La dernière ronde
Auteur : Ilf - Eddine
Éditions : Elyzad (28 Février 2011)
ISBN : 978-9973580337
200 pages
Quatrième de couverture
Un champion d'échecs russe participe à un tournoi
qualificatif pour le titre mondial. Au fur et à mesure des parties, comme monte
progressivement un suspense intense, l’homme vieillissant se remémore les
étapes importantes de sa vie : ses succès de jeunesse, sa découverte du haut
niveau, ses années de labeur auprès de Karpov, puis son exil en France, loin de
cette URSS qui a façonné son destin….
Mon avis
Note : Un tournoi d'échecs est souvent organisé sous forme
de rondes. Chaque joueur jouera ainsi le même nombre de parties qu'il gagne ou
qu'il perde. Ce n’est pas simple à mettre en place …
Le personnage principal de ce roman participe à un tournoi
en onze rondes.
Une couverture magnifique de sobriété et de symboles : la
pendule (qu’on arrête lorsqu’on sait qu’on a perdu et qu’on renonce à continuer
la partie), onze pions, comme les onze rondes, atour de cette dernière. Un
format, très agréable et un papier de superbe qualité, épais, « tramé » et
légèrement beige. Déjà avant d’ouvrir le livre, un sentiment de plaisir …..
Et une fois refermé, un véritable coup de cœur !
Un joueur d’échecs, russe, vieillissant, participe à un
tournoi et de ronde en ronde, revient sur sa vie, son passé, ses choix, ses
rencontres.
Les souvenirs se mettent en place, doucement mais
solidement, comme autant de coups qui dévoilent le jeu pendant une partie. Au
début, il égrène des souvenirs plus ou mois légers, professionnels, puis petit
à petit, plus personnels : relations avec le gouvernement russe (un peu écorché
au passage), avec les femmes aimées, avec les enfants, avec les autres ….
Connaître un échiquier et son maniement n’est pas
indispensable pour apprécier ce livre. Il suffit de se laisser porter par
l’écriture de cet écrivain qui a de beaux jours devant lui.
Un récit à la première personne, avec des phrases d’une
précision d’orfèvre, des descriptions au scalpel.
« ……………extrême dans son addiction, vacillant à la limite
de la pathologie avant de finir par s’y perdre …. »
Le personnage principal évoque ses rencontres avec des «
maîtres » de ce monde. On a l’impression d’un réel témoignage et pas du tout de
fiction. On sent qu’Ilf-Eddine joue aux échecs, qu’il connaît le principe des
tournois et qu’il suit l’actualité de ce milieu.
A travers les onze rondes, réparties en cinq chapitres, on
suit le cheminement du héros dans le tournoi, ses pensées, ses analyses (des
matchs joués mais aussi de sa vie). On découvre la rigueur que s’imposent les
participants pour réussir au mieux, le poids mental des défaites, la
culpabilité de celui qui perd lorsqu’il représente une nation, les relations
fluctuantes avec les médias, mais aussi le gouvernement russe si vous n’êtes
plus considéré comme un élément prometteur, les doutes, les certitudes, les
peurs, …. Tout ce qui assaille ces hommes (le milieu est essentiellement
masculin) et qu’a si bien su retranscrire l’auteur.
Et bien entendu, les questions de fond, suggérées avec
délicatesse, mais bien présentes :
- A quel
moment doit-on renoncer (dans une partie mais aussi dans sa vie) ?
- Quand
peut-on considérer qu’un champion est « fini » ? Ne reste-t-on pas champion
toute sa vie ?
- Quand
s’effacer devant les jeunes ?
- Que
transmettre de son « savoir », de son expérience et à quels moments ?
Un livre magnifique, tout en émotions et sensations
contenues, comme un hommage aux joueurs d’échecs petits ou grands ….
L’essentiel n’est-il pas de jouer pour le plaisir ? « ….pour
la première fois de ma vie, je réussissais à considérer les échecs comme quelque
chose de pas si sérieux. »
NB : Après le superbe « Joueur d’échecs » de Stefan Zweig,
écrire sur ce sujet n’était
pas facile. Ilf-Eddine a relevé le défi avec brio !!! On s’y
croirait, et je me pose la question de savoir s’il a fréquenté le milieu russe
pour aussi bien le décrire….
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