Connemara Black
Auteur : Gérard Coquet
Éditions : Jigal (15 Février 2017)
ISBN : 979-1092016925
350 pages
Quatrième de couverture
La Connemara Black est une mouche artificielle permettant au
pêcheur de ne jamais rentrer bredouille... C'est également le nom d'un ancien
groupe armé de l'IRA, l'Armée Républicaine Irlandaise. Mais c'est aussi le
surnom donné aux filles vivant dans cette baie, à l'ouest de l'Irlande. Elles
sont souvent très belles mais plus revêches à apprivoiser qu'un poney des
tourbières. Ciara McMurphy en est une. Après un mariage raté, elle a fui la
région et s'est engagée dans la Garda, la police locale. Mais lorsqu'une série
de meurtres balaie la ville de Galway, c'est elle que le commissaire Grady
choisit d'envoyer sur ses terres natales afin de surveiller ce qui reste des
indépendantistes.
Mon avis
Pêche en eau trouble, tâches de rousseur, Guinness et …….
Connemara Black c’est le nom d’une mouche pour la pêche
(celle qui est en photo sur la couverture) mais également le nom d’un ancien
groupe de l’IRA et aussi (page 112) une façon de parler de Ciara McMurphy.
Elle, c’est une irlandaise jusqu’au bout des ongles, belle comme un feu de la
Saint Jean , plus têtue qu’une ânesse, rebelle, n’ayant pas la langue dans sa
poche. Son mariage a été une catastrophe, alors elle s’est engagée dans La
Garda, comme lieutenant, et officie dans la ville de Galway.
Suite à des assassinats pour le moins bizarres, ses
supérieurs l’envoient en mission dans sa région natale. Là bas, vit un homme
qui a été en contact avec certaines des victimes. Il va falloir jouer serré,
surveiller et essayer d’en savoir plus.
Présentée comme cela, l’intrigue semble assez simpliste mais il n’en est
rien. Mêlant guerre de clans et conflits religieux, magie noire, mythologie
celtique, l’auteur nous emmène dans des coins d’Irlande où les hommes sont
droits dans leurs bottes, prêts à tout pour ne pas perdre la face. Les
policiers du cru ont décidé qu’ils ne feraient rien, ni dans un sens, ni dans
un autre, pour Ciara. Elle se retrouve là-bas, où son père avait mauvaise
réputation et où personne n’a envie qu’elle pointe son nez, même s’il est
parsemé de taches de rousseur…. Rien ne
sera aisé pour elle, et si elle va
rencontrer des vivants, elle sera également hantée par les morts et que dire
des fantômes ?
L’Irlande est un de mes pays préférés. J’aime ses landes
désertiques, ses mélodies, ses lacs, ses moutons, sa tourbe (surtout son odeur
lorsqu’elle brûle), ses habitants qui paraissent farouches mais qui, une fois
qu’ils vous ont adoptés, sont prêts à tout pour vous rendre service. J’ai
retrouvé cette atmosphère sous la plume de Gérard Coquet, je sentais, j’observais,
j’entendais (me branchant sur You Tube à chaque titre évoqué) je m’imprégnais
du décor et il me semblait voir les protagonistes évoluer sous mes yeux. De
plus, l’auteur a un humour qui permet de reprendre son souffle entre deux
situations tendues :
« Des histoires d’amour aussi fades que des brocolis
bouillis » (ce n’est pas fade, c’est beuurkkk…. ;-)
« L’échalas galonné, avec son pif bouché et son club de
golf dans le rectum… »
Ce livre a comblé la lectrice avide de connaissances que je
suis. Les explications mythologiques, historiques (même un peu survolées),
mathématiques (lorsque le collègue de McMurphy , Bryan Doyle présente «
Logiques et Théories des ensembles » pour faire avancer l’enquête), ou les
tableaux de Hieronymus Bosch (qui m’ont fait penser à la série de Harry Bosh,
grâce à laquelle j’ai découvert cet artiste), autant de sujets parfaitement
intégrés au contenu, bien choisis, et qui deviennent indispensables pour
comprendre.
Quant aux différents personnages, hauts en couleurs, ils
sont souvent coriaces, entêtés, parfois obtus, mais attachants, enfin presque
tous. La plupart ont une faille, une blessure secrète (qu’il essaient de cacher
ou d’oublier) et cela les rend terriblement humains. Je donnerai une mention
très bien à Bryan, il m’a paru très au fait de plein de choses mais comme il a
parfois du mal à s’exprimer (il faut dire que Chiara n’est pas la reine de
l’écoute ; elle, il faut que ça brasse, que ça avance et elle a une fâcheuse
tendance à brailler ), et surtout à aller droit au but, et bien, ça donne des
dialogues savoureux (surtout quand sa chef le fait rougir avec quelques
allusions salaces). Chiara, elle, est une femme qui a souffert mais qui ne veut
pas que ça se sache donc elle se campe sur ses jambes, et avec un langage que ne
renierait pas un « mâle, un vrai », elle ne s’en laisse pas compter. Et puis,
pour un chat, elle baisse sa garde et montre un peu de sa fragilité bien cachée
sous sa carapace.
L’eau n’est pas toujours claire, la pluie et la boue
s’invitent souvent, les hommes se rendent coup pour coup, le sang coule presque
autant que la bière, mais crévindieu que l’écriture et le style sont addictifs.
Râpeux comme une Guinness, rythmés comme une tempête en mer d’Erin, et
envoûtants comme une ballade irlandaise….. D’ailleurs, ça et là, quelques
références musicales de qualité, des artistes ou de belles complaintes
irlandaises : Sharon Shannon, The Fields of Athenry …. Et on peut penser que
ces choix ne sont pas anodins….. Merci Monsieur Coquet pour le voyage ! Je
serai bien restée un peu plus ……
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