La vengeance des mères (The Vengeance of mothers)
Les journaux de Margaret Kelly et de Molly McGill
Auteur : Jim Fergus
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Jean-Luc Piningre
Editions : Cherche-Midi (22 septembre 2016)
ISBN : 978 2 7491 4329 3
392 pages
Quatrième de couverture
1875. Dans le but de favoriser l'intégration, un chef
cheyenne, Little Wolf, propose au président Grant d'échanger mille chevaux
contre mille femmes blanches pour les marier à ses guerriers. Grant accepte et
envoie dans les contrées reculées du Nebraska les premières femmes, pour la
plupart " recrutées " de force dans les pénitenciers et les asiles du
pays. En dépit de tous les traités, la tribu de Little Wolf ne tarde pas à être
exterminée par l'armée américaine, et quelques femmes blanches seulement
échappent à ce massacre. Parmi elles,
deux sœurs, Margaret et Susan Kelly, qui, traumatisées par la perte de leurs
enfants et par le comportement sanguinaire de l'armée, refusent de rejoindre la
" civilisation ".
Mon avis
Seize ans après « Mille femmes blanches »,( un
chef d’œuvre), et sous la pression de ses nombreux lecteurs, Jim Fergus s’est
décidé à écrire une suite (qui sera suivie d’un troisième livre). Reprendre la plume lorsqu’un premier tome a
été encensé est toujours difficile, délicat et risqué…. L’auteur est attendu « au
tournant », et la pression est énorme.
Jim Fergus qui est comme d’autres écrivains américains, plus
connus en France qu’aux Etats-Unis, parle un français de qualité (je l’ai
rencontré à la Fête du Livre de Saint-Etienne) mais malgré tout, il a écrit en
anglais et a été traduit (de fort belle manière d’ailleurs ). Il explique
souvent aux journalistes que la plupart des Américains ne connaissent rien à la
vie des Indiens, et qu’ils n’ont pas idée des massacres subis par ces peuples.
C’est bien dommage, et c’est encore plus triste que Monsieur Fergus soit peu lu
dans son pays….car ses habitants continueront de fermer les yeux et d’ignorer….Pourtant
Jim Fergus est un merveilleux conteur….
J’ai été captivée, envoûtée par Mille femmes blanches et j’attendais
cette suite avec impatience. Mais je n’osais pas me lancer tant j’avais peur d’être
déçue.
J’ai retrouvé l’écriture magique, poétique, porteuse de sens
de l’auteur.
« Un mot à propos
du vent… […] N’est-ce pas lui qui préside au découpage des terrains, qui modèle
les plaines à son image, tel le peintre avec sa brosse, ou le sculpteur ciselant
la pierre avec son marteau et son burin ? »
J’ai apprécié ces femmes battantes, parfois vengeresses, qui
ne se laissent pas impressionner et qui veulent vivre. Elles sont au milieu de
nulle part, face à des inconnus et elles arrivent, pour certaines, à manier l’humour,
à continuer d’espérer et de croire qu’elles vont s’en sortir. On pourrait reprocher des personnalités un peu
« clichés » : la coincée, la lady, la risque-tout, la timide, la
leader …. Mais c’est comme ça dans la vie de tous les jours…..alors pourquoi
pas ?
Il y a deux narratrices principales, les deux femmes dont
les carnets ont été récupérés. Elles ne
sont pas issues du même milieu et elles ne s’expriment pas de la même façon. L’auteur
a parfaitement adapté le vocabulaire, le phrasé, le style à chacune. Elles n’appréhendent
pas forcément les événements de la même façon et le ton peut être sérieux,
frôler la dérision, être plein de questions, cacher la réalité pour essayer de
l’esquiver ou de diminuer la gravité de ce qui se passe. L’approche du récit par ces journaux intimes
a, pour moi, moins de rythme qu’un « récit
en direct ».
Toutefois ces « mères courage » sont
merveilleusement décrites et même si le texte n’a pas la puissance de Mille
femmes blanches, les portraits de ces femmes méritent amplement le détour.
Monsieur Fergus ne nous faites pas attendre seize pour la
fin de cette trilogie, s’il vous plaît !!!
NB : J’aime beaucoup l’idée de la couverture pour faire
connaissance. Et j’ai particulièrement apprécié le début et la fin du roman…
Quant à la photo de couverture ….superbe !
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