"La rumeur" d'Heidi Perks (The Whispers)

 

La rumeur (The Whispers)
Auteur : Heidi Perks
Traduit de l’anglais par Carole Delporte
Éditions : Le livre de poche (5 Novembre 2025)
ISBN : 978-2253253136
384 pages

Quatrième de couverture

Personne n’a vu Anna depuis une soirée passée avec ses quatre plus proches amies. Elle a un mari aimant et un fils qu’elle adore, tous deux sont morts d’inquiétude. Grace, son amie d’enfance, est persuadée qu’elle n’abandonnerait jamais sa vie parfaite sans crier gare. Que lui est-il donc arrivé ?

Mon avis

Après des années d’absence, Grace, mariée et mère d’une petite fille, revient en Angleterre. Elle est sans son mari, bloqué par son travail à l’autre bout du monde. Elle s’installe dans la ville où elle a grandi et où vit Anna, sa meilleure amie. Bien que le contact ait été coupé du fait de la distance, elle a hâte de la retrouver. Leurs enfants sont scolarisés dans la même classe, ce sera facile.

Sauf que ce n’est pas aussi idyllique que Grace le pensait. Anna est devenue très amie avec d’autres mamans d’élèves et semble l’éviter. Grace est blessée d’autant plus qu’elle a le sentiment qu’une de ces femmes a une mauvaise influence sur Anna. Elle a tant donné avant de partir avec sa famille pour sa best friend qui n’avait que son père. Elle l’a accueillie comme si elle était sa sœur. Les soirées pyjamas, les sorties, elle l’a aimée, protégée, elle ne comprend pas, elle souffre. Comment rétablir ce lien dont elle a tant besoin ? Elles ont évolué mais Anna ne peut pas avoir oublié le passé, tout ce qu’elle a fait pour elle, c’est impossible.

Mais les non-dits, les silences, les qu’en dira-t-on pèsent…

« Parfois, j’aimerais que Grace dise ce qu’elle pense. En fait, je trouve souvent qu’il serait préférable que nous soyons toutes plus honnêtes au lieu de jongler avec nos peurs, nos angoisses et nos gênes. »

Le lecteur passe de l’une à l’autre avec différents points de vue, parfois pour un même événement, alternant passé (proche et lointain) avec le présent.  Anna dit « je », pour Grace, c’est un narrateur. C’est là que l’on découvre que quelques détails peuvent flétrir les souvenirs, les transformer pour en faire ce qu’on désire surtout quand de longues années se sont écoulées. À ce moment-là, tout est chamboulé, remis en question. Où se trouve la vérité ? Dans ce qu’on imagine être le vécu réel ou dans ce qu’on tait car notre cerveau a fait l’impasse ? Qu’est-ce qui a créé cette « fracture » entre ces deux inséparables ?

L’écriture est prenante (merci à la traductrice), la tension augmente au fil des chapitres, plutôt courts pour maintenir suspense et intérêt. C’est bien pensé, bien construit. Petit à petit, les personnalités se dessinent, surprenantes, pas forcément comme on les croyait.

Ce roman parle d’amitié, de la complexité des rapports humains (quelques fois, on ne veut plus les voir les personnes qui nous rappellent quelque chose qu’on a choisi de mettre sous le tapis). Il évoque également la place qu’on donne à chacun et ce qu’on attend d’eux. D’ailleurs faut-il attendre quoi que ce soit de ceux qu’on aime ? À part écoute et compréhension ?  


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