Papillon de nuit
Auteur : David Belo
Éditions : Taurnada (15 Mai 2025)
ISBN : 978-2372581530
308 pages
Quatrième de couverture
Tiffany Malcom, photographe, travaille occasionnellement
pour la mairie d'Opatoma. Alors qu'elle couvre la fête annuelle en l'honneur du
père fondateur de la ville, Lily, sa fille de 7 ans, disparaît. Depuis ce jour,
inconsolable, c'est une lente agonie pour la jeune femme, entre drogues en tout
genre et scarifications… Lorsque son dealer lui propose une nouvelle substance,
Tiffany n'hésite pas longtemps. Durant son trip, elle se retrouve propulsée
dans les années 1800, où sévit un redoutable et mystérieux kidnappeur
d'enfants… Aussi improbable que cela puisse paraître, la photographe est peu à
peu persuadée qu'il s'agit de l'homme qui a enlevé sa fille ! Mais où se trouve
la frontière entre hallucination et réalité ? Comment démêler le vrai du faux
sans perdre la raison ?
Mon avis
J’ai terminé ce roman depuis quelque temps mais j’ai mis
longtemps avant de rédiger mon avis. À vrai dire, je ne savais pas vraiment
comment en parler sans trop en dire, sinon tout est gâché mais en en disant
suffisamment pour qu’on comprenne de quoi il retourne.
Le récit qui oscille entre passé, présent, réalité et
fantastique, est dans un premier temps, assez déroutant, et presque troublant. Opatoma
est une ville imaginaire des Etats-Unis. Elle a un père fondateur, qu’on fête
chaque année. Tiffany Malcom est d’ailleurs photographe officiel pour cet
événement. Ce jour-là, sa fille adorée, qu’elle élève seule, échappe à sa
surveillance et elle disparaît. Pour Tif, c’est un tsunami, elle ne s’en remet
pas et elle sombre. La drogue, les blessures qu’elle s’inflige, la douleur pour
oublier … et s’oublier ….
Elle s’aperçoit que lorsqu’elle est sous substance, elle
voyage dans le temps et se retrouve dans les années 1800 la première fois. Elle
ne sait pas si c’est vrai ou si son esprit embrumé lui joue des tours. Ce qui
est sûr, c’est que ce qu’elle vit, ce qu’elle voit, elle le ressent dans son
corps. Dans ces retours en arrière, des personnages de son quotidien semblent
être là, avec d’autres noms (attention à ne pas s’embrouiller en lisant). Elle
a le sentiment d’avoir le moyen de résoudre l’enlèvement de sa fille.
Elle obtient des indices mais comment convaincre ceux qu’elle
côtoie de sa bonne foi ? Son équilibre psychique paraît si fragile, elle
est toujours prête à flirter avec les limites, à aller au-delà du possible et
du raisonnable. Elle dérange, elle détonne.
Autour d’elle, une mère instable, un père absent, un
policier qui essaie de la cerner, une adjointe qui fait de son mieux pour organiser
son emploi du temps, maintenir les clients… C’est un peu « la garde
rapprochée » mais d’autres gravitent également.
C’est une battante, un peu perdue, parfois complètement
paumée mais volontaire. Sa force c’est de ne jamais baisser les bras quelle que
soit la période où elle est. Mais quelques fois, elle m’a exaspérée, car j’aurais
voulu qu’elle agisse d’une autre façon ! Prend-elle assez de recul ?
David Belo aime cet univers qui déstabilise, qui interroge,
qui se démarque. Il adapte son phrasé au contexte, à l’époque. Le lien établit
avec le papillon sous plusieurs formes est intéressant, bien réfléchi. J’ai eu
quelques fois l’impression qu’il voulait nous transmettre plein d’éléments,
presque trop. J’aurais préféré que, de temps en temps, ce soit plus « épuré »,
j’ai ressenti quelques longueurs.
Mais le texte est puissant. L’atmosphère nous prend aux tripes, c’est noir, violent, on ne sait qui croire, que croire. Tiffany est fragile et forte à la fois, elle puise au fond d’elle-même tout ce qu’elle peut par amour pour sa fille. Quand elle s’effondre, elle en est consciente et comme le noyé au fond de l’eau, elle donne un coup de pied pour remonter et lutter encore. C’est tellement immersif qu’on sort vidé de cette lecture. Et ça, chapeau (mais pas un tricorne ; -)
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