Le temps des femmes: Tome 1: Le salon d'Emilie
Auteur: Emmanuelle de Boysson
Éditeur: J'ai lu (9 Avril 2011)
ISBN: 9782290039403
Quatrième de couverture:
Dans les tourments de la Fronde qui traumatise Louis XIV
enfant, Émilie, jeune Bretonne sans le sou, part tenter sa chance à Paris. Elle
y devient préceptrice chez la comtesse Arsinoé de La Tour qui l'introduit dans
les salons littéraires. Son ambition provoque la jalousie des précieuses qui
manient aussi bien l'art de la conversation que la raillerie. Cette caste
arrogante s'accommodera-t-elle de sa modeste condition ? Émilie tient son
journal, tente de se protéger des coups bas, s'impose. Trouvera-t-elle la force
de quitter son vieux mari, noble et fortuné, pour suivre Ronan, l'homme qu'elle
aime, un poète libre et pauvre?
Mon avis
En regardant ce livre, une chose est certaine: si je l’avais
vu en version broché grand format, l’illustration ne m’aurait pas fait envie…
En éditions de poche, elle est plus attirante à mon goût.
Cet aparté fait, j’ai vraiment apprécié cette lecture.
D’une écriture qui peut sembler légère, mais qui reste
«racée» (le vocabulaire de l’époque –nous sommes aux alentours de 1643-- y est
employé avec intelligence et à bon escient: saviez-vous qu’un poulet est un
billet doux ?), Emmanuelle de Boysson nous emmène dans les salons des dames de
Paris où va se trouver propulser Emilie malgré elle. Jeune bretonne dont le
père vient de mourir, très cultivée grâce à lui (elle sait lire et écrire,
apprécie la belle littérature et peut en parler, un fait rare pour l’époque),
elle va commencer comme préceptrice dans une famille bourgeoise où elle a été
«recommandée». Prise en affection par une des dames qu’elle côtoie, elle sera
ensuite introduite plus avant dans les «salons où l’on cause». Emilie est fine,
intelligente, mais parfois son ambition l’a fait agir avec maladresse… Elle
n’aura pas toujours la vie facile et ne pourra pas choisir son destin… Malgré
tout, elle est volontaire, c’est une femme qui ne se laissera jamais miner par
le chagrin quitte à tourner ses malheurs en dérision, elle essaiera de faire
face.
C’est la société bien pensante de l’époque de la Fronde que
nous croisons dans ce roman.
Les hommes sont un peu rustres, quelquefois violents car ils
se sentent investis de la toute puissance. Les femmes font tout pour se
retrouver entre elles, échanger des secrets, parler de lectures, des «amies»
(quand elles ne sont pas là), de leurs beaux amants qui leur font découvrir le
vrai plaisir….. Elles cherchent, adroitement, à se démarquer de leurs époux qui
les considèrent comme des «potiches» (et peut-être aussi des «pouliches»)….
On pourrait croire que tout cela a un petit air suranné,
vieillot à souhait et bien pas du tout!!!
Les descriptions sont très vivantes, entrecoupées de
quelques pages du journal intime d’Emilie qui nous permettent de voir ce qui se
passe sous un autre angle. On découvre les intrigues de la cour, les complots,
la vie quotidienne (notamment le rapport à la médecine).
C’est l’époque où les femmes commencent à écrire et où les
hommes se targuent d’être bien meilleurs qu’elles, se demandant de quel droit
elles osent prendre la plume…
On croise des hommes (Corneille entre autres…) et des femmes
ayant réellement existé et glissés ça et là (avec des références réelles) au
cœur de l’intrigue.
C’est prenant, facile à lire, on redécouvre une période de
l’histoire sans avoir de lourdeur dans le texte.
On s’attache aux pas de la jeune Emilie, on a envie de la
voir grandir, de savoir ce qu’elle devient, de l’aider à trouver sa place dans
la société, de la conseiller quand elle fait preuve de trop de fougue et en
pâtit par la suite …
On voudrait qu’elle soit heureuse, tout simplement …
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