Dans la neige (Girl in Snow)
Auteur : Danya Kukafka
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Claude et Jean
Demanuelli
Éditions : Sonatine (7 Février 2019)
ISBN : 978-2355846649
360 pages
Quatrième de couverture
Dans cette petite ville du Colorado, on adore ou on déteste
Lucinda Hayes, mais elle ne laisse personne indifférent. Surtout pas Cameron,
qui passe son temps à l'épier, ni Jade, qui la jalouse terriblement. Encore
moins Russ, qui enquête sur sa mort brutale. On vient en effet de retrouver le
corps de Lucinda dans la neige.
Mon avis
Nous sommes en 2005, en plein hiver, à Broomsville, dans le
Colorado, une jeune lycéenne est décédée, découverte dans un parc près de chez
elle. Elle s’appelait Lucinda Hayes et tant dans son établissement scolaire que
dans son quartier, c’est la stupeur complète. Qu’a-t-il pu se passer ? La
mort n’est pas naturelle, qui et pourquoi ?
Ici, pas d’enquête où nous suivons les recherches de la
police ou le passé de l’adolescente pour comprendre. Nous nous trouvons face à
une construction originale où tour à tour sont mis en lumière : Cameron, Jade et Russ.
Cameron, un élève du même lycée qui admirait, espionnait, surveillait Lucinda. Un adolescent, dont les professeurs diraient, en conseil de classe, qu’il est « particulier ». Son attachement à Lucinda vire à l’obsession, il la dessine sans arrêt, passe une partie de ses soirées en mode « nuits-statues » debout, caché, à regarder les voisins vivre leur vie et il sait beaucoup de choses sur eux. Son mal-être l’empoisonne et l’empêche d’avoir des relations normales et simples. Est-il coupable, a-t-il des éléments sur le drame ?
Jade, est également scolarisée au même endroit. Sa petite sœur est très amie avec celle de Lucinda et les deux familles ont souvent réuni leur progéniture. Mais Jade ne s’est jamais sentie proche de Lucinda, c’est même presque le contraire. Une forme d’indifférence l’habite. D’ailleurs, pas de larmes lorsqu’elle apprend le décès. Elle a été très proche de l’ex petit copain de la morte. A-t-elle senti quelque chose, a-t-elle des éléments ? Et que cache ce détachement ?
Russ, le policier qu’on a appelé dès les premières minutes a des soucis dans sa vie privée. Il a été le coéquipier du père de Cameron qui a disparu (on apprendra pourquoi) et qui lui a confié son fils. Il vit avec Inès dont le frère, Ivan, a découvert le corps. Ce dernier, pas très clair aux yeux du policier, ferait un bon coupable….
Cameron, un élève du même lycée qui admirait, espionnait, surveillait Lucinda. Un adolescent, dont les professeurs diraient, en conseil de classe, qu’il est « particulier ». Son attachement à Lucinda vire à l’obsession, il la dessine sans arrêt, passe une partie de ses soirées en mode « nuits-statues » debout, caché, à regarder les voisins vivre leur vie et il sait beaucoup de choses sur eux. Son mal-être l’empoisonne et l’empêche d’avoir des relations normales et simples. Est-il coupable, a-t-il des éléments sur le drame ?
Jade, est également scolarisée au même endroit. Sa petite sœur est très amie avec celle de Lucinda et les deux familles ont souvent réuni leur progéniture. Mais Jade ne s’est jamais sentie proche de Lucinda, c’est même presque le contraire. Une forme d’indifférence l’habite. D’ailleurs, pas de larmes lorsqu’elle apprend le décès. Elle a été très proche de l’ex petit copain de la morte. A-t-elle senti quelque chose, a-t-elle des éléments ? Et que cache ce détachement ?
Russ, le policier qu’on a appelé dès les premières minutes a des soucis dans sa vie privée. Il a été le coéquipier du père de Cameron qui a disparu (on apprendra pourquoi) et qui lui a confié son fils. Il vit avec Inès dont le frère, Ivan, a découvert le corps. Ce dernier, pas très clair aux yeux du policier, ferait un bon coupable….
Sur quelques jours d’enquête, nous passons tour à tour de l’un
à l’autre, découvrant le côté obscur, la part d’ombre, de mystère, de ces individus.
Rien n’est laissé au hasard, ni leurs ressentis, ni leurs conversations, ni
leur passé qui apparaît petit à petit et qui nous dévoile des personnalités
complexes. Tout est dans cette approche psychologique, faite à petites touches,
à travers des chapitres qui présentent les relations que les uns et les autres
entretenaient, leurs écrits secrets, leur mode de vie….. Chacun se pose des
questions sur les autres.
« On s’active
tous à essayer de se comprendre et de comprendre les autres. Mais il y a des
moments où les petites bulles d’humanité que nous sommes entrent en collision. »
Il y a également les habitants du lieu avec leurs non-dits,
leur jalousie, leurs problèmes. On s’aperçoit vite de l’impact de la mort de la
jeune fille sur la communauté. L’ambiguïté des liens établis entre les gens du
coin instille une atmosphère lourde de silence, parfois presque étouffante.
Le rythme est plutôt lent, sans aucun doute à cause de l’articulation
des chapitres qui ne nous amène pas à suivre une intrigue avec des rebondissements
comme dans un polar plus classique. C’est vraiment le côté psychique qui est
privilégié et la complexité de l’esprit humain. Mais l’auteur s’en sort de main
de maître (alors qu’il s’agit de son premier récit). L’écriture est précise,
fouillée, addictive car le lecteur a le besoin de cerner plus précisément ceux
qui ont tous eu un lien avec la jeune Lucinda afin de connaître la vérité.
J’ai beaucoup apprécié cette lecture. Danya Kukafka a déjà un
style bien à elle, personnel et rempli de maturité.
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