Le verger de marbre (The marble orchard)
Auteur : Alex Taylor
Traduit de l'américain par Anatole Pons
Éditions : Gallmeister (Janvier 2018)
Collection: Totem
ISBN : 978-2-35178-634-5
272 pages
Présentation de l'éditeur
En plein Kentucky rural, la Gasping River déploie son cours au milieu des falaises de calcaire et des collines. Un soir où il conduit le ferry de son père sur la rivière, le jeune Beam Sheetmire tue un passager qui tente de le dévaliser. Mais sa victime est le fils de Loat Duncan, un assassin sans pitié. Toujours accompagné de ses chiens menaçants, Loat est lui-même porteur d’un lourd secret concernant le passé de Beam. Aidé par son père, le jeune homme prend la fuite.
Auteur : Alex Taylor
Traduit de l'américain par Anatole Pons
Éditions : Gallmeister (Janvier 2018)
Collection: Totem
ISBN : 978-2-35178-634-5
272 pages
Présentation de l'éditeur
En plein Kentucky rural, la Gasping River déploie son cours au milieu des falaises de calcaire et des collines. Un soir où il conduit le ferry de son père sur la rivière, le jeune Beam Sheetmire tue un passager qui tente de le dévaliser. Mais sa victime est le fils de Loat Duncan, un assassin sans pitié. Toujours accompagné de ses chiens menaçants, Loat est lui-même porteur d’un lourd secret concernant le passé de Beam. Aidé par son père, le jeune homme prend la fuite.
« Les gens
étaient esclaves de leur fragilité… » *
On est, dès les premières pages, dans l’Amérique profonde et
rurale. Une famille, Derna, la mère, Clem, le père et Beam , le fils, gèrent
tant bien que mal, un bac qui permet de passer la Gasping River dans le Kentucky. Ce n’est pas
ce qu’on fait de mieux comme boulot mais lorsque le chômage est important dans
le coin, on s’en contente, quitte à arrondir les fins de mois en se servant un
peu au passage sur les clients. Beam, il
est ce qu’il est, un jeune de dix-sept ans, plutôt désœuvré, pas très vaillant,
mais assez obéissant lorsque son Papa lui confie la tâche d’assurer quelques
traversées. La vie n’est pas reluisante
mais il faut faire avec, vivoter le mieux possible et s’en accommoder.
Et puis, un jour, Beam fait une très grosse bêtise, la faute
à pas de chance bien sûr mais c’est trop tard, le mal est fait. Il lui faut
fuir, pour aller au bout de nulle part, dans ce coin des Etats-Unis où l’on
trouve des hommes prêts à en découdre pour un rien, qu’ils soient tenanciers,
routier ou autres … Ils ont la gâchette facile, le geste brutal, le verbe
injurieux et sec …. C’est sans doute
pour se montrer virils, forts ….. De rencontre en rencontre, Beam nous emmène
toujours plus loin, au plus près d’une certaine forme de misère, de pauvreté
intellectuelle, dans une atmosphère rarement éclairée d’un rayon de soleil. Il
fuit sans faire beaucoup de kilomètres, comme incapable de quitter ce coin de terre,
de se confronter à un monde différent qu’il ne connaît pas bien.
Ce roman fait ressortir de vieux secrets de famille. Alors,
me direz-vous, ne va –t-on pas trouver un air de déjà vu ? Non, parce que
l’auteur s’empare de cette intrigue dans un style très personnel. Il y a, en
effet, un contraste saisissant entre les conversations en langage familier,
directes et sans fioritures, et le reste du texte qui peut offrir de belles
descriptions, des phrases résonnant comme des extraits de poèmes….(d’ailleurs
« Le verger de marbre » désigne le cimetière).
« Certains coins
portaient encore la balafre de veines à ciel ouvert, et la houille en surface
brillait d’un éclat bleuté sous le soleil, le sol lui-même cendré et couvert de
schiste présentant l’aspect morne et éreinté d’une véritable géographie du
désespoir . »
C’est façon d’écrire
est bouleversante, comme si, la laideur, la méchanceté restaient dans les
dialogues, les attitudes, les actes, mais que tout autour, pour un peu qu’on
ouvre les yeux, la beauté, le bonté, ne
demandaient qu’à se montrer ….. Il y a un faux rythme, on avance à la cadence
de Beam et de temps à autre, tout s’accélère…..
C’est noir mais ce n’est pas glauque, ça vous broie les
tripes mais ça ne vous fait pas peur, ça vous serre le cœur et vous cherchez
des raisons d’espérer des jours meilleurs malgré la détresse qui suinte entre
les lignes.
J’ai beaucoup apprécié cette lecture qui bouscule les codes,
qui m’a mise face à des hommes durs mais quelquefois attachants (même les
personnages secondaires sont étoffés et tiennent leur place), face à des femmes
fortes et fragiles à la fois, aimantes le plus souvent (Derna est un modèle
d’amour qui ne sait pas s’exprimer mais qui se dévoue corps et âme pour son
fils), face à une région d’Amérique qui a dû se sentir abandonnée…..
* page 69
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire