Ma voisine face au fleuve
Auteur : Franck Andriat
Éditions au Pluriel (18 Novembre 2025)
ISBN : 978-2492598241
208 pages
Quatrième de couverture
Antoine, professeur de lettres, vit dans un appartement face
à un fleuve qui lui apporte sérénité et paix. Il se reconstruit après une
rupture qui a fait voler sa vie en éclats. Sybille s’installe dans
l’appartement voisin. Ils se découvrent un parcours de vie blessé. Au fil des
rencontres bercées par les reflets de la lumière sur l’eau, par la musique
baroque et par le vol des troupes de bernaches, un lien se tisse entre les deux
voisins que de petits détails du quotidien vont rapprocher.
Mon avis
Antoine est professeur de français, il aime la littérature,
la poésie, Christian Bobin, les phrases qui font rêver et les élèves motivés.
Il a eu un parcours de vie peu aisé et pensait avoir trouvé un équilibre avec Amélie.
Mais elle l’a quitté il y a trois ans. Il est seul dans un appartement qui
donne sur le fleuve. C’est une vue apaisante pour lui, avec les reflets qui ne
sont jamais les mêmes. Au collège, sa collègue Mathilde est son amie et il sait
qu’il peut compter sur elle, lui parler, se confier.
Sybille vient de quitter Merlin, un compagnon toxique. Mais
comme c’est elle qui a fui le domicile conjugal, son conjoint a mis ce fait à
profit pour récupérer la garde de leur fils Jérôme. Elle ne le verra que les
fins de semaine. Installée dans un joli logement, sur le même palier qu’Antoine,
elle attend la visite de son fils. Elle réalise très vite que « son ex »
n’a rien laissé au hasard. L’enfant est « formaté » par les
réflexions de son père qui lui a lavé le cerveau, qui présente les faits en sa
faveur. Il cherche à l’éloigner de sa mère, voire à le dégoûter de venir chez
elle.
Sybille souffre, elle doit faire face, soupeser ses mots
pour ne pas envenimer la situation, ne pas surréagir car Jérôme le dira à son
papa, mais que c’est difficile. Il faut préserver le collégien des conflits des
adultes et en parallèle, ne pas se laisser faire. Elle est sur la corde raide. Heureusement
elle s’épanouit dans sa profession.
Un jour, elle voit son voisin sur le parking de l’immeuble.
Il lui propose de l’aide pour porter ses sacs de courses. Tout d’abord très
méfiante, elle finit par accepter en se disant que ça n’ira pas plus loin. Et
puis, ils se croisent d’autres fois et petit à petit un lien se tisse et la
confiance arrive. Ils discutent un peu, échangent …
Les chapitres alternent entre Antoine (qui s’exprime en disant
« je ») et Sybille (avec un narrateur extérieur). On découvre leurs
points de vue, leurs ressentis, les événements qui jalonnent leur quotidien.
Le style de l’auteur est infiniment poétique, doux, lumineux.
Les descriptions du fleuve, par exemple, apportent une note délicate.
« Quelques oiseaux célèbrent l’obscurité qui avance
sur la pointe des pieds. Les blancs entre leurs chants installent la nuit,
bercée par l’eau infatigable et par les lampadaires qui peignent sur sa surface
des éclats mordorés. »
J’ai été charmée par la « musicalité » de l’écriture,
par l’atmosphère qui se dégage lorsque la nature ou les relations humaines - paisibles
- sont évoquées. Le fleuve a un « rôle » important.
Lire Franck Andriat, c’est prendre le temps de contempler, d’écouter cette
petite histoire qui se déroule sous nos yeux.
Je me suis attachée à Sybille, cette femme qui veut protéger son fils et qui a
beaucoup subi. Combien sont-elles, dans la vraie vie, à lui ressembler ? À se battre pour exister librement, sans
emprise ?
Ce récit m’a beaucoup plu. Peu importe qu’il y ait d’heureuses
coïncidences ou des temporalités un peu rapides. L’essentiel est ailleurs, dans
la qualité du phrasé, dans la construction du texte où tout semble parfaitement
en symbiose. Les mots de l’auteur parlent à la tête et au cœur et c’est ce que
j’aime quand je découvre un livre !

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