bien
construites, le vocabulaire ciblé, bien choisi. C’est vraiment un grand
écrivain !
Ce récit parle de pardon, de ce qu’on donne, de ce qu’on
reçoit, du cheminement de chacun vers le futur, en tenant compte (ou pas, ou un
peu) du passé. Il est question d’amour, de passion, de ce qui animait les
Brigades Rouges (et cet éclairage est très intéressant quand, comme moi, on n’a
eu qu’un aperçu forcément superficiel de leurs actions, revendications etc), de
famille, d’amitié, de taire ou de savoir…
Les protagonistes ont une part d’ombre, ce sont de très
beaux portraits, intimistes, délicats, réussis.
Les chapitres, plutôt courts, donnent du rythme à l’histoire.
Il y a également quelques échanges de courriers qui offrent une autre approche
avec l’opinion de chacun.
J’ai énormément apprécié cette lecture ! C’est un coup
de cœur, pour le fond, la forme et toutes les émotions procurées.
NB : Je trouve que la quatrième de couverture en dit
trop, donc, volontairement je l'ai raccourcie et dans mon avis je n’en dis pas plus sur le devenir
des personnages.
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