"En quête de liberté" de Gaëlle Joly & Sana et Tugce Audoire

 

En quête de liberté
Comment je me suis sortie de l'enfer de Daesh
Auteurs : Gaëlle Joly & Sana (scénario) et Tugce Audoire (dessin)
Éditions : Vuibert (6 Novembre 2025)
ISBN : 978-2311151008
210 pages

Quatrième de couverture

Un soir d’août 2014, Sana, 15 ans, croit partir en vacances en Algérie avec sa famille. Quand l’avion atterrit, elle comprend : elle est en fait en Turquie, direction la Syrie. La frontière franchie, à pied et en courant dans la nuit, l’adolescente se retrouve dans un pays aux mains des terroristes. Mariée de force à un combattant de l’État islamique, mère un an plus tard, elle affrontera la guerre, la faim, les camps kurdes et l’effacement de son droit d’exister. Pendant neuf années, Sana n’aura qu’un objectif : survivre. Survivre pour elle, survivre pour ses filles.

Mon avis

Ce roman graphique raconte l’histoire de Sana pendant neuf ans, à partir d’août 2014. Ses parents sont séparés et sous prétexte de vacances, sa mère lui dit qu’elles vont aller en Algérie. Il n’en est rien et elle se retrouve en Syrie, mariée de force à un combattant de l’état islamique et mère à seize ans. La vie sous Daesh, les camps kurdes dans des conditions effroyables, elle va tout vivre, tout subir. Elle se battra pour survivre avec un seul but : revenir en France et vivre libre.

C’est son combat que Tugce Audoire, peintre et illustratrice turque, a mis en images et que Gaëlle Joly, grand reporter, ayant croisé Sana dans un camp en 2022, a décrit en mots, reprenant les confidences de la jeune femme.

Divisé en six chapitres, cette bande dessinée est édifiante. Au début de chaque partie, une carte pour situer les lieux et parfois, mieux comprendre les enjeux. Puis les images, avec une majorité de couleurs marron, sable, orange et beige. Le plus souvent trois à quatre vignettes par page. Les textes sont sur fond beige pour les pensées, et sur fond blanc pour les paroles. Le décor est souvent estompé pour se concentrer sur les visages, les silhouettes.

En ce qui concerne les illustrations, j’ai trouvé l’ensemble beau à regarder mais pas toujours très expressif. Certains personnages en posture debout manquent de mouvement, de souplesse, ils font un peu « raides ». Mais ça reste représentatif et il faut saluer la qualité du travail.

Pour le texte, il est difficile de résumer une petite dizaine d’années en deux cent dix pages donc il y a forcément des raccourcis, des passages survolés et je me suis posée quelques questions. Je vais chercher des entretiens avec Sana pour mieux comprendre tout cela.

Ce témoignage est bouleversant. Elle a vécu des choses horribles et le traumatisme est important. Le fait qu’elle parle, qu’on la lise, c’est donner la parole à toutes les personnes qui sont dans son cas et dont on ignore l’existence.

Le chemin a été dur, compliqué, notamment par le fait qu’il a fallu tenir tête à sa mère qui n’avait pas les mêmes idées qu’elle et qui envisageait un autre avenir pour sa fille. Elle a eu une force de caractère hors du commun et a trouvé des soutiens qui l’ont aidée à ne jamais baisser les bras.

Quand elle est revenue en France, elle a dû donner des preuves de sa bonne foi, de sa légitimité. Elle qui a été victime de sa famille et du terrorisme…. Pour elle, c’était une lutte de plus, mais c’est compréhensible.   

J’ai apprécié cette lecture. Mais il m’a manqué « un supplément d’âme », ces émotions fortes qui font dire waouhh, qui serrent le ventre et mettent les larmes aux yeux. Peut-être que le texte était trop factuel, pas assez dans le ressenti, même si on sent la colère et la peur de Sana.

Une chose est certaine. Il est parfois plus aisé de lire un roman graphique plutôt qu’un livre et cela permet d’être au courant de ce genre de situation.

NB : En fin d’ouvrage, la chronologie complète bien le propos. L’introduction (rédigée par Sana) et le « Et maintenant » (écrite par Gaëlle Joly) sont bouleversants.





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