"Les dieux du verdict" de Michael Connelly (The gods of guilt)


Les dieux du verdict (The gods of guilt)
Auteur : Michael Connelly
Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Robert Pépin
Éditions : Calmann-Lévy  (Octobre 2015)
ISBN : 9782702141571
380 pages

Quatrième de couverture

Après avoir perdu son élection au poste de procureur, l’avocat Mickey Haller est au plus bas. Son ex s’est éloignée de lui et sa fille ne lui parle plus-: elle lui reproche d’avoir fait libérer un alcoolique qui s’est aussitôt empressé de prendre le volant et de tuer une mère et sa fille. Mais un jour, il reçoit un texto de son assistante-: appelle-moi – 187. 187 étant le code pour «-meurtre-», Haller sait qu’il va devoir se remobiliser pour défendre l’accusé. Mais la victime, Gloria Dayton, est une ancienne prostituée que Mickey aimait beaucoup et qu’il pensait avoir aidée à rentrer dans le droit chemin. Découvrir qu’elle l’a dupé en continuant de se prostituer et imaginer que c’est peut-être lui qui l’a mise en danger le met rapidement sous pression. Sans compter que certains personnages qui devraient faire respecter la loi se montrent violents et malhonnêtes. Ils n’apprécient pas qu’Haller se mêle de leurs affaires.

Mon avis

Habeas Corpus

Chez mon ami Michael Connelly, il y a Harry Bosh, inspecteur du LAPD au caractère torturé ;  et son demi-frère, Mick Haller, l’avocat de la défense, qui fait parfois sortir des « méchants » de prison, et qui, lui, est globalement mieux dans ses baskets…. L’un est l’autre sont des personnages récurrents (plus l’un que l’autre , d’ailleurs) et j’ai du plaisir à les retrouver comme de vieux potes dont on est content d’avoir des nouvelles.  Bien sûr, il arrive que l’auteur soit un peu en dessous de ses possibilités et que son texte soit moins élaboré que celui de ces premiers livres :  le Poète ou Créance de sang mais comme à une vieille connaissance, on pardonne et on attend le prochain….

Dans « Les Dieux du Verdict », c’est l’avocat que nous retrouvons et cet opus est un bon cru. Pour ceux que l’idée d’un énième procès à suivre rebuterait, il faut signaler que cette fois-ci, le grand jeu des jurés avec celui ou celle qui sert de point de repère, n’apparaîtra que dans le dernier tiers du roman.
Pour les autres parties, c’est le passé de Mickey qui lui revient en pleine face et comme il ne connaît pas Ferré, il ne peut pas chanter « Monsieur mon passé, voulez-vous passer ? » et du coup, il est bien obligé de faire avec…même si tout ça vient bouleverser son quotidien et le déstabiliser car les révélations  vont être nombreuses…

Il croyait que Gloria s’était sortie de la prostitution grâce à lui, plutôt satisfait de sa bonne action … Mais il va découvrir des choses bizarres, peu cohérentes avec l’image qu’il avait d’elle… Mick Haller est tenace et il veut comprendre, d’autant plus que l’homme qui a fait appel à lui pour le défendre est accusé d’avoir tué Gloria, ce qu’il réfute bien entendu…. La situation est tendue et les gens qui agissent dans l’ombre tirent des ficelles bien plus importantes qu’on ne l’imagine au départ… L’escalade dans la manipulation se met en place, chacun essayant de se préparer à influencer les autres pour gagner la partie mais la vie n’est pas un jeu…les dégâts collatéraux peuvent être terribles, Mickey doit être prudent…. Alternant les passages passé présent, mêlant différents milieux : les policiers, les trafiquants, les prostituées, l’équipe autour de Haller, l’auteur nous entraine dans un récit complexe mais lisible. Les rencontres avec David, hospitalisé et à qui l’avocat fait passer de la nourriture sous le nez des infirmières sont des digressions humoristiques qui détendent l’atmosphère lorsque la tension est trop forte et pour ne rien gâcher, David se révèle de très bon conseil.

Le procès habilement mené clôturera le tout avec finesse. Ce n’est pas du tout lourd (ou alors je m’habitue aux arcanes judiciaires américaines) car le discours est clair, presque pédagogique (mais présenté avec intelligence). De plus, les nombreux dialogues enlèvent l’aspect pesant que pourrait avoir ce genre de lieu et de récit.  On pourrait penser que ce milieu de prétoire, de lois, de contraintes administratives va être pénible à suivre mais l’écriture de Michael Connelly fait merveille. Il sait fasciner, intéresser celui qui lit, le mener sur le chemin de la réflexion, lui distillant des indices lorsqu’il pourrait baisser les bras.

Le lecteur aura des sueurs froides, des angoisses mais également des pensées émues pour ce dur au cœur tendre qui regarde sa fille faire du sport en cachette. Et surtout, surtout, il passera un excellent moment avec ce roman.

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