"Journal d'une enfant survivante" de May Kham


Journal d’une enfant survivante
Auteur : May Kham
Éditions : Les nouveaux auteurs (4 Novembre 2010)
ISBN : 978-2819500322
300 pages

Quatrième de couverture

L'histoire racontée dans ces pages, avec une sensibilité à fleur de peau, est celle d'une jeune Hmong du Laos. Depuis son enfance auprès d'un père général allié des Occidentaux, jusqu'à son exil en France, en passant par les terribles camps de la jungle thaïlandaise, mouroirs à ciel ouvert. Maykham, gamine singulière puis adolescente révoltée, est forcée de se battre contre la faim, la mort et l'oubli, mais aussi l'incompréhensible abandon d'une mère, l'éclatement d'une famille dans un milieu rétrograde, face à une société incompréhensible, une culture nouvelle et des amours insensées. Pourtant le courage de Maykham, qui parvient à nous faire sourire dans cette tourmente, précipitera son destin

Mon avis

« Mais ici, un jour, une heure, une minute, c’est déjà un cadeau du ciel. »

« Je me dis souvent que la plupart des Français ont un besoin singulier de légèreté et une frousse bleue de la profondeur. »

« C’est la première fois que je rencontre un être humain qui me dérange, me donne la possibilité et le luxe d’être tel que je suis. »

C’est May Kham (son prénom est Maykham « fil d’or ») qui parle dans ce livre. Une trentaine de chapitres alternant le passé et le présent, certains se terminant par de beaux haïkus.

Le passé, douloureux, étant évoqué à travers les pages d’un journal intime qu’elle a gardé et qu’elle évoque.
Au début, petite fille riche qui pense que « l’aisance n’a ni début ni fin. » Et puis la guerre, les camps, les atrocités, les cauchemars, la misère, la peur, la souffrance ….
Alors arrive la possibilité de venir en France. Le salut ?
C’est ce qu’on pourrait penser mais là aussi, il faut faire face : pauvreté, racisme, difficultés de tous ordres et malgré tout continuer d’avancer, de croire que « demain est un autre jour ».

May Khan nous emmène à sa suite.
Elle fera de belles rencontres :
Monsieur B, l’assistant social dont le « métier c’est d’être gentil »
L’instituteur qui lui offrira « Le petit prince »
Les moments où elle témoigne de son vécu auprès de classes d’abord dubitatives devant ce qu’elle dit (un père avec plusieurs épouses, une trentaine de frères et sœurs…), puis intéressées.
Gabriel, l’étudiant qui l’aime et veut l’aider … et d’autres encore …
Toutes ces rencontres, comme autant de rayons de soleil, de raisons de s’accrocher, de croire en la vie et d’avancer vers d’autres possibles qui seront meilleurs.

Il n'y aura pas que de belles rencontres ... mais toujours le désir, plus fort que tout, de s'en sortir, de ne pas "être locataire de sa vie" ...

On voit aussi les difficultés, les siennes, mais aussi celles de sa mère (les enfants s’adaptent plus vite, la mère, même en camp était près de tous ses semblables), le passé tenu secret, qui ressurgit à l’improviste ...

Le récit vous entraîne, une fois commencé, vous n'avez pas envie d'abandonner May. Vous savez qu'elle s'en est sortie puisqu'il y a ce livre mais vous avez le souhait de mieux la comprendre.

May Khan apparaît comme une personne ayant du caractère, capable de lutter pour ce qu’elle veut obtenir.
Elle a une force de caractère impressionnante, une sensibilité à fleur de peau qui donne de la profondeur à son récit. Elle ne s’apitoie pas, ne larmoie pas, elle livre des faits, sa vie, la vie de sa famille, le tout analysé avec délicatesse et pudeur. Son écriture est très vivante, sans jugement profond, sans regrets inutiles ...

Un seul « bémol », le mot « roman » sous le titre. Je l’ai gardé présent à l’esprit tout au long de ma lecture. Jusqu’où était le témoignage ou commençait le roman ?

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