La zygène de la filipendule
Auteur : Ricardo Salvador
Éditions: Kyklos (22 Juin 2011)
ISBN: 978-2-918406-18-1
504 pages
Dans l’enceinte d’un zoo en faillite voué à une reconversion
en centre de loisirs, un des repreneurs chargés de fermer le site est retrouvé
assassiné. Un commissaire – qui souffre d’une homonymie fâcheuse avec un
célèbre policier belge – mène l'enquête, aidé en cela par un médecin légiste
déjanté et un inspecteur aussi dévoué qu'inefficace.
Mon avis
Et le tueur est …..
Attendez ! Vous n’avez pas imaginé un seul instant que
j’allais vous dire qui tue la nuit (et parfois le jour) agissant comme le
papillon ayant donné son nom au titre de ce roman ?
Non, n’insistez pas, même torturée par les porcs-épics ou
les grenouilles tueuses, je ne dirai rien. Il vous faudra lire ce livre
vous-même.
Comme vous l’aurez compris avec le titre, qui est à lui seul
une façon d’avoir le sourire aux lèvres (prononcez-le devant un miroir,
regardez-vous et vous verrez les commissures de vos lèvres se relever toutes
seules …. et probablement vos yeux pétiller de plaisir…) ainsi que la quatrième
de couverture, vous avez affaire là à un roman sortant de l’ordinaire. Déjanté
juste ce qu’il faut, désopilant à souhait, l’humour est omniprésent de
différentes manières.
Surprenant par le lieu principal où se déroulent les
événements (dans un zoo),
surprenant par son écriture marquée de jeux de « noms »
(Monsieur Lapaud-de Loursse, Monsieur Egoïne, médecin légiste qui dissèque les
cadavres, …. chacun porte un nom qui est à lire à haute voix pour sourire),
surprenant par les différentes situations, comiques même
lorsqu’elles sont dramatiques,
surprenant par le contenu, le fil conducteur,
surprenant par l’humour des comparaisons évoquées (un
immense lustre de cristal d’au moins une demi tonne pendait à quatre mètres du
sol comme une espèce de vaisseau spatial silencieux et scintillant…),
surprenant car nous faisant sourire avec un langage soutenu,
parfois un tantinet suranné (un succès fort mitigé auprès de la susnommée
engeance plus encline à béer sur d’émoustillants pectoraux qu’à s’extasier
devant une personnalité attachante)….
surprenant, vous dis-je ….
Mélangez intelligemment toutes ces « surprises » et vous
vous trouverez devant une bonne tranche de rigolade …. et un livre jubilatoire
sortant des sentiers (de zoo) battus ...
Les personnages évoqués sont « ciblés », quelques
caractéristiques bien choisies servent à les décrire, pas d’étude
psychologique, mais ça ne se serait sans doute pas bien « marié » avec la
spécificité de cet écrit.
Les trente-huit chapitres ont tous des titres longs, « à
l’ancienne », « Dans lesquels sont rappelés certains faits du susnommé
chapitre. »
J’ai plusieurs fois pensé à « la jument verte » de Marcel
Aymé (dont je vous livre la première phrase : « Au village de Claquebue naquit
un jour une jument verte, non pas de ce vert pisseux qui accompagne la
décrépitude chez les carnes de poil blanc, mais d'un joli vert de jade. »,
Marcel Aymé, qui aimait, lui aussi, jouer avec les mots ….
Les animaux cités, sont presque humains, leur comportement
peut nous envoyer comme autant de petits signaux sur nos travers, notre
attitude …
Leurs moeurs, habitudes et modes de vie sont aussi bien
expliqués (l'auteur s'est-il renseigné?) .... malgré une part de fantaisie
(pour le dodo, je ne suis pas certaine que la date de sa disparition soit si
précise)....
Ricardo Salvador a réussi à nous livrer cinq cents pages
amusantes, originales ; changeant des « policiers » habituels, maintenant nos
sens en éveil par le plaisir des mots, et rien que pour cela, il vaut largement
le détour ou la ligne droite pour aller à sa rencontre.
Bonne lecture !
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