"Les singuliers" de Anne Percin


Les singuliers
Auteur : Anne Percin
Éditions : Babel (Août 2016) / Rouergue ( Septembre 2014)
ISBN :9782330066796
420 pages

Quatrième de couverture

Dans les années 1888-90, un jeune peintre belge, Hugo Boch, en rupture avec ses origines bourgeoises, s'installe à Pont-Aven et y fait la rencontre de nombreux artistes, notamment Gauguin. Ce dernier l'introduit dans l'avant-garde, dont Van Gogh est le maître scandaleux.

Mon avis

Ce roman épistolaire se situe à la fin du XIX ème siècle. Trois personnes correspondent : Hugo, qui écrit d’une part à Tobias, son ami, et d’autre part, à Hazel sa cousine, et bien entendu, ils lui répondent tous les deux.  Il y a également quelques courriers avec la famille. Hugo s’est installé à Pont Aven parmi une petite communauté de peintres dont Gauguin. Il a fui sa famille qui aurait voulu qu’il reprenne l’entreprise familiale de faïence. Tous les trois sont attirés par l’art et souhaitent en vivre.

Anne Percin mêle avec doigté des personnages fictifs et réels. A travers les courriers échangés, on découvre la difficulté de trouver « sa voie » en tant qu’artiste. Il faut ensuite s’affirmer, se faire connaître (dans le milieu de la peinture, le succès est parfois tardif comme nous le rappelle l’auteur grâce à des faits ayant existés).  Se faire descendre ou encenser par la critique, manger très peu par manque de moyens, se faire éjecter de certaines expositions, etc, c’est le lot de ces trois amis mal connus, méconnus, mais qui ne lâchent rien. Ils ont chacun des caractères et des approches de la peinture, de la photographie, très différentes. Ils développent des arguments, des idées dans chaque lettre non seulement sur la « méthode » employée, testée, mais aussi sur ce qui les pousse dans leurs choix et leurs rapports aux autres. On s’aperçoit que la place des femmes dans le milieu des artistes était très discutée à cette époque. On les voyait plus aux fourneaux et aux tâches ménagères que capables de s’exprimer dans des tableaux… D’où un certain dédain et du mépris…. Mais Hazel ne l’entend pas de cette oreille et a bien l’intention de se faire une place….

La forme de ce roman, à travers les différentes correspondances est très plaisante.  Elle permet à chaque protagoniste de partager ses pensées, de donner son avis, d’observer, d’analyser et de donner des informations sur  des faits historiques. Je n’avais jamais entendu parler du « groupe des Vingt (ou Les XX) »  qui est un cercle artistique d'avant-garde fondé à Bruxelles en 1883 par Octave Maus. Cela m’a donné envie d’en savoir plus.

 Les écrits sont très bien ancrés dans la période évoquée tant par le vocabulaire que par les sujets abordés ( en plus de l’art, la construction de la tour Eiffel, Jack l’éventreur…). On découvre l’esprit tourmenté de certains, le besoin de reconnaissance, le souhait de percer au milieu de ceux qui sont déjà connus. Van Gogh, Gauguin, Toulouse Lautrec  sont là, bien présents, avec nos trois écrivaillons, et bien d’autres, chacun dans sa singularité, son désir d’être « singulier »….

J’ai beaucoup apprécié cette lecture. Les jeunes gens présentés sont attachants, leurs portraits se « dessinent » peu à peu, à petites touches. De plus, la présentation générale par l’intermédiaire des missives offre un aspect très intéressant à l’ensemble.

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